Certains mots occupaient toute la place dans mes souvenirs, alors j’ai goûté la réplique de Dorine à « couvrez ce sein » :
« Vous êtes donc bien tendre à la tentation,
Et la chair sur vos sens fait grande impression ?
Certes je ne sais pas quelle chaleur vous monte :
Mais à convoiter, moi, je ne suis point si prompte,
Et je vous verrais nu du haut jusques en bas,
Que toute votre peau ne me tenterait pas. »
Bien au-delà des révisions patrimoniales indispensables, cette pièce est malheureusement d’une actualité envahissante. Les hypocrites, les bigots, les mariages arrangés, avec plus seulement des rondeurs à cacher, mais des femmes toutes entières à voiler, sont même de plus en plus là, hélas !
Le metteur en scène qui joue le rôle titre combine le tragique et le burlesque, l’ancien et le moderne sans perruque ni jeans dans une comédie enlevée qui explore les voies compliquées menant vers la vérité.
La beauté du texte tranche tellement dans le babil ambiant que la scène de séduction de Tartuffe vis à vis d’Elmire est convaincante et élégante.
Je n’ai pu m’empêcher de comparer encore une fois mes perceptions des spectacles suivant la place qui nous est attribuée dans la grande salle de la MC2 : depuis le balcon, dans une vue d’ensemble, j’ai été sensible aux mouvements qui s’apparentent parfois à une chorégraphie avec jeux de portes et corps en dilemme.
Des scènes prennent des allures de dessin animé dynamique sans jamais céder à la facilité.
Les happy ends hollywoodiens de commande nous ont appris qu’avec une fin arrangée pour « un prince ennemi de la fraude », il convient que le malhonnête soit puni, au moins sur les planches.
La pièce date de 1664, c’est d’hier ?
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