Dans le quartier Saint Pierre des mascarons ornent les
dessus de portes avec des visages africains qui rappellent discrètement la
traite négrière.
De cet âge d’or « ne peut être détaché de l’origine
de sa richesse : les denrées coloniales, fruit du travail des esclaves des
Antilles et de l’océan indien. »
Au cœur de cette zone touristique, le cinéma d’art et
d’essai Utopia est installé dans une
ancienne chapelle.
« C’est Mériadeck ici! » dans le langage local signifiait
« c’est le bordel !», c’est qu’il y en avait jadis dans ce quartier
pauvre à présent témoin de l’architecture des années 60 à forte teneur en béton
qui ne jure pas tant que ça avec la vieille ville qui nettoie ses noires
façades.
Récemment, Rogers, l’architecte qui a conçu Beaubourg, a
réalisé le tribunal de grande instance dont
chaque salle d’audience semble une ruche derrière la façade transparente.
A la limite du quartier des Chartrons, un entrepôt des
denrées coloniales accueille depuis trente ans un musée d’art contemporain CAPC (centre d’arts plastiques
contemporains).
Le quartier doit son nom à un couvent des chartreux qui en
était le centre, et sa renommée aux négociants Anglais qui apportèrent un air
d’outre manche, que Flamands, Irlandais ou russes perpétuèrent.
La préservation des volumes imposants de l’entrepôt Lainé
est le principal attrait du lieu.
Keith Haring est dans l’ascenseur. Buren,
Warhol, Barcelo, Boltanski, Combas font partie de l’exposition permanente, mais
j’ai regretté leur discrétion face à la rampe de Michel Majerus
"If you are dead, so it is" qui occupait provisoirement la nef
principale et aurait pu satisfaire les skateurs ailleurs.
Si le quartier des Chartrons est lié au
commerce du vin, Bacalan à côté des bassins à flot accueillait les dockers. Son
nom n’a rien à voir avec quelque bacalhau portugaise, mais avec le
patronyme d’une famille protestante de la région.
Bien mise en lumière, la base sous marine située au Nord de la ville, que nous n’avons pu
visiter, éveille la curiosité. Ce bunker colossal construit en 1941 par 7000
ouvriers, abritait des sous marins allemands sous ses 6 mètres de ciment.
Aujourd’hui des galeries y sont installées.
De préférence aux installations froides des institutions
vouées à l’art contemporain, l’art brut est pour moi plus immédiat, plus
bouleversant.
C’est à Bègles, ancienne banlieue rouge, chez le vert Mamère, que nous trouvons notre affaire au musée de la création franche.
Nous sommes dans l’intimité d’une maison du XVIII° où alors Rosemarie Koczÿ exposait. L’abondance de ses dessins
intitulés « Je vous tisse un linceul », leur force,
le thème des camps de concentration m’ont conduit à abréger ma visite. Je me
suis reconstitué avec des œuvres de l’art postal qui parfois crient aussi mais
dont la diversité m’a enchanté.
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