Au forum de Libération à la MC2 en février 2012.
Même avec des pointures comme François Dubet, l’inévitable débatteur lorsqu’il est question de
l’école, difficile d’envisager l’horizon
européen quand le débat sur la semaine de quatre jours et demi est d’une
actualité bruyante d’autant plus que Bruno
Julliard est de la partie et qu’il venait d’ouvrir sa bouche au sujet du
corporatisme des enseignants.
Ces rythmes scolaires sont un exemple des blocages du
système : tout le monde est d’accord pour constater que ça ne va pas mais
il est impossible de bouger d’un quart d’heure.
Alors rêver de l’idéal peut paraître hors de propos, une
échappatoire épuisée.
A défaut de rêver à une école efficace, juste, accueillante :
penser.
Quand un quart des élèves a des difficultés de lecture en
sixième, il ne s’agit plus de rêver ou de cauchemarder, mais d’une urgente
nécessité de changer.
« Inégalités
scolaires excessives, taux d’échec et de décrochage inacceptables, perte de
confiance des élèves, démoralisation d’une profession enseignante qui a du mal
à recruter… »
Regarder ailleurs, peut être aussi un réflexe mécanique bien
vendu par les médias : dès qu’une réforme pointe le nez :
« allons voir chez nos voisins !».
La sélection s’opère très tôt en Allemagne et les
sélectionnés sont bien traités, la voie technique n’est pas une relégation.
Mais les convergences avec des pays qui ont d’autres
organisations sont difficiles, les styles sont tellement différents, quand chez
nous par exemple les diplômes jouent un rôle considérable. Ceux-ci assureraient
plus de justice à condition que le coefficient « réseau » joue moins
fort. Notre mode de sélection accentue les inégalités. Et tous ces mécréants
qui se prosternent devant « Le Bac » !
Dubet dans ses
écrits : « Alors que le retour
à la semaine de quatre jours et demi de classe semblait bénéficier de
l’assentiment de tous, y compris des syndicats majoritaires, la réforme
s’annonce bien plus difficile qu’on ne pouvait le croire. Qu’en serait-il si
l’on touchait vraiment à la nature des concours de recrutement et à la
formation des enseignants, au statut des établissements, au double système des
grandes écoles et des universités, à la hiérarchie des filières et à
l’orientation par l’échec… ? »
Juliard est un
politique, après ses âpres appréciations sur les enseignants, il déroule ses souhaits : « une école qui est en capacité des
former des individus éclairés, émancipés, mais aussi des citoyens et les
travailleurs de demain. C’est une école qui est juste, parce qu’elle donne plus
à ceux qui ont besoin de plus. C’est une école qui lutte contre la reproduction
des inégalités. C’est une école, enfin, qui s’ouvre sur le monde, la culture,
l’Europe, les sciences. »
Il y avait dans le grand auditorium deux lycéens du lycée international qui avaient bien travaillé leur
sujet avec leur classe, mais c’est toujours paradoxal d’entendre ceux qui
appartiennent à l’élite, critiquer la sélection qui les a justement placés en
capacité de s’exprimer, pour souhaiter que le lycée soit un lieu de
vie plus convivial, où l’orientation s’opèrerait plus tard.
Philippe Sultan
de la fondation Copernic est plus pragmatique à mes yeux, en critiquant une
vision managériale de l’école qui met l’évaluation à toutes les sauces et
méprise les acteurs de l’éducation.
Le 7 mai, c’est le 6 qu’il a
perdu, le mari de Carla avait signé un texte de loi concernant la
notation des profs.
Dans un pays si pessimiste, notre école, où les élèves ont
tellement peur de se tromper, n’est certes pas la propriété des enseignants.
Mais la confiance est la condition
indispensable d’une amélioration du système : à défaut de faire rentrer « the »
grande réforme par la grande porte, elle
pourrait faire pénétrer un nouvel air par la petite fenêtre de l’expérimentation.
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Un dessin du canard de cette semaine:
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