« Ce qui leur
faudrait c’est une bonne guerre ! »
Cette archaïque réplique m’est revenue en mémoire quand je commençais
à énumérer quelques informations décourageantes qui finissent par peser sur
tout habitant de nos zones riches.
Cette mémoire s’esquinte pour moi en ce moment autour de
tombes s’ouvrant à proximité, alors que je me surveille pour ne pas exprimer à
tout bout de champ que « c’était mieux avant ».
Au cours d’une journée, en beau bobo qui a abusé de bien des
jeux avec les mots, choisir ses maux :
se réveiller après un sommeil trop court comme tant de mes
concitoyens, se doucher en pensant que la pénurie d’eau devient un problème
majeur dans le monde.
Enchainer avec un trop plein de sucre sur tartine saturée de
gluten en écoutant la radio :
« Yémen, Rohingyas, Chrétiens au Pakistan, Balkany,
Cahuzac, Thévenou, sur fond de ricanements en cascade… Et le sang à Bruxelles,
Bamako, Grand-Bassam, Homs, Bagdad … Boko Haram, Shebab, Al-Qaïda et E.I.
… »
Sur Facebook, la laïcité perd des plumes, et dans
les pages de mon journal papier qui a sacrifié quelques arbres se détaillent
d’autres horreurs, d’autres lâchetés, d’autres reniements, d’autres faits
divers qui ne divertissent plus guère.
A activer mon blog, je participe à
« la consommation
énergétique liée au web qui atteindrait, en 2030, l'équivalent de la
consommation énergétique mondiale de 2008, tous secteurs confondus ! »
Croissance chaude.
Faut-il redonner des graines aux mésanges qui deviendraient
dépendantes ?
Les cigognes auraient tendance à ne plus migrer alors que les
migrants se cognent à nos barbelés.
Des mots se perdent entre les murs des écoles :
travail, respect.
Plus personne n’a envie d’enseigner, de soigner, ni de
conduire des trains.
Nos légumes sont riches en intrants, les canards sont pris
en grippe, le vin part en vrille, cochon qui s’en dédit et le lait de vache est
toxique dit-on.
Nos déchets deviennent envahissants.
Ma voiture lâche ses particules et j’écoute des musiques de
fantômes.
Ce soir ne sera pas un moment d’innocence devant des joueurs
surpayés, des athlètes dopés, des matchs truqués, à la lumière de stades qui
pourraient éclairer combien de chambres de ces étudiants qui viennent lire sous
les réverbères de pays où l’école est encore désirable.
Dans les contrées où tremble la terre, pas besoin de calmer
d’hypocondriaques recensions, alors que j’aime
pourtant remarquer que mes compatriotes, pessimistes incorrigibles, exagèrent.
Lorsque je regarde mes petits enfants et leur appétit, leur
confiance, leur potentiel de mémoire, de finesse, renaît un sourire qui aurait
tendance à s’affaisser.
Alors la poésie :
« Ne dites pas :
la vie est un joyeux festin ;
Ou c'est d'un esprit sot ou c'est d'une âme basse.
Surtout ne dites point : elle est malheur sans fin ;
C'est d'un mauvais courage et qui trop tôt se lasse.
Riez comme au printemps s'agitent les rameaux,
Pleurez comme la bise ou le flot sur la grève,
Goûtez tous les plaisirs et souffrez tous les maux ;
Et dites : c'est beaucoup et c'est l'ombre d'un rêve. » Jean Moréas.
Ou c'est d'un esprit sot ou c'est d'une âme basse.
Surtout ne dites point : elle est malheur sans fin ;
C'est d'un mauvais courage et qui trop tôt se lasse.
Riez comme au printemps s'agitent les rameaux,
Pleurez comme la bise ou le flot sur la grève,
Goûtez tous les plaisirs et souffrez tous les maux ;
Et dites : c'est beaucoup et c'est l'ombre d'un rêve. » Jean Moréas.
Et l’humour: une histoire racontée par Orsten Groom http://www.carnetdart.com/orsten-groom
:
« Celle du juif
qui fuit les pogroms, les guerres et les occupations depuis les confins de la
Sibérie pour la Pologne, l’Allemagne et enfin la France. Là il se rue dans une
agence de voyage et réclame un billet.
« Pour où
? », lui demande la femme de l’agence.
« N’importe où, loin et vite ».
« Je ne peux pas décider pour vous. Prenez ce globe terrestre, faites votre choix ».
Le type le tourne, le tourne, et finalement demande:
« N’importe où, loin et vite ».
« Je ne peux pas décider pour vous. Prenez ce globe terrestre, faites votre choix ».
Le type le tourne, le tourne, et finalement demande:
« Vous n’en
auriez pas un autre ? ».
……
La photographie en tête de l’article est de Kristoffer
Eliassen parue dans Courrier international ainsi que le dessin ci dessous du
Journal Belge « Le Soir ».
De toute façon, Guy, on va retrousser les manches, se mettre au travail, et continuer, en essayant de ne pas trop chouiner parce qu'on est déçu de la faillite de nos idéaux, hein ?
RépondreSupprimerC'est ça, la vie.
Et le printemps est beau, n'est-ce pas ?
Les journées s'allongent, les mésanges viennent picorer les graines de tournesols pour nourrir leurs couvées.
Il ne faut pas trop écouter les gens qui s'obstinent à... gâcher notre plaisir du matin au soir.
Mais... je tiens à mon pessimisme structural. Pessimisme pour l'Homme comme animal. Mais... quand le bateau coulera, je vais sombrer avec, en chantant...
C'est ça, la vraie noblesse.
Bon courage à toi. Seneque aussi est passé par là. Tu es en bonne compagnie.
Le soupçon s'étend aux coureurs cyclistes: ils cacheraient des petits moteurs électriques dans le cadre de leurs vélos... il n'y a décidément plus rien qui tienne, et même... "Nuit debout" rime avec "on s'en fout"...
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