A gauche, nous excellons toujours à désigner les autres
comme coupables : le parti du bien ne peut faillir et ceux qui refusent
nos bienfaits sont trompés.
Dans la configuration baroque de notre commune de Saint
Egrève, la maire sortante étiquetée divers gauche - frissons chez quelques colistiers
- qui n’avait pas de concurrent à droite, est passée au premier tour malgré
trois autres listes de gauche.
Mais je n’en suis pas mécontent, après m’être résolu à voter
écologiste malgré une défense des parcs et jardin un peu étroite - ils avaient
travaillé - de voir les choix de mon ancien parti (PS) rejetés par les
électeurs. Je m’étais pourtant imaginé que leur démagogie pourrait être payante, donc
ma récente conversion à une vision pessimiste du genre humain a été démentie.
Comme tant de responsables de là haut envoyés sur les
plateaux au soir des défaites, qui n’ont plus que cendre dans la bouche à force
d’agiter leur langue de bois, la tête de liste imprudemment nommée « Autrement »,
Jean Marcel Puech déclare qu’il doit sa « veste » à son tout nouvel affichage
à gauche au moment où l’ambulance est criblée de balles. Ce manque
d’opportunisme l’honore mais qu’il se rassure : ce n’est pas dans la
minceur de ses propositions, ni dans la profondeur de ses textes, que quelques traces de valeurs de gauche aient pu être décelées dans ses tracts. Le prix du m2 pour les propriétaires de pavillons ne figuraient pas dans les priorités des héritiers de Jaurès, fussent- ils devenus socio démocrates.
Mais trêve de railleries dans un contexte qui a plutôt tendance
à tirer vers le noir nos désirs
d’avenir. Des leçons seront-elles tirées au-delà des déclarations mécaniques,
juste après des moments enivrants en cours de campagne où l’entre soi se
baptise fraternité et contribue aux aveuglements ?
Le problème de la gauche n’est pas l’affaire d’une seule
personne, fut-il président, mais il est collectif : nous avions eu le
ministre du budget que nous avons mérité, et les élus locaux colonne
vertébrale, si sûrs d’eux, si compétents, dopés à la com’, tombent des nues. Ils ont
pris la fessée du Nord au sud, à « Marseille
la gauche vaut peu cher » (Libé), de haut en bas.
Stratège de table basse, je pensais que la démarche de la
gauche unifiée patiemment à Meylan était la bonne, las, en face la maire
sortante porteuse de casseroles perdure. Est-ce que les abstentionnistes voulaient plus de gauche dans une société qui
penche de plus en plus à droite ? Ils ont permis à Copé de regonfler ses
plumes.
A Grenoble qui se voit encore en modèle mais cette fois dans
le bancroche, il y a de quoi désespérer Minatec et Casabio réunis. Médiapart
voit Piolle en nouveau Dubedout sauf que Mendès France était alors la
référence, cette fois c’est Mélenchon et « son navire amiral » qui
fait l’épouvantail. Safar était pour la fusion à condition d’être chef, il se
montre mauvais joueur.
Un Marc Baietto président de la Métro, où tout se passe, qui
cumule les mandats (huit) se voit soulager de celui de maire, c’est une bonne
nouvelle, alors qu’à l’autre bout, Balkany réélu au premier tour découragerait de
persister à croire en l’honnêteté.
Les dessins sont parus dans "Le Canard " de cette semaine.
Ceci dit, la première place de la liste Piolle à Grenoble donne une réelle bouffée d'espoir, si elle remporte la mairie dimanche soir, voilà une porte qui s'ouvre... de quoi enfin donner l'envie de s'engager en politique! Hier le meeting à la MC2 était sympa, animé par Philippe Mérieux qui citait Jankélévitch: "qu'est-ce qu'il faut commencer à s'engager en politique? - du courage".
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