…elle dit quelque
chose en Coréen. Ça ressemble à « Miam-miam ».
Elle sourit, tend la
main vers l’entre-jambes du soldat et le touche. Ça le surprend. Miam-
miam ? Dès que le regard passe de sa main à son visage, que je vois les
deux dents qui manquent, le rideau de cheveux noirs au-dessus d’yeux affamés,
il la flingue. Il ne reste que sa main parmi les ordures, cramponnée à son
trésor, une orange tavelée en train de pourrir. »
Il s‘agit de la version du personnage principal, un noir
dans un milieu où l’esclavage n’est pas si éloigné, qui alterne avec la voix
plus poétique de la narratrice.
Les individus semblent des fantômes vaincus par le destin à
la rencontre des cadavres mal enterrés de leur enfance. Le récit parfois en
apesanteur peut aussi avoir la franchise des auteurs américains mais dérouter;
il m’a fallu les commentaires de lecteurs enthousiastes pour comprendre que le
style est parfaitement accordé au propos qui m’avait laissé assez insensible
bien que les sujets abordés soient terribles.
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