Igor dont il est question dans le titre d’une façon
allusive, c’est Stravinski dont on fête le centenaire du « Sacre du printemps ».
Dehors ou sur scène, les printemps ne font guère fleurettes,
et dans ce « sacre » il faut entendre « sacrifice ».
Très différent de
« Gnossis » par le résident grenoblois, dont la grâce énergique nous
avait touchés, cette version du
« printemps » nous a tout autant enthousiasmés par sa force où la
violence alterne avec la douceur.
Le chorégraphe a tant de choses à montrer.
Les musiques les plus concrètes succèdent à des airs
folkloriques voire à une citation furtive de Stravinski avec toujours les corps
magnifiques qui imposent la pulsation.
Des photographies sur le net ne correspondent pas forcément
à ce qui est présenté sur scène, preuves d’une recherche en marche.
Le dossier de la
MC2 nous renseigne sur les personnages :
« Kali,
l’incarnation de la tradition, la déesse. Kali en sanskrit signifie celle qui
est noire et dans l’hindouisme Kali est la déesse du temps qui représente à la
fois la destruction et le changement. Ce personnage mythologique est souvent
associé à l’amour matriarcal. La mariée, l’élue, l’agneau, la victime…les
polarités du bien et du mal ou le yin-yang. »
Mais peu importe finalement qui est qui, nous sommes
emportés dès le début rien qu'avec un éclairage qui laisse deviner une forme humaine
dans le brouillard aussi belle qu’une volute. Pourtant le coup de la fumée on
nous l’a déjà fait, hé bien là, j’ai marché à fond comme avec l’image de cet homme relié à des cordes
qui battent en cadence, entravé à sa naissance, ou la lune du temps compté qui
se balance. Les costumes soulignent la
beauté des gestes, avec des vestes qui font presque robes, ce sont des corolles
quand elles sont longues et cerclées sans jamais apparaitre comme des
accessoires. Même si nous sommes ravis par la beauté, nous ne sommes pas que
tapés à l’œil : on aura beau se tordre les bras, gambader, on se rappelle
que la mort ne porte pas de pâquerette derrière l’oreille, elle ne nous lâchera
pas.
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