Le vent a soufflé depuis le début de la soirée d’hier et
nous a apporté la pluie ce matin à 6h.
Elle s’épuise lorsque nous nous levons et faisons nos bagages. Nous prenons
notre déjeuner sous l’abri cimenté, puis après avoir démonté les tentes, nous
prenons la route de Jinka.
Nous retrouvons des paysages plus verdoyants, pratiquons de nouveau la
cérémonie du café à Kyafer.
Sur un tapis d’herbes, un plateau contient les tasses à côté
d’un canoun sur lequel chauffe le café et d’un brûleur de bois d’eucalyptus
odorant qui remplace l’encens habituel.
Après cette halte où nous avons retrouvé la fraîcheur, le
trajet se poursuit. Au bord de la route, des enfants montés sur des échasses
guettent le touriste.
Dans un joli petit maquis en paille tressée nommé Besha Gojo,
nous testons le vin, pas franchement recommandé par les guides : le
« Gouder » qui s’avère pas si
immonde que ça mais pas inoubliable non plus. Nous allons visiter un village Ari, Safara.
Pendant la période communiste, l’état central a créé une
ville et a obligé les Ari, nomades, à l’habiter. Ils bénéficient d’équipements
scolaires et de point d’eau mais ils sont éloignés des lieux de culture.
Un guide local nous prend en charge. Les cases se cachent
dans la verdure abondante avec des cours proprettes bien balayées derrière
leurs barrières végétales. La première cour dans laquelle nous pénétrons
appartient à une famille avec plusieurs habitations. La plus vieille qui
abritait les parents a été délaissée pour une case plus récente sans pilier
central avec une poutre soutenant le toit de branchages de sorgho.
Devant la deuxième case carrée qui appartient au fils ainé,
une femme pétrit la terre, ôte les petits cailloux et donne forme à une
assiette sans utiliser de tour, elle façonne les bordures en un tour de main
sûr : phalanges recroquevillées, et main plate.
Nous suivons les petits chemins de terre, surpris par les
couleurs inattendues de certaines maisons avec deux bandes jaunes horizontales
pour les cases traditionnelles mais aussi bleu, vert, et violet violent.
Nous regardons la distillation de l’araké avec un système
rudimentaire.
Un peu plus loin, nous nous arrêtons pour regarder des
enfants qui travaillent.
Ils remplacent leur père forgeron parti au marché. Ils sont
deux : l’un au soufflet, l’autre façonnant le métal à coup de tenaille
et de marteau. Nous leur achetons une cloche et deux herminettes.
Nous passons devant le point d’eau où une gamine peine à
remplir son bidon jaune de 10
kg. Ces bidons jaunes de 10 ou 20 l utilisés dans toute
l’Ethiopie pour aller puiser l’eau
viennent de Malaisie, ils étaient
remplis auparavant d’huile de palme
Nous pouvons aussi assister à la fabrication de galettes de
tef dans une cuisine aux murs tressés. Les enfants nous accompagnent mais sans
réclamer de birrs à chaque photo : c’est tranquille et agréable.
Girmay nous avait tellement décrit les hôtels de Jinka
puants et sans confort que nous sommes agréablement surpris par la « Teddy
pension ». Nous prenons possession de nos chambres et partons vite visiter
la localité. Les jeunes et les enfants testent leur anglais en nous posant les
mêmes questions laissant penser qu’ils viennent juste de travailler la même
leçon à l’école. Des enfants nous conduisent au marché où il n’y a que des
femmes devant des étalages plus achalandés que les marchés vus jusque là :
avocats, ail, cacahuètes, patates, ignames, gingembre, épices colorées dans des
sacs retroussés au dessus desquels volètent des abeilles, … Les vendeuses
chassent les enfants de peur qu’ils ne piétinent leurs marchandises. Nous
rentrons à l’hôtel et sur le chemin les gens nous saluent avec bienveillance et
sourire. Les enfants n’osent pas franchir la limite de l’hôtel et nous rentrons
nous laver avant le repas pris sur place au restau chrétien qui ne sert pas de
viande parce que le mercredi comme le vendredi sont des jours de jeûne :
légumes variés.
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