Je savais que Mnouchkine avait monté la pièce d’Hélène Cixous il y a bien des années déjà (26 ans), alors j’avais pris des billets à la MC2, les yeux fermés.
Mais il s’agit d’une nouvelle version en Khmer surtitrée de trois heures vingt. Après l’entracte, je ne suis pas revenu. J’avais cependant rencontré une autre admiratrice du Théâtre du Soleil qui avait été enthousiasmée par la création de deux fois quatre heures, elle reconnaissait que cette interprétation était un peu raide et didactique. Quant aux anciens élèves que ma femme connaissait qui n’avaient pas d’éléments historiques à leur disposition ils étaient face à une énigme, tant les détours de l’histoire là bas sont compliqués.
La vraie vie du Roi « père du Cambodge » et par ailleurs correspondant du Canard Enchaîné était faite pour être portée au théâtre même avant d’être mise en lumière par des acteurs pour beaucoup orphelins depuis les années rouges. C’est une jeune fille qui interprétait en hurlant le rôle de Norodom.
La démarche de faire jouer cette pièce par les Cambodgiens eux-mêmes est bien sûr sympathique, mais leur jeu m’a paru appuyé, frontal, peu approprié pour évoquer les ambigüités, les finesses du personnage principal surnommé « l’insubmersible ». Celui-ci considérait que la monogamie était monotone, il avait eu sept épouses et quatorze enfants dont cinq ont péri sous le régime khmer rouge.
Ces 25 acteurs et 5 musiciens sur leurs tréteaux ont présenté un travail indispensable pour leur pays dont les habitants à la mémoire ravagée m’avaient semblé si fragiles. Mais pour moi, spectateurs de la MC 2, la barrière de la langue, la complexité des sujets abordés, la longueur de la représentation ont dominé ma bonne volonté.
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