J’avais beaucoup aimé « La Bataille », prix
Goncourt en 1997, et me suis régalé avec le dernier de la trilogie impériale,
quand Napoléon part à l’Ile d’Elbe, l’administre et revient pour 100 jours,
avant Saint Hélène, la dernière, « île
chiée par le diable ».
Dans les voltes de
l’histoire : les soldats passés sous les ordres de Louis XVIII :
« Si de petits
marquis nommés officiers les obligeaient à crier : « vive le
roi !», ils ajoutaient à voix basse « de Rome ».
Revenus en chantant La Marseillaise qui
avait été interdite sous l’Empire, la fidélité de ces hommes est fascinante et
nous rappelle à travers le temps, le besoin d’aventure, le goût du combat au
cœur des mâles. Des notations raviront les amateurs d’histoire bien que le chroniqueur
soit un personnage de fiction à la fois valet et policier, observateur
privilégié de la personnalité de l’empereur devenu sous-préfet.
Nous ne sommes pas hors du temps avec cette agréable
contribution au gai savoir telles les histoires de l’Oncle Paul dans Spirou qui
nous ravissaient enfants.
Les foules sont toujours versatiles, l’infantilisme et
le goût pour la séduction des hommes au
pouvoir toujours d’actualité, ainsi que leurs intuitions et leurs aveuglements.
La
Provence était hostile à la République, ce qui
explique le retour par les Alpes, mais je ne peux m’empêcher de constater que
« la gueuse », comme les royalistes la nommaient, a encore des
faiblesses dans ces terres.
Dans ses « notes pour les curieux » au bout des
340 pages, l’auteur des « Chroniques du règne de Nicolas 1er »
cite Cicéron :
« Si nous sommes
contraints, à chaque heure de regarder et d’écouter d’horribles évènements, un
flux constant d’impressions affreuses privera même le plus délicat d’entre nous
de tout respect pour l’humanité » On ne peut plus actuel.
Le montage est habile : les adieux de
Fontainebleau ne constituent pas un moment de bravoure car seuls les
officiers massés devant l’empereur
entendaient vraiment ses paroles, Octave le narrateur prend des notes et se
dispense de rédiger certains épisodes. Par contre la sobriété, l’humour font
ressortir les moments d’émotion : quand sur le bateau qui les ramène en
France les hommes sachant écrire reproduisent les paroles destinées à la
propagande:
« Soldats, venez vous ranger
sous les drapeaux de votre chef. La victoire marchera au pas de charge ;
l'Aigle, avec les couleurs nationales, volera de clocher en clocher jusqu'aux
tours de Notre-Dame. Alors vous pourrez montrer avec honneur vos cicatrices.
Alors vous pourrez vous vanter de ce que vous avez fait. Vous serez les
libérateurs de la patrie. »
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