Il ne suffit pas que d’un croissant de lune accroché devant
Ar-Men du nom d’un phare breton pour
former le mot Carmen et faire poétique.
La saison à la
MC2 commence à petits pas, à petit bruit, petit bras.
Ce spectacle qui joue sur les effets appuyés et les masques
grotesques conviendrait davantage aux places ensoleillées de l’été pour
passants indulgents qu’à la grande salle habituée à des pièces plus exigeantes,
plus inventives.
Là le bateleur n’entraîne rien, la musique dont on a regretté
souvent qu’elle soit trop forte en ces lieux, manque ici d’ampleur.
Nous sommes loin de l’Espagne de Bizet et si le lieu est
plus marin, Ar-Men oblige, pourquoi pas ?
Les intermèdes vidéo bien vus où des moules jouent de la contrebasse,
les crabes de la trompette et les crevettes du violon, dévorent les scènes où
les marionnettes sont animées à vue.
Le scaphandrier fait de bulles et un lit devient une prison,
des parasols tournicotent et un bateau gonflable vient faire un tour, et une
planche à voile, et un kayak, mais sans rythme. Quand le texte vient c’est
souvent lourd, on se fiche de l’histoire, guettant un truc ; le seul
moment ou j’ai souri c’est lorsque les sur-titreurs se mélangent les panneaux et
ça se termine par un ballet de poussettes : ils se marièrent et eurent
beaucoup de bébés.
Alors on se dit que cela pourrait bien convenir à des
enfants, mais j’ai vu d’autres spectacles pour les petits autrement plus poétiques, drôles et enlevés.
« L'amour est
enfant de bohème
Il n'a jamais, jamais,
connu de loi »
Dans cette heure vingt qui aurait mieux tenu avec vingt
minutes de moins, il n’y avait pas de loi certes, mais pas d’amour non plus,
pas d’enjeu.
Ni la paresse ni la discrétion ne conviennent aux loufoqueries
et le théâtre d’objets peut sembler fadasse, maintenant que tous les sculpteurs
se sont mis à assembler selle de vélo et guidon pour refaire le taureau de
Picasso.
La planche à repasser devient un peu plate pour entrer dans
l’arène.
Plusieurs fois nous avons vu des spectacles de cette compagnie (originaire de Lyon) : Aurillac, Avignon, théâtre de la cité internationale, etc.
RépondreSupprimerChaque fois nous avions beaucoup aimé...
Un spectacle loupé cela peu exister !
Bien à toi
René Durand