Départ en minibus vers 9h
pour un périple d’environ 3h. Nous
sommes déviés plusieurs fois par des barrages de police installés en ville en
prévision de la manifestation officielle pour soutenir les palestiniens contre
Israël. Nous tournons pour trouver un magasin ouvert et prévoir le
ravitaillement des bivouacs pour les deux jours à venir.
Nous prenons la route dans un paysage encore relativement
verdoyant sur une route goudronnée à 4 voies, puis bifurquons pour une piste
pierreuse qui grimpe dans la montagne où subsistent quelques névés sur les
crêtes. Nous croisons un premier campement estival de nomades bakhtiaris près d’une rivière que nous passons à gué.
Les
chèvres et les moutons cherchent l’ombre sous les rochers. Le minibus poursuit
cahin-caha ses montées et descentes jusqu’à une cabane sommaire en pierre à
l’arrivée d’un petit torrent près d’un généreux saule à côté duquel notre
chauffeur Ali se gare. Nous sommes à 3000 m. Nous nous dégourdissons les jambes en
remontant le ruisseau au milieu de chardons et des épineux, moins à l’aise que
les chèvres.
Au bord du chemin
plus large et praticable, une femme qui finit de rhabiller son fils après le
bain, nous salue. Nous nous rapprochons, son mari revêt son manteau blanc et
noir de berger sur sa chemise et son large pantalon noirs, il est coiffé d’une
petite toque en feutre et porte une épaisse moustache. Il nous propose du
yaourt que nous sommes obligés de refuser poliment si l’on veut éviter des
catastrophes. Le repas nous attend de toute façon sous le saule sur le grand
tapis où Ali a profité de notre absence pour fumer son narguilé. Hossein le
fils de notre chauffeur et Haleh s’activent pour préparer les pâtes accommodées
de purée d’aubergine et de thon. Une salade de tomates concombres et fromage
melon et café complètent le repas avant la sieste.
Malheureusement c’est le
moment choisi par le coq pour chanter et Ali en voulant le chasser à coup de
pierre, loupe sa cible et atteint Dany à l’épaule : confusion ! La
sieste est de courte durée, c’est l’heure d’une leçon de français à Hossein qui
a sorti son livre d’étude. Le grand père de la maison vient papoter et pose
avec son fusil pour la photo. Il porte aussi l’épaisse moustache, la toque
noire. Il tient à la main sa petite fille aux yeux extraordinaires d’un bleu
opaque jamais vu. Haleh l’interviewe, il raconte la vie nomade, la transhumance
vers l’ouest tous les 5 ou 6 mois en camion pour les petits troupeaux ou à
pieds avec les plus jeunes de la famille, soit une journée en camion, un mois à
pieds. Hossein nous guide ensuite lors d’une balade qui démarre de l’autre côté de la route par une descente glissante et poussiéreuse jusqu’à une gorge où serpente une rivière verte. Les herbes ondulent et affleurent l’eau. Nous longeons les rives jusqu’à une gorge où se croisent différents cours d’eau puis nous grimpons au dessus des falaises où nous dominons un panorama magnifique sur les montagnes, les campements, les troupeaux environnants.
De retour à notre campement notre premier souci est de
remplir les bouteilles plastique au tuyau d’arrosage qui alimente le bassin à
lessive de la maison et de les purifier avec du micropur. Puis nous montons les
trois tentes autour du saule. Pendant que Haleh et Chantal grillent des
aubergines au feu de bois, nous cheminons sur la piste caillouteuse en quête
d’images pastorales.
Un campement de toile surplombe la piste, les femmes et
des fillettes filent la laine qui servira à la confection des tapis à côté de
moutons qui tintinnabulent. Ils sont multicolores avec des têtes pas possibles,
tout droit sortis d’un album de F’Murr, le génie des alpages. Nous prenons
notre repas sur le sol sous une ampoule électrique à basse consommation, alimentée
par un discret groupe électrogène.
Ce soir nous nous couchons sous les tentes, comme les
poules.
D’après les notes de voyage de Michèle Chassigneux.
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