XXI a beau être mon chouchou, je me réjouissais de trouver
sur le présentoir de la libraire du
Square un trimookstriel qui lui ressemblait d’autant plus qu’il contenait un
article concernant Rimbaud en Afrique. Mais si la revue au joli titre montée
par l’Express est agréable au toucher il est moins lourd que le modèle de tous
les mook (magazine+book), il l’est aussi dans le contenu, plus léger. L’ancêtre
XXI a beau être imité dans le format, la longueur des articles, la volonté
d’aller aux quatre coins du monde, sa profondeur, son originalité, ne sont pas
égalées, au vu de cette livraison de ce concurrent.
Ce n’est pas indigne non plus. Mais le dossier concernant la
géopolitique de l’Islam n’apporte pas vraiment du neuf en évoquant le trésor de Kadhafi, les touaregs
du Mali, la guerre fratricide des sunnites et des chiites, la série Homeland
miroir tendu à une Amérique dans l’incompréhension du monde musulman et une
nouvelle d’un écrivain : Enard pour
le retour d’un homme en Syrie.
Une BD en antarctique : classique, un reportage photos
sur des nostalgiques des années 50 en Australie, sur les touristes chinois en
Chine ou d’excentriques anglais : pas vraiment novateur. Le
reportage sur Istanbul, j’ai l’impression de l’avoir lu plusieurs fois et Djian
qui se met à narrer son voyage à Shanghai à travers sa traductrice, a été en
meilleure forme d’autres fois.
Par contre le récit de la construction d’un nouveau port à
côté de Tanger montre les difficultés du développement quand le clientélisme
n’a pas disparu et apporte des éléments nouveaux à l’idée traditionnelle d’un
rif voué au kif. Le parti pris de se mettre dans les traces de Tom Wolfe à
Miami est une excellente idée. Et une enquête sur les insectes nous emmène
au-delà d’assiettes sensationnelles en évoquant tous les enjeux alimentaires
qui se posent à la planète, les blocages et aussi les innovations possibles
pour assurer par exemple une alimentation raisonnée des poissons ou des
volailles. Le portrait d’un chercheur qui écoute les animaux est intéressant et
la déambulation de Léonardo Padura Fuentes en front de mer à Cuba ne renvoie
pas à des cartes postales mais à nos dualités suivant qu’il se tourne vers la
ville pour regarder la vie ou vers la mer pour aller vers lui-même, ayant
choisi de vivre « à proximité
de mes regrets, de mes souvenirs, de mes frustrations et, bien entendu, de mes
joies et de mes amours. »
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