Un français sur dix est pauvre :
de 4 à 6 millions selon que le seuil soit à 50% ou 60% du revenu médian à 1700 €.
150 000 jeunes sortent de l’école sans diplôme ni qualification chaque année.
Le taux d’échec à l’université est de 40%.
La société intégrée des trente glorieuses reflétait un certain ordre, il a été cassé.
L’école, la famille, le travail étaient rigides mais rassurants
avec une lutte qui voyait ouvriers et patrons s’affronter
mais renvoyait les immigrés hors du cadre.
Bien que nous ne nous appauvrissions pas, le revenu social se délite
et si la France protège assez bien, elle exclut.
Les catégories sociales qui avaient une certaine mobilité se figent :
les riches au centre de la cité, les pauvres autour et les classes moyennes au-delà.
Les victimes deviennent les boucs émissaires
alors que les mineurs- auteurs de délits mineurs- devraient être protégés, éduqués, comme le souhaitaient les politiques dans des années portant précaires au sortir de la guerre.
La peur était hier un «thème de campagne», elle est devenue aujourd’hui «un flux continu» avec la création d’un «ennemi intérieur».
Les majeurs aggravent les lois alors qu’ils s’exonèrent de celles-ci :
le découragement finit par nous gagner.
La promesse faite à la jeunesse n’est pas tenue.
L’école ne peut sauver le monde et le système est saboté.
La judiciarisation ne remplace pas l’autorité.
Au forum de Libé, Pierre Joxe que n’avais pas vu depuis belle lurette est toujours aussi tranchant
« On prétend organiser un ordre social aujourd’hui en organisant des lois et des politiques discriminatoires. C’est en fait un ordre social contre la République, contre ses fondements… on assiste aujourd’hui à une politique néo-colonialiste envers certains quartiers délaissés en France où vivent notamment de nombreux immigrés ».
Et même si certaines de ses approches m’ont semblé légèrement datées, la Villeneuve voisine habitait les pensées de la salle bien remplie qui appréciait aussi François Dubet.
Le sociologue entrait plus dans la complexité après avoir évoqué une gauche généreuse évitant les sacrifices mais s’accommodant d’un fonctionnement
« de nos institutions économiques et sociales qui reproduisent mécaniquement la pauvreté »
……
Additif : Sébastien Piétrasanta, Maire socialiste d'Asnières-sur-Seine qui a instauré un couvre-feu après la mort d’un enfant de 15 ans tué à l’arme blanche a écrit dans Libération du lundi 4 avril. Extraits :
« … Les pères sont trop souvent absents de l’éducation des enfants, alors que leur place est primordiale.
… Il faut en finir avec l’enfant roi.
… En même temps qu’on explique leurs droits aux enfants, il faut leur dire leurs devoirs.
… Il faut aussi permettre aux parents d’acquérir des outils pour renforcer la relation à l’enfant dès le plus jeune âge. Plutôt que des émissions de télé-réalité où une «Super Nanny» règle les problèmes des familles, inspirons-nous des services de soutien à la parentalité du Québec où la «coéducation» permet aux parents d’apprendre à investir cette fonction auprès de professionnels. Les parents sont des maillons indispensables de la chaîne éducative. Sans eux, le lien est rompu. »
…….
Dans le Canard cette semaine des suggestions pour Frédéric Lefebvre qui venait d’affirmer que « Zadig et Voltaire » était le livre qui l’avait le plus marqué,
Zadig & Voltaire est une marque de vêtements,
Zadig un conte philosophique,
Lefebvre un secrétaire d’état :
« Alpha Roméo et Juliette » de Shakespeare,
« Du côté de chez Swatch » de Proust,
« Triste Tropicana » de Levi-Strauss,
« Extension du domaine de la Matmut » de Houellebecq…
quant à Victor Hugo Boss ?
Et ce dessin :
ah oui, "Du côté de chez Swatch"... c'est bien!
RépondreSupprimer