jeudi 23 janvier 2014

Polke à Grenoble # 2.


Après la guerre, l’art devint difficile en Allemagne et les répliques de ce retournement de civilisation ne sont  toujours pas dissipées : en témoigne la polémique lors d’une exposition récente « De l’Allemagne » au Louvre : de Friedrich à Beckmann.
En ces années plombées, l’art devint conceptuel, sa production était tellement problématique.
Polke est reconnu très tôt : Lion d’or à la biennale de Venise où le tableau représentant des personnages qui se bouchent les yeux était accroché en 86 à l’extérieur du pavillon allemand.
Il accueille les spectateurs de l’exposition grenobloise jusqu’au 2 février 2014, accompagné de photographies de paysages minéraux aux cadrages serrés qui évoquent « l’origine du monde » de Courbet. 
Par contre de grands formats citent les américains Pollock et Warhol.
Les grandes tailles sont-elles destinées aux institutions, les petites aux particuliers ? La valeur se mesure-t- elle à la surface occupée ?  Interroge plus loin un assemblage de torchons où sont tissés des Marks.
« Une image ne doit pas être plus grande qu’un lit » proclame un autre tableau.
Une reprise de visions touristiques d’une Australie qui inspira Polke, fait dialoguer les clichés en nous invitant à ne pas nous enfermer dans une vision unique, quand il s’agit d’interpréter les accidents, les lapsus, éprouver notre liberté.
L’art doit transformer le spectateur et si des substances contenues dans les pigments nous empoisonnent, ce serait le prix à payer pour une initiation ! Nous avons tant à nous défaire des illusions, nous qui croyions que c’était vrai parce que c’était sur la photo, qui pouvons confondre un essai, une recherche  et une œuvre achevée.
 « On voit bien ce que c’est » représente une arrestation, mais ce n’est qu’une mise en scène d’une séquence d’un film de série B. La couleur sépia propre aux photographies anciennes teinte le mirador solarisé derrière des mains agrippées aux barreaux et d’un laisser passer. 
L'histoire de l'art est convoquée: quand un mécène lui commande un tableau, il cite Matisse et Bosch et sa représentation du péché d’envie.
Les supports sont variés: les toiles - à matelas - ou plus soyeuses sont parfois transparentes, cousues entre elles, ou  épaisses comme des rideaux de théâtre, ouvertes afin que l’artiste y passe la tête pour ceux qui ont le privilège d’entrer dans son atelier.

Qu’est ce qui est précieux, le sujet ou le pigment à base de lapis lazulli  ?
Un encadrement des plus modestes, en sapin, entoure des bois exotiques.
Celui qui est passé de l’Allemagne de l’Est en Ouest, cite aussi bien Hollywood qu’Hermès Trismégiste, il nous livre ses recherches autour des planètes de Platon, des carrés magiques, commémore la révolution française, fait d’une anecdote un sujet, mais toujours interroge le passage de l’abstraction au réel et souligne chaque fois les marges pour bien nous signifier que nous n’avons affaire qu’à des images. Tout en essayant comme Mahler et d’autres de réconcilier culture populaire et savante.

Je n’ai retenu de notre visite de l’exposition de Grenoble sous la conduite d’Etienne Brunet que des éléments qui ne figurent pas dans un de mes articles déjà publié, accessible en tapant : « Polke » dans la fenêtre du moteur de recherche de ce blog, en haut de la colonne de droite.
Il s’agissait du compte rendu, à ma manière, de la conférence du directeur du musée Guy Tossatto qui entretint des liens privilégié avec l’artiste disparu en 2010.

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