dimanche 8 décembre 2013

Le conte d’hiver. Patrick Pineau.


La pièce de William Shakespeare est tragi avant l’entracte et comique après.
J’ai rarement changé d’humeur à ce point entre deux parties théâtrales, m’ennuyant d’abord dans des histoires de jalousie, de roi de Bohème et de Sicile, et me réveillant après l’entracte grâce à l’entrain des acteurs que j’avais trouvés peu inspirés au départ et qui se transcendaient dans une deuxième partie enlevée.
Ainsi ce roi quand il monte sur la scène d’un théâtre dans le théâtre, rayonnant alors qu’il avait été faible auparavant.
L’excès va mieux à la comédie, et je me repentais de n’avoir pas dit un mot au moment des honneurs rendus à Jérôme Savary que j’avais tant aimé, inconsolable de ses animaux tristes tellement chaleureux. Que j’en pisse des yeux !
La comédie et le drame constituent les composantes banales du cocktail shakespearien auquel s’ajoute une langue riche, ainsi dans la bouche du temps qui a pris son temps :
« Je mettrai hors de mode ce qui brille maintenant, comme mon histoire le paraît à présent. Si votre indulgence me le permet, je retourne mon horloge, et j'avance mes scènes comme si vous eussiez dormi dans l'intervalle. »
Une facétie pour nous dire que la deuxième partie se passe quelques années plus tard, bien tournée.
Le roi excessivement jaloux, devient inconsolable avec excès, mais tout se résout  à la fin, les morts n’étaient pas morts, c’était un songe loin de ceux d’une nuit d’été.
« Musique, éveille-là Jouez! C'est l'heure, descendez. Cessez d'être pierre, approchez… Léguez votre torpeur à la mort; de la mort la précieuse vie vous délivre! Elle bouge, vous le voyez. »

2 commentaires:

  1. Une de mes pièces fétiches de William.
    J'ai presque abandonné les mises en scène contemporaines de pièces "classiques", tellement je trouve qu'acteurs et metteurs en scène ne sont pas à la hauteur de ces pièces... qui nous apprennent la philo, et la psycho sans effort, et parfois dans la plus grande légèreté. Avec la beauté de la langue en prime.
    Je resterai avec mon souvenir du Royal Shakespeare Company, il y a quelques années pour cette pièce. Mais même les temples ne sont plus sacrés à l'heure actuelle, car j'ai vu "Le Marchand de Venise" massacrée il y a deux ans à peine.
    Notre époque est lourde comme une neige de printemps.
    Consternant.

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  2. j'ai vu aussi ce spectacle à la MC2. moi aussi mortellement ennuyé en première partie (j'ai failli partir à l'entracte). Deuxième partie un peu mieux... mais pourquoi faire hurler ce beau monologue du temps par un rocker aphone?

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