Pour répondre à cette question de la troisième conférence
concernant le mouvement dans l’art, l’intervenant
devant les amis du musée de Grenoble projette un extrait du film « Dans la peau de John Malkovich ».
Une marionnette en bois au bout de ses
fils, connait le désespoir en se regardant dans un miroir, et lorsqu’elle
croise le regard de son créateur, elle peut se demander à qui s’adressent les bravos.
Le poète allemand Kleist
dans son « Essai sur le théâtre des
marionnettes » a
mis en scène un danseur face à des « fantoches » innocents et
spontanés, pour qu’il apprenne à perdre sa vanité.
Les moteurs ont remplacé les doigts des marionnettistes, déjà le beau canard de cuivre de notre
Vaucanson
mangeait et digérait.
Thierry Dufrêne par ailleurs commissaire de l’exposition « Persona »
au musée des Arts Premiers a incité le public à venir quai Branly à Paris où est
exploré dans les civilisations les plus diverses, la question : « comment un objet accède à un statut
de personne » ?
L’automate de Stan Wannet, n’a pas de tête, c’est
qu’il est en cours de construction.
La réinterprétation par l’ingénieur et artiste hollandais de
l’escamoteur de Bosch peut surprendre comme les oiseaux de Zwanikken,
mêlant l’organique et l’artificiel, imitant « Le bon la brute et le truand ».
La frontière entre art majeur et populaire est de plus en
plus ténue, dans ce domaine en particulier, depuis les statues de marbre inertes
aux œuvres mécaniques en métal ou en bois. Giacometti trouvait plus facilement des regards dans les
statues du monde que dans les yeux blancs des bords de la Mer Egée.
Tinguely achetait des
tableaux mécaniques au musée des arts
forains avec ses musiques entrainantes dont un aperçu incite aussi à la visite et rappelle l’importance du
son dans les œuvres d’aujourd’hui. Il avait propulsé à une échelle monumentale
une esthétique de l’abstraction, fait rouler Kandinsky :
« L'unique chose
stable c'est le mouvement, partout et toujours. »
Et Calder, lui, disait : « Je voudrais faire des Mondrian qui bougent ».
Chris Burden a frôlé la mort à
plusieurs reprises, il s’était fait tirer dessus.
Ses machines volantes étaient
des rouleaux compresseurs « The Flying Steamroller », et des maquettes de bateaux tournant autour de la tour Eiffel.
Pour ce qui concerne, l’art savant : sous la toile
blanche sensuelle de Norio Imai un objet se devine qui pousse. « White
Event IV »
Les traces de ratissages dans le sable comme celui d’un
jardin sec à la japonaise sont effacées dans le même mouvement. Elle renouvelle dans « Foyer (« Home ») le thème des natures mortes sous des
éclairages variables en les enfermant derrière des limites qui à la fois dénoncent
la place exclusive des femmes à la cuisine, alors que d’autres aimeraient
accéder à ces nourritures.
Le terme mímêsis venu de
chez Aristote définit l'œuvre d'art comme une imitation du monde alors dans le
sombre musée des arts premiers, propice à la survie des âmes, les robots vont-ils
devenir nos fétiches contemporains parmi
d’autres fétiches ? Heureusement la
mythologie grecque est toujours pleine de richesses pour nous ressourcer,
remonter à nos recherches artistiques tellement humaines, par exemple lorsque « Pygmalion » épouse
sa statue. Mais « L’inquiétante étrangeté » se retrouve même
chez le guilleret Offenbach: dans ses contes, Hoffmann s’est laissé
aveugler : Olympia est une poupée !
Un robot à chapeau melon nommé « Berenson » du
nom d’un historien de l’art se promène dans l’exposition parisienne, il est né
d’un anthropologue et d’un ingénieur, on lui apprend à aimer les œuvres, alors
il met sa bouche en cœur en une admiration statistique il suit les
appréciations du public.
Hiroshi Ishiguro apprend à répondre
à ses robots dont une dernière version est comme son double recouvert de latex,
pour lequel il est question qu’il assure des conférences à la place du
concepteur : là nous entrons dans la vallée de l’étrange.
« Lorsque l’objet se met
à ressembler trop à l’un d’entre nous, il devient au mieux bizarre au pire
totalement effrayant. Si l’on reporte ces observations sur une courbe, on verra
celle-ci grimper au fur et à mesure que le degré d'humanité de l’objet
augmente. Jusqu’au moment ou la courbe atteint son apogée avant de s’effondrer.
C’est ce trou dans le graphe qui constitue la “vallée de l’étrange”. »
Je partage les avis de mes amis PMO sur les connivences entre art moderne et idéologie scientifique.
RépondreSupprimerLes artistes de l'avant garde, pour nous faire approuver cette nouvelle forme... d'aliénation ?
Toutes les aliénations se valent-elles, en sachant que la conscience (de soi) est probablement à l'origine du phénomène de l'aliénation, ou... le sentiment d'aliénation ?
Pour ma part, je ne crois pas, et je n'ai pas peur de passer pour intégriste dans mon allergie envers ce que nous sommes invités à admirer, et en tous les cas tolérer afin d'être un bon moderne...