J’aime le chanteur, j’ai aimé l’écrivain à l’écriture
originale en accord avec son récit et son être chaleureux trouvant sa voie
entre deux cultures qu’il fait bon de voir aimer.
J’ai pensé au « Gône de Chaaba » d'Azouz Begag plus tourné vers
l’enfance mais également enchanteur et aussi aux « Ritals » de Cavana
pour l’amour de la langue et des « gens de peu » En évoquant sa
réussite au bac qui avait alors dans les années 80 une valeur, démultipliée
pour lui, premier lauréat des quartiers nord de Toulouse, je me demande quelle
serait la tonalité d’un témoignage qui dirait les années 2010 depuis la Villeneuve par exemple
avec une sincérité et une force égale ? Je ne sais si la France se montre
aujourd’hui aussi désirable, aussi sûre de ses valeurs et ce n’est pas qu’une
affaire de politiques que certains à l’occasion de la sortie de ce livre ont
mécaniquement mis en cause, comme d’habitude. L’école n’était pas écrasée tous
les quatre matins, elle ne s’écrasait pas.
Le « guéri imaginaire » comme il se
nomme, a subi la violence qu’il me coûte
de qualifier de « classique » de la part de ses pairs du quartier à
l’encontre des élèves qui travaillent.
L’amour de sa mère et son exigence l’ont protégé,
« élevé » ; ce mot trop rare est si beau.
La scène où il s’approche d’elle après sa
réussite m’a bouleversé, comme me fait chavirer, à chaque fois, le père, dans « La gloire de mon père », lorsqu'il s’aperçoit que son fils sait lire.
« Enfin
après ce marathon de sueur de quelques deux cents cinquante mètres, je
m’enfonçais sous les aisselles de l’amour. C’est là bien au chaud que je l’ai
entendue pour la première fois me dire en français :
- Mon
chéri (avec son r roulé) »
Les critiques systématiques des pères alors
moustachus vis-à-vis de leur pays d’origine vers lequel ils retournent chaque
été prêtent à sourire : ils sont bien du même bois râleur que ceux de la
tribu gauloise d’à côté.
A l’injonction impossible : « Sois français, mais ne le deviens pas... » il répond par ces 260
pages drôles, brassant toutes les contradictions, entrant dans la complexité,
sans renier la Kabylie
de ses parents, ni refuser les mots de la langue française venus de chez Léo
Ferré ou Maupassant sur fond de musiques
de Claude François.
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