A 9 heures nous sommes tous opérationnels pour profiter de cette journée dont la météo s’annonce comme celle d’hier : ciel bleu intense, soleil lumineux et vent frisquet.
Nous coupons par des petites rues tranquilles, puis nous réempruntons la rue escalier « Do duque » qui part de la place Cuelho jusqu’à l’Estacio do rossio. Cette gare de style manuélin se remarque par son architecture mais pas par des indications touristiques.
D. l’a reconnue grâce à ses lectures. Sur la façade, le roi Sébastien est représenté jeune en statue, écu penché à 17°, sur lequel se reconnaissent cinq blasons et des châteaux stylisés. Nous acquérons des billets pour Sintra à 4,80 € aller et retour et nous nous installons dans le train.
Le trajet dure presque une heure et demie par une sorte de RER prévu toutes les 20 minutes qui traverse les banlieues plutôt modestes s’étendant à perte de vue. Des arbres apparaissent dans le paysage puis la petite gare coquette proprette et surannée de Sintra, terminus de la ligne.
Le bureau d’information qui s’y trouve est pris d’assaut par les passagers désireux de se procurer un plan de la ville. « Ask to me » ne peut nous le fournir ni en français, ni en anglais, il y en a eu mais il n’y en a plus ! L’agence de tourisme a été dévalisée ce matin. Nous nous contenterons d’un plan en espagnol.
Nous marchons en direction du centre historique, le long de l’avenue affublée de sculptures modernes pas très réussies à notre goût. Par contre la végétation bien entretenue explose de santé , « agapanthes dans la pente », verdure, boulets d’hortensias et arbres. Nous apercevons les deux cheminées du palais national qui de façon fort sympathique puisqu’il s’agit de fours des cuisines remplacent les tours habituelles des châteaux. Nous laissons sur notre gauche une fontaine mauresque et nous nous lançons dans la visite du Palacio national référencé dès le 10° siècle. Plusieurs rois l’habitèrent et l’embellirent en s’inspirant de l’Alhambra de Grenade et lancèrent la mode de l’azulejos dans tout le Portugal. Le bâti et les décorations sont magnifiques, le mobilier aussi.
Il ne faut pas oublier de lever la tête, les plafonds décorés ont parfois donné le nom à leur salle : salles des cygnes, salle des sirènes, salle des galères et de façon amusante la salle des pies : on raconte que la reine alertée par une de ses dames d’honneur jalouse, surprit ici Jean 1° dans une situation compromettante. La délatrice garda l’anonymat. Le roi fit peindre au plafond du lieu de ses turpitudes, des pies, oiseaux symbolisant le bavardage en nombre égal à celui des dames de sa cour, moins une: celle qui lui tenait compagnie. Chaque oiseau tenait dans son bec une rose symbole d’amour et du plaisir qu’il avait goûté en la compagnie des jolies bavardes et à l’intention de la reine, il fit malicieusement ajouter sa devise : « por bem » (pour le bien) (Ulysse)
Nous traversons des salles, des chambres et des endroits curieux, originaux :
- La chambre d’Alphonso VI, roi évincé par son frère et retenu prisonnier se distingue par un tapis de céramiques usé mais unique.
- La salle des blasons est surmontée d’un dôme monumental. Au centre du dôme un dragon ailé représente le pouvoir de Manuel 1°. Il est entouré par les blasons de 8 de ses fils puis après une rangée de médaillons de cerfs sont mentionnés les blasons de 72 familles de la noblesse portugaise. De cette salle on pouvait surveiller à l’Ouest les flottes partant ou revenant d’Amérique, d’Afrique, de terres prestigieuses.
- La chapelle palatine présente un magnifique plafond mudéjar à entrelacs, un rare pavement de céramiques mauresques et des fresques à motifs de colombes du 15° siècle (Manuel 1°) Deux fenêtres latérales apportent une lumière inhabituelle dans l’église claire. Les trois autels sont en azulejos recouverts d’une classique nappe blanche.
- La grotte des bains, lieu de fraîcheur en azulejos bleus camouflait des jets d’eau. Elle raconte la création du monde et les quatre saisons occupent les coins.
- Et surtout les énormes cuisines coiffées de leurs cheminées jumelles. Les casseroles en cuivre reposent sur des grilles au dessus de foyers vides alignés, les longues broches pouvaient faire rôtir des bestiaux de taille respectable. Une cuve d’eau reliée à un robinet facilitait vaisselle ou approvisionnement pour la cuisine. Le guide précise que l’on se sert encore aujourd’hui de ces lieux pour confectionner des repas officiels.
Ne pas oublier la pagode chinoise ciselée en ivoire et bois ainsi que quelques pièces décorées de mobilier chinois.
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