Chaque semaine, j’essaye de partager des moments de musique,
de théâtre, mais les spectacles de Bartabas me semblent appartenir à des lieux
situés au-delà.
Ils posent la question de notre humanité, de notre animalité,
à chaque fois, magnifiquement.
Depuis le temps que je le retrouve, mon inconditionnalité
envers l’homme en colère ne fait que s’affermir.
Pourtant aux yeux des amis qui m’ont signalé que sa troupe
passait dans les parages, ce spectacle manquait de cohérence, de liant.
Alors que j’y ai vu, comme dans la vie, la juxtaposition des
traditions du cirque et d’un projet poétique grandiose, entre burlesque et
tragédie, tellement politique, quand il est question de liberté et de dressage,
avec Bach et Tom Waits sous le chapiteau.
Un cheval aux couleurs de lune galope seul, débarrassé de
son licol, et un ange pathétique essaye de générer de pauvres nuages. La
sincérité et l’engagement, un sourire, la vitalité.
« Elégies » précise le titre : ce sont des
poèmes autour de la mort. J’en ignorai le sens, soumis au mouvement d’une
culture qui perd tant de plumes.
Nous ne pleurons pas le prix de nos billets : une
soixantaine de personnes nous ont offert une fête magnifique et chaleureuse,
réglée au millimètre, qui avait planté ses tentes et garé ses roulottes dans le
parc de Parilly à Bron.
Des anges aux ailes froissées, voltigent au dessus des
croupes sublimes, arrachent aux dindons un glougloutement unanime, soulèvent un
poney trottinant devant un chariot volubile. Ils ont rencontré des fantômes
inquiétants et beaux sur leurs raides échasses, fragiles, toujours sur un fil ;
nous les aimons. Etourdissants dans les cavalcades, tendus et forts quand les
chevaux se couchent, légers quand ils dansent parmi les fumées, les bulles, la
fausse neige et la vraie poésie.
Ils nous amusent, ce sont des rêves. Un cheval aux puissants
paturons passe pour égaliser le sable de la piste.
Me revient un adage de mon grand père :
« Balzane un :
cheval de huns, balzane deux : cheval de gueux, balzane trois :
cheval de roi, balzane quatre : cheval à abattre »
J’ai vu un magnifique cheval avec le bas de ses quatre pattes blanc, nullement abattu et
tant d’autres superbes, une mule blanche et un âne et un grand gars en long
manteau, unique, pour lequel je me précipiterai lors d’une prochaine création.
……….
Je reprends mes chroniques le lundi 31 août. Bons juillet
/août.
Très bien écrit, Guy. Merci.
RépondreSupprimerEt en plus, ça donne envie.
Bon été.