Nous descendons peu à peu en altitude.
Le minibus
stoppe à un point de vue sur un lac surmonté par un volcan à la forme typique.
Nous embarquons une jeune femme en costume traditionnel avec son fils dans le dos, en roulant elle nous interprète « a cappella » deux chansons indiennes. Après nous avoir proposé sans insister des étoffes colorées, elle nous quitte pour revenir à son point de départ.
Nous arrivons à Santa Barbara (2580 m), stoppons à
un croisement face à l’école et à l’arrêt de bus.
Sur les lignes électriques
des plantes épiphytes ont poussé.
Nous sommes dispatchés pour le reste de la soirée,
dans trois familles différentes.
Les habitués de l’Amérique du Sud descendent en
premier puis nos franco-américains dont nous avons admiré le charmant logement
qui leur est réservé.
Le nôtre est bien sympa aussi, répondant à un cahier des
charges commun car la même plaque figure sur la maison à la façon des Gîtes de
France : « Pachamama Turismo Rural Comunitario Runa Tupari ».
Les matériaux et le style sont identiques.
Une jeune fille nous accueille. Nous nous
installons, puis elle nous fait découvrir les trois chiens dont une Laïca du
nom d’une chienne que nous avons bien connue, les cuys (cochon d’Inde) et les
lapins.
Elle nous propose de l’accompagner : nous allons couper de l’herbe
pour les bêtes, en longeant des champs nous sommes étonnés par les piquets sur
lesquels poussent des feuilles. Elle ne
parlant ni l’anglais ni le français, nous ne parlant ni le quichua ni
l’espagnol, nous essayons de communiquer avec la jeune fille douce et
patiente.
Après avoir croisé des gamins à nattes jouant au
foot et des filles essayant un cerf volant, nous rentrons à la maison.
Je
commence à écrire, Guy à lire. Puis peu
après c’est la « Mamie » (maman) qui vient nous inviter à chercher sa
vache et un grand veau que nous menons à la corde.
Le mâle est attaché dans une parcelle de terre
retournée et la vache entravée à un arbre près de la maison.
Une fois les
pattes arrière ficelées, la mamie plus jeune que moi, lui amène un veau à
nourrir mais le retire bien vite pour recueillir le lait qu’elle va vendre à
deux clients habitués qui patientent. Elle propose à Guy d’essayer de traire ce
qu’il fait efficacement mais la baca est particulièrement difficile selon la
patronne.
Il peut imaginer ce que dirait sa mère :
« 10 000 km pour venir traire une vache ! »
Après il faut nourrir les chiens avec du petit lait
qu’ils lapent avec avidité, tout en donnant quelques coups de langue au bon
lait « bourru », jeter du grain aux poules qu’elle appelle par un gentil petit cri, enfin fournir l’herbe dans
chaque clapier aveugle.
Elle nous fait signe de la suivre sur le toit pour
ramasser le linge sec et le mettre à l’abri de l’humidité nocturne.
Elle enfile un tablier sur ses habits
traditionnels, pas tachés par les travaux précédents de même que ses
espadrilles impeccables, et en tend un à Guy. Les voilà tous les deux à préparer
le repas : soupe de maïs, semblable à de la polenta en plus liquide et du
quinoa mélangé à des morceaux de poulets de courgettes et de poivrons.
Elle
donne des instructions avec naturel et humour, lui fait des reproches sur les
morceaux trop gros, sur le mouvement trop rapide pour remuer la soupe. Comme
boisson nous nous régalons de jus de fruits (framboise) avec ou sans sucre. Au
moment du repas la fille et la mère jouent avec les lumières de la cuisine tout
en surveillant la maison de l’autre côté du champ. Nous ne comprenons pas tout.
Nous nous mettons à table à l’heure annoncée : 7h 30, et tandis que nous
attaquons la soupe dans laquelle nous glissons un morceau de fromage maison et
des grains de maïs grillés, arrive un jeune homme de 21 ans chapeau vissé sur
sa tête nattée : sans doute un cousin qui baragouine l’anglais aussi mal
que nous. Plus tard arrive le « papi », « le père de ma
fille », chapeau noir inamovible et natte. Il est adorable comme sa femme,
et les regards qu’ils se lancent d’un bout à l’autre de la table sont plein
d’amour et de connivence. On arrive à partager une soirée chaleureuse dans une
famille unie, de culture différente et pourtant si proche. Papi Ernesto rentre
de Quito où il construit des maisons, mais sa situation est hautement précaire.
Nous les laissons se retrouver et allons nous coucher sous un concert
d’aboiements proches et lointains.
Joli récit qui fait chaud au coeur.
RépondreSupprimerComme ça, tu sais traire des vaches. Bravo !
Fils de paysan, j'en avais honte quand je suis allé au collège où le "pagu" était le bougnoule de l'époque. Maintenant j'en suis d'autant plus fier.
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