Il y a quarante ans les Khmers rouges prenaient le pouvoir
pas seulement sur un état, le Cambodge, devenu le Kampuchéa
« démocratique », mais sur
sept millions et demi d'habitants, au plus intime de leur vie ; deux
millions en sont morts.
Je suis frappé en 2015, de ne pas avoir lu une allusion à
cette période au moment où l’Etat Islamique installe sa dictature absolue.
C’est qu’à l’époque les moyens d’information ne nous rendaient pas aussi
proches des évènements, mais l’impunité de tant de responsables de ces années
de folie meurtrière est quand même énigmatique, comme on disait du sourire
Khmer. Le silence nous poursuit.
La bande dessinée de 2005 est d’une grande beauté. Les tons sépia,
délavés, s’accordent au beau titre qui va à l’essentiel. Malgré la précision
des dessins, leur force, la présence de cartes, des séquences juxtaposées
restent parfois mystérieuses, pourtant le récit est documenté.
Rithy Panh, incontournable lorsqu’il est question du Cambodge,
http://blog-de-guy.blogspot.fr/2014/02/limage-manquante-rithy-panh.html
, dont l’histoire du père, instituteur qui s’est laissé mourir de faim, a
inspiré une séquence, a écrit la préface du livre :
« Les visages des
morts étaient tous presque sereins. Exprimaient-ils le soulagement d’une âme
échappant aux tourments d’une vie devenue cauchemar ? Même leur teint
semblait se confondre avec la poussière. Était-ce la reddition devant la terreur
impitoyable, ou était-ce l’extrême lassitude d’espérer encore et encore, malgré
tout, de la vie ? Nous ne le saurons jamais.»
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