Ce ne sont pas ces termes trop excessifs qu’a choisi
l’ancienne fille d’épicier écrivant, en 70 pages, dans la nouvelle collection
de Rosanvallon « Raconter la vie », mais ceux qui disent l’humanité
dans le quotidien, sans fermer les yeux sur les stratégies marchandes.
Elle fait l’historique de ses émotions en ces lieux de
découverte de la modernité depuis Londres dans les années 60 jusqu’au centre commercial gigantesque des 3
Fontaines en passant par les escalators d’un Super M des années 70.
Dans nos villes où subsistent les décorations de Noël en
plein juillet, le temps et ses rites sont surlignés dans les allées marchandes.
Elle remarque l’évolution de la place du rayon
« bio », ou celui du « discount » :
"Ici le langage
habituel de séduction, fait de fausse bienveillance et de bonheur promis, est
remplacé par celui de la menace, clairement exprimée. Sur toute la longueur du
rayon self discount, en bas, un panneau avertit en rouge Consommation sur place
interdite. »
Pas de regard surplombant, ni posture poétique bidon : une
écriture juste ni trop au ras ni trop loin.
Avec ses descriptions, sans appuyer, de quelques clients et
travailleurs, nous sommes dans la file avec elle, à installer la barrette
« client suivant » après avoir déposé nos achats sur le tapis comme
geste de sociabilité.
Dans ces hangars hagards les caissières remplacées par des machines vont faire les courses à la place des affairés méprisant les foules, ayant perdu désormais l’occasion de croiser une dame qui pense nouer une conversation :
Dans ces hangars hagards les caissières remplacées par des machines vont faire les courses à la place des affairés méprisant les foules, ayant perdu désormais l’occasion de croiser une dame qui pense nouer une conversation :
« Les sardines au
piment, c'est pas pour moi ! »
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