mardi 6 décembre 2016

Equateur J 6. Peguche El Chaupi.

Nous prenons le petit déjeuner en compagnie des filles de Dina Maria que nous avons seulement croisée ce matin, Karen et Huaïta qui commence à l’université plus tard que prévu.
Elles se tressent mutuellement les cheveux en une belle natte, et la plus jeune  attend avec nous, le bus qui arrive au petit pont à 8h 30. Après les adieux, nous prenons la route, pour Peguche, le village des artisans tisserands et de la cascade.
La ville se révèle intéressante. Dans une maison /magasin, nous avons droit à des explications sur les différentes opérations avant tissage.
Il fallait d’abord carder les fibres avec des chardons montés sur un manche en bois, puis avec deux planches cloutées telles qu’il en existait chez nous.
Nous tâtons la laine de mouton, la toison de l’alpaga, un camélidé, et le summum de la douceur : le petit alpaga. Après filage au fuseau, pour la couleur, uniquement végétale, notre démonstratrice juxtapose matériaux et résultat de la coloration.
La teinture provient de noix, d’une plante qu’on a pu observer, dont on a oublié le nom, qui produit un vert anis surprenant et la cochenille qui envahit les raquettes des figuiers de Barbarie. Ce parasite écrasé donne le rouge. Quand on lui rajoute du citron, le rouge devient orange et si l’on mélange du bicarbonate, la couleur vire au violet.
Un jeune homme à chapeau met en marche un métier à tisser tandis que la démonstratrice s’installe à un métier ancestral. Assise par terre, les pieds butés contre une pierre, les reins ceints d’une ceinture brodée reliée au métier, elle trie les fils, passe la navette, tasse avec énergie et choisit à nouveau ses fils : un sacré travail que seules deux personnes perpétuent encore.
Nous traînons dans le magasin sur plusieurs étages et farfouillons parmi les foulards, les pulls, les sacs, les marionnettes à doigts…
Un des fils de la maison, Alexis, nous guide vers la cascade de Peguche. Elle se trouve dans une forêt d’eucalyptus et se termine en piscine pour bains rituels.
Nous suivons le sentier balisé qui accède à la cascade, l’endroit est bien aménagé avec petit pont pour observer à partir des deux rives et cabane pour bien profiter du panorama.
Il commence à pleuvoir,  nous prenons la direction du Sud, plus ou moins somnolents sur une portion que nous connaissons déjà.
Nous mangeons en bord de route, dans un restau à grillades, où nous commençons par un bouillon de poulet. Les assiettes de steaks, riz, lentilles sont bien pleines et les prix vraiment modérés (5, 50$+2$ la bière).
Nous continuons sur la route Panaméricaine qui traverse le continent de l’Alaska à la Terre de feu, que nous traversons à pieds quelque peu imprudemment pour admirer l’étendue de Quito depuis un belvédère.
La route se poursuit en direction de Latacunga et Lasso. Puis nous bifurquons pour joindre une ancienne hacienda du XVIII° siècle : l’hacienda La Ciénaga. Juste avant d’atteindre la grille d’entrée, un immense eucalyptus s’abat sur la route devant nous. Mais ce n’est pas un accident : nous assistons à son débitage à la tronçonneuse et à l’ébarbage des branches par les cantonniers qui dégagent rapidement un passage pour les motos et les autos.
Une forte odeur flotte dans l’air, les fruits, les fleurs, des feuilles, des branches, des écorces jonchent le sol, nous faisons une petite récolte pour parfumer le bus. Nous remontons dans le véhicule et franchissons la grille.
Nous longeons la majestueuse allée qui nous conduit à l’hacienda, vieille demeure d’une vieille famille transformée en hôtel. Nous sommes autorisés à nous y promener.
Une chapelle  a été érigée dans ce bel ensemble au charme un peu désuet : deux portes en bois sculpté datant de 1580 s’ouvrent vers l’intérieur. On peut voir un très joli retable avec sculptures naïves, dans une tribune une vitrine contient des chasubles brodées.
Nous déambulons d’abord près des communs où nous achetons des cartes dans un magasin de souvenirs puis dans les galeries aménagées en salon de lecture où une douce chaleur nous accueille. Ces galeries couvertes encadrent un jardin intérieur doté d’une fontaine centrale, fleuri de géraniums et d’arums.
De vieilles photos révèlent le côté colonial du lieu. Nous nous offrons un chocolat chaud ou un thé au bar avec nappes blanches serviettes en tissu bleu et serveur en blanc et noir, sans nous ruiner.
Après cette halte dans l’histoire et dans le confort nous roulons vers El Chaupi, village montagnard où nous allons coucher dans une auberge sommaire. Les chambres à peine investies, nous fonçons profiter de la fin du jour.
Bien nous en a pris, le coucher de soleil est somptueux, les lumières jouent dans les nuages.  Comme le fond de l’air est frais, El Chaupi by night est vite fait. Avant le repas, la douche réserve des surprises, brûlante pour certains, glaciale pour d’autres. Nous nous réchauffons dans la salle à manger près du poêle dans une ambiance de chalet savoyard. La nourriture est là aussi abondante : soupe, poulet, riz légumes al dente et surprise : crêpes. Un salon nous accueille pour lire et écrire avant de se chercher un peu de chaleur dans nos lits. Nous sommes essoufflés, normal, nous créchons à 3400m !

1 commentaire:

  1. Tu me donnes vraiment envie de connaître ce pays. Merci pour cette chronique, et merci à ta femme pour ses rédactions.
    Des amis issus de canuts à Lyon m'informent que les derniers qui maîtrisent l'art si complexe du tissage, avec ses multiples métiers qui employaient beaucoup de monde, s'éteignent sans relève...

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