Le conférencier Thierry Dufrêne pouvait reprendre son
expression « singularité collective » pour qualifier le groupe du
« Nouveau réalisme » lors de son deuxième exposé aux amis du musée,
après avoir, dans une séance antérieure,
évoqué Klein et Tinguely dont il sera encore question dans la description des
travaux de Restany, César et Raynaud, sujets du jour.
Pierre Restany
est critique d’art, fédérateur du groupe.
Pour illustrer une de ses réflexions considérant que le milieu urbain, industriel
est une nouvelle nature, le rapprochement entre des tableaux patrimoniaux, en
hommage à une nature rêvée et des productions plus récentes de tôle et de béton,
est éclairant.
Jadis, les bergers du Guerchin et de Poussin dans les
jardins des délices d’Arcadie découvraient la mort : « in Arcadia
ego » écrit sur un tombeau « Moi, la Mort, je suis aussi
ici ».
Aujourd’hui, les voitures compressées de César sont,
elles, des totems incontournables et un
pot de Raynaud peint de la couleur
rouge des habillages industriels et des interdits, rempli de ciment tel un
sarcophage, ne porte plus de fleurs.
D’ailleurs, le cycle immuable des saisons peut s’oublier
quand le dimanche devient un jour comme les autres.
César Baldaccini, http://blog-de-guy.blogspot.fr/2013/11/cesar-au-musee-cantini.html
est un bâtisseur, roi de la compression, de l’expansion et de l’empreinte.
Le méridional influencé par Germaine Richier est flatté de
la reconnaissance de Giacometti.
Il rend hommage à Picasso avec un « Centaure » place de la Croix Rouge à Paris.
Son bestiaire de fer, riche de scorpions, chauve souris et
autres gallinacés témoigne d’une variété des œuvres impressionnante. Quant à la « Vénus de Villetaneuse » ou « Ginette », elles sont marquées par les personnages figés dans
les cendres vus lors d’un voyage à Pompéi. Lorsqu’il évoque Valentin, un parachutiste
mort en représentation, dans une série d’ hommes-oiseaux, réalisme et
abstraction s’hybrident formidablement.
Jean-Pierre Raynaud, est connu pour ses pots de fleurs, il a eu une formation de
jardinier, et les carreaux de céramique blanche sont sa signature. Il en avait
recouvert l’intérieur de sa maison de la Celle Saint Cloud qu’il a détruite par la suite
puis en a exposé les morceaux au musée d’art contemporain de Bordeaux.
Les nouveaux
réalistes du vieux continent ont recyclé
les rebuts, héritiers de Duchamp et de ses ready made d’avant 1914. Ils sont contemporains,
dans le nouveau monde, du pop art qui a mis des couleurs à la société de
consommation, avec Andy Warhol qui
disait que Pierre Restany était un mythe :
« … le
nouveau réalisme : une façon plutôt directe de remettre les pieds sur
terre, mais à 40° au-dessus du zéro de dada, et à ce niveau précis où l’homme,
s’il parvient à se réintégrer au réel, l’identifie à sa propre transcendance,
qui est émotion, sentiment et finalement poésie, encore. »
Pierre Restany
Que peut-on dire d'un courant esthétique dont le but, si ouvertement, est d'EXCLURE la nature comme cadre que l'homme ne maîtrise pas, mais dans lequel il est pris ?? (Tragique exclusion faite de méconnaissance, d'ailleurs...)
RépondreSupprimerIl faut quand comme garder en tête à quel point le réalisme est historiquement ennemi de la poésie et du rêve dans notre civilisation.
D'ailleurs... il ne faut jamais oublié cet antagonisme FONDATEUR pour l'Occident.
Dans un tel contexte, je suis nullement convaincue de tentatives.. naïves ? pour concilier ces inconciliables, et je crois, malheureusement, que les naïfs qui s'efforcent de le faire, surtout à l'heure actuelle, se font de néfastes... illusions qui ne peuvent pas les (trans)porter de manière vivante.