Concert et danse: treize musiciens, danseurs, chanteurs, un
contre-ténor, Bach à la senza, les épaules roulent, Monterverdi au balafon, « J’ai perdu mon Euridice » de
Gluck, les genoux tremblent, « To Be
Young, Gifted and Black » de Nina Simone, Haendel à la guitare, Vivaldi aux percussions,
les arrières trains ont de l’entrain, les mains battent.
Serge Kakudji, le tout jeune soliste a une voix émouvante et
un bassin qui ondule furieusement, il fait le lien entre les musiques baroques
et les rythmes yéyé congolais sous les ordres du chef Rodriguez Vangama muni
d’une guitare à deux manches aux sonorités jazz et rock.
Le mélange, le métissage sont souvent revendiqués, mais rarement
réussis à ce point, ils s’enrichissent
mutuellement.
En deuxième partie, les artistes reviennent sapés comme
à Kinshasa, ville de la SAPE (Société des Ambianceurs
et Personnes Elégantes) avec des couleurs éclatantes aux accords décalés, des
assemblages de vêtements inédits, en dandys drôles et entrainants.
Ce soir, je suis revenu quarante ans en arrière, quand dans
le quartier Mozart de Douala des airs de rumba s’élevaient des
« maquis » (restaurants boite
de nuits).
Aujourd’hui l’actualité violente recouvre d’un voile noir le
continent noir.
De la joie de vivre, de la complicité, de la vitalité,
viennent de nous être données pendant près de deux heures, pied au plancher.
Le décor constitué de rideaux qui bruissent, évoque les étés
d’antan chez nous, il a été réalisé par Freddy Tsimba, un
plasticien, avec des douilles de munitions qui
abondent là bas.
Platel qui a coordonné ces énergies, au bout d’un long
processus, livre ses intentions :
« J’ai
aujourd’hui la conviction que l’on peut se rebeller, faire preuve de
subversion, non pas en racontant l’objet de sa rébellion, mais en rendant
compte d’une joie de vivre qui résiste à la misère et qui semble nous faire
défaut ici, en Europe. »
Peu importe que nous n’ayons pas compris le titre,
nous avons vibré de toutes nos membranes.
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