Du beau, du bon Debray en 100 pages allègres où il érige un
monument à l’historien Marc Bloch.
Il redonne couleur à nos valeurs et avec style revient aux
fondamentaux qui nous échappaient depuis que people a remplacé peuple.
Alors que « La droite matérialiste et frétillante a
partie liée avec le jour-le-jour », il illustre brillamment une
des missions de la gauche «plus soucieuse
d’expliquer que d’émouvoir», en revenant à l’histoire :
« A quel instant
situer le changement de climat culturel : le passage du social au sociétal, de
qui est juste à ce qui se dit moderne, de l'égalité à l'équité, de l'élan de
solidarité au crime humanitaire, de la culture pour tous à la culture pour
chacun, du fraternel au compassionnel, du "changer la vie" au
"changer de cantine" ? Quand le prolo est-il devenu le beauf de Cabu,
Le militant, supporter; le courant de pensée, écurie; la classe, réseau; et le
bobo, boussole ? »
Il nous rappelle l’allégeance honteuse de socialistes envers l’ambassadeur
US au moment de la guerre en Irak.
«Billancourt à la
rouille, c’est Moody’s désormais qu’on ne veut pas désespérer.»
Quand il
argumente la locution anglaise est souvent péjorative : « business
plan » «Le light et le
lourd ont permuté, notre monde a fait plus que changer de base: il marche sur
la tête ».
Non, je ne vais pas tout citer de ces bonheurs d’écriture.
Ses positions sont critiques sur l’Euroland, « qui
s’est voué à détricoter méthodiquement tout ce que la gauche française avait
péniblement tissé depuis 1936, droits sociaux, souveraineté populaire, services
publics, nationalisations.»
Il rallume chez moi quelque lumière quand il défend l’école
républicaine qui devrait retrouver goût à la transmission pour
atténuer les tintamarres de la com’.
Régis Debray est quelqu'un qui m'intéresse, même si je suis trop... paresseuse pour acheter/emprunter ses livres.
RépondreSupprimerPlusieurs choses m'interpellent dans les citations que tu mets ici, et appellent réponse :
primo.. on ne "combat" pas une colonisation virtuelle et linguistique en prenant... les armes du grand colon. Ça, c'est courber l'échine.
Non... je crois qu'on résiste en ressuscitant le bon.. VIEUX français, et en le dégustant avec délectation. (Ressusciter.. le VERBE, pendant qu'on y est. Le substantif a une consistance de sciure.)
La tentation omniprésente d'opposer... de manière binaire l'un CONTRE l'autre érige ce monde si réducteur dont nous ne voulons pas, à mon avis.
(Voir "juste/moderne, fraternel/compassionnel", etc)
On peut dire que... "la justice" a émigré dans la poursuite inlassable du crime contre l'humanité.
Nous sommes autant.. OBSEDE par la justice à l'heure actuelle que par le passé. Mais.. pas dans les mêmes endroits.
Régis et moi ne voyons pas tout à fait le même monde, on dirait.
La droite.. matérialiste ?? (Cela voudrait donc dire que... c'est la gauche qui a hérité de notre tradition religieuse et spirituelle chrétienne ? Hmmm... Mais c'est vrai que Jésus lui-même aurait pu prononcer le discours de François Hollande le soir de l'élection... idéal de service, et tout et tout)
Plut à Dieu qu'il y ait quelqu'un dans la baraque pour être matérialiste quand les temps sont si... virtuels, non ?? Quand on peut voyager à l'autre bout de la planète avec un clic, sans se lever de son fauteuil ?
Rien de plus matériel que.. le corps debout, porté par ses pieds, je crois. On espère... qu'il le restera.
Et je crois que "nous" sommes déçus de l'eldorado de l'explication à tout "problème".
L'explication constitue une formidable mise à plat positiviste et rationalisante d'une "réalité" qui est, dans le meilleur des cas, subtile et complexe, plurielle, comme le coeur, et l'âme des hommes.
Pour l'école... en ce moment, je me demande s'il est possible de vivre.. bien sans espoir.
Vivre sans espoir n'est pas l'équivalent d'être désespéré...