samedi 22 février 2014

Mémé. Philippe Torreton.

 
140 pages pour ceux qui ont pu être agacés comme moi par l’expression : « T’es plus chez ta mémé ! » invitant à se prendre en charge, sonner la fin de l’enfance,  comme s’il n’était plus le temps de se faire chouchouter.
Ce n’est pas que la grand-mère du comédien qui écrit bien, l’ait dorloté particulièrement, mais de la même façon qu’elle était écolo avant la mode, elle a donné de l’amour sans le crier.
Une enfance à la campagne, simple, où rien ne se perd :
Les bruits : « Les flèches de lait tombant dans le fer blanc, les basses continues des mâchoires pleines de foin, le cliquetis de chaînes râpant le bois de la mangeoire, un sabot piaffant, une dégringolade de bouse, un long soupir de vache soulagée, les jets d’urine, le gazouillis d’une hirondelle allant et venant dans l’étable, les claques de tes mains sur les croupes récalcitrantes… »
Les saveurs, les odeurs, les mots rares donc importants : « ils ne savent plus quoi inventer », « on va pas gâcher ça » ou l’on boit le café « s’il y en a de fait » et il y en a toujours.
Torreton s’était payé Depardieu lors de son exil fiscal, les lecteurs du Figaro ne lui ont pas pardonné en commentaire d’un article sympa sur Internet à propos de ce livre.
De la même façon qu’il consacre quelques pages à la façon d’autrefois de donner plusieurs vies à un sac plastique, il retient les sensations d’une autre époque, nous les redonne sans couleurs trafiquées. Le labeur, la vie qui va, s’en va, les étourderies et ce joli recueil.
Même si la Normandie n’est pas le Dauphiné et nos histoires différentes, j’ai retrouvé l’odeur des ficelles de lieuse et le souvenir d’un amour éperdu, qu’enfant, j’ai porté à la mienne de mémé.

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