Il a neigé cette nuit, tout est blanc.
Aujourd’hui, c’est Tour de ville avec minibus et guide de l’agence Bolshoï Tourism (Bolshoï veut dire grand en russe). Le guide est une jeune femme blonde, prénommée Larissa. Elle parle un français presque sans accent.
Elle nous commente la perspective Nevski et ses palais puis nous dévie sur une superbe place, la place des arts, entourée de musées et théâtres. Au centre, la statue de Pouchkine qui participa à l’élaboration de la langue russe moderne à travers la littérature et la poésie. Nous repartons sur Nevski Prospekt. Nous apercevons au passage le cirque et une école pour jeunes filles de « classe moyenne » ; Catherine II avait décidé qu’il y aurait des écoles pour les filles, mais pas de mixité sociale. Après un contrôle de la police concernant l’assurance du véhicule, obligatoire depuis peu, nous jetons un œil à travers la vitre du bar Pouchkine, et nous stoppons sur l’île Vassilievski (Traduction = Basile), près de l’une des colonnes rostrales, anciens phares de la Neva décorés de proues de bateaux, celle devant laquelle les mariés se font photographier. Larissa nous explique aussi que les bulbes des églises représentent la forme des cierges, la lumière qui monte vers le ciel et leur nombre symboliserait les personnages sacrés. De façon plus pragmatique il semblerait surtout que cette forme permette à la neige de glisser plus facilement. Le minibus reprend la route à travers l’île, parmi les universités, les palais et la maternité.
Il se dirige vers le golfe de Finlande par l’une des 3 routes possibles (la petite, la moyenne, la grande). Nous traversons des quartiers style art nouveau avant d’atteindre le front de mer défiguré par un hôtel gigantesque. Quant à la Baltique, elle est gelée, impossible de distinguer la terre de la mer. Nous allons y faire quelques pas et photos. Curieux, nous observons une moto-ski qui remorque de quoi percer la couche de glace pour des pêcheurs, tâches noires au loin dans cette lisse étendue glacée. Nous remontons au chaud dans le Mercedes et quittons l’île pour la terre.
Un arrêt est prévu à l’Eglise Saint Nicolas des marins, préservée même pendant la période soviétique. C’est une pure merveille, à plusieurs égards : d’abord sur le plan architectural, pas de grande voûte écrasante mais un plafond bas, des icônes dans des cadres en or sacrément baroques, assorties à un iconostase d’une grande richesse, deux poêles en faïence, des bougies allumées partout. Mais l’autre intérêt, c’est d’assister à un office orthodoxe dans une église pleine à craquer de fidèles. Comme il n’y a pas de bancs, les vieilles se sont regroupées près des poêles qui offrent des rebords pour s’asseoir. Quelques personnes à genoux se prosternent comme à la mosquée. Le pope bénit une table chargée de victuailles apportées là par les fidèles et garnies de bougies. D’une voix profonde, il chante, en tant qu’intercesseur, une litanie dans laquelle il cite des noms écrits sur des papiers
( accompagnés d’un billet de banque). Une chorale mixte a cappella lui répond en antiphonie. Dans l’un des bas-côtés, une femme en tablier noir sert une boisson et un morceau de gâteau ou de pain, que nous interprétons comme étant la communion. Sous le même uniforme, ses copines vendent des bougies ou des icônes. L’ambiance est chaleureuse. Il y a à l’étage une autre église que nous ne verrons pas, utilisée pour les fêtes. A l’extérieur, l’église et son clocher indépendant sont parés d’une façade blanche et bleue ; l’église arbore d’élégants balcons en fer forgé dont se servait la famille royale. Nous quittons ce lieu qui a enthousiasmé tout le monde.
Nous atteignons la Cathédrale et le couvent de Smolny situés à l’emplacement d’anciens chantiers navals (On y calfatait les bateaux et smolny veut dire goudron en russe). Les bâtiments sont en cours de rénovation, comme en témoignent les échafaudages et le ton cru du bleu des constructions de droite en contraste avec le bleu fané des constructions de gauche. A côté, l’institut Smolny était réservé aux jeunes filles de la noblesse, elles y apprenaient leur travail de bonne épouse. Nous continuons la balade motorisée le long des jardins de Tauride. C’était la propriété du prince Potemkine, vainqueur en Crimée (aussi nommée Tauride) et amant affiché de la grande Catherine. Toutes les rues que nous traversons sont bordées de palais ; pas de pierre, les constructions sont en briques recouvertes d’un enduit et peintes, de même que les atlantes et les caryatides.
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