Je m’attendais à un pamphlet, comme je les aime, vachard et
anti-conformiste.
Il s’agit d’un livre de réflexions philosophiques qui m’ont parfois
dépassé, pas toujours aussi percutantes
que cette formule d’Hegel qui pourrait s’appliquer aux « marches
blanches » :
« La confluence
silencieuse des entités apathiques de la vie volatilisée ».
L’introduction est appétissante qui distingue la mansuétude comme
vertu individuelle du « care » en politique et différencie : penser
et sentir, concevoir et vivre.
« Si nous
voulons que le mot citoyen garde le sens qu’il a pris depuis les théories du
contrat social, il nous en faut finir avec la bienveillance, la compassion et
le moralisme, et revenir aux conditions strictes de contrat politique »
La naïveté et la gentillesse ne combattent efficacement ni
les fondamentalisme religieux ni le populisme.
Ne les serviraient-elles pas ?
Pour m’être beaucoup réchauffé au club des « Bisounours »,
dont mon tour de taille porte trace et comme chez tout repenti, je développe en ce moment un agacement certain
à l’égard de cette fratrie.
Le mot « bienveillance » a envahi le domaine
pédagogique avec tout ce que l’excès de son usage entraîne de mépris à l’égard
de ceux qui sont en difficulté, en renonçant donc à les considérer comme
acteurs de leurs progrès.
« L’égalité est
un principe de constitution démocratique, pas un droit démagogique à la
consommation de services pendant que se reproduisent en réalité les castes
oligarchiques. »
La fraternité :
« Elle doit se voir
substituer la solidarité, celle-ci impliquant que les citoyens soient
solidaires non seulement pour partager les bénéfices mais aussi les sacrifices
et tout ce qui requiert la protection de
la communauté. Ce qui signifie une fiscalité simple, allégée, unifiée, juste,
strictement et constamment progressive, en lieu et place d’un système fiscal
comme l’actuel où taxes, contributions spéciales et temporaires, exemptions,
détaxations en tous genres brouillent toute lisibilité et incitent les
fraudeurs fortunés à bénéficier au mieux de la complexité du système à l’aide
de montages d’ingénierie financière. »
Bien des désillusions, des apathies présentes ne se
résoudraient-elles pas avec une telle réforme ?
Ces 180 pages se situent au dessus des bavardages à propos
du « revenu universel » et des vains cadeaux électoraux. Un tel
ouvrage qui parle haut, contient dans son constat qui échappe au politiquement
édulcoré, des éléments exigeants permettant de remettre sur l’établi, les mots
qui nous éloignent des pleurnicheries : liberté, égalité, fraternité,
laïcité.
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