L’ami qui m’a fait écouter le dernier CD d’Hubert Félix Thiéfaine, m’a bien dit que ses fans - qui ne manquent pas - trouvaient le sexagénaire trop assagi : moi ça me va.
Après avoir apprécié cette dernière livraison, je suis allé faire un tour du côté de ses premières chansons que j’avais remisées au fond des années post soixante huitardes quand les fumées lacrymogènes avaient viré aux volutes d’herbes hilarantes.
Il tentait de prendre alors la succession de Ferré, drapé dans les synthés où il convoquait la folie :
« la folie m’a toujours sauvé & empêché d’être fou »
Aujourd’hui, il ouvre sur une nostalgique promenade vers l’enfance, certes dans la
« ruelle des morts », où les filles y « faisaient goûter leurs framboises ».
Sage, même si le corbeau de Rimbaud, Poé et Van Gogh se pose dans les coins du livret.
Le voyageur court les banlieues d’Izmir, Santa Fe, Cuzco, et cherche l’amour toujours
« à l’ombre de mes rêves ».
Ses accents rappellent Baschung, Gainsbourg, et j’aime sa voix singulière et ses orchestrations élégantes.
Sur fond noir, la moindre paillette de couleur donne toute sa lumière.
Où l’on apprend que l’étymologie d’orchidée signifie « testicule » en grec ancien, si bien que l’orchidoclaste à qui il consacre un titre doit être sérieusement
« brise burnes ».
Il se fait le torse d’Iggy Pop sur la pochette et le maquillage dégouline sous ses yeux, mais quand il s’exprime en québécois il se montre en pleine forme : il « toffe les runs » c'est-à-dire « qu’il tient le coup envers & contre tous » et s’il dit « j’sus sur le go » c’est une autre façon de dire qu’il « tient le coup ».
Tant qu’il y aura des filles pour « prendre son pion dans son circuit » .
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