Epopée de quatre heures qui nous emmène de l’Autriche au cap Horn, de Jules Vernes en passant par Hugo, des Carmina Burana à Wagner, d’une guinguette nommée « le fol espoir » à un navire du même nom : que peuvent les artistes ?
« Fol » écrit à l’ancienne accolé au mot « espoir » d’un autre siècle pour ramer sur une mer de toile agitée par les artisans de l’illusion cinématographique, vers l’abime.
« Ni la dictature, ni l'anarchie, mais la gestion mutuelle. Soyons providentiels les uns aux autres. La liberté comme base, l'égalité comme moyen, la fraternité comme but. »
Une foule de personnages essaye de vivre une utopie ou du moins sa représentation, sur des terres qui ne sont même plus vierges. Leurs rêves sont arrachés par les vents glacés. Les écharpes agitées au bout d’un fil donnent l’illusion de jouer avec les éléments, les images sont belles et pathétiques.
La jeune fille qui lisait l’Huma dans le car qui nous conduisait de l’Hexagone au palais des sports de Lyon avait retenu, elle, la petite lueur d’un phare dans les ténèbres. Je mesure le temps, depuis une foule embarquée à 1789 de Mnouchkine dans les années 70 : « claquez dans les mains : ce n’est qu’un début continuons le combat ! ».
Au début du XX° siècle, la technique croissait et les hommes et surtout les femmes croyaient à la politique. La guerre anéantira aussi les espoirs des survivants. Nous sommes au XXI° siècle.
Le fil narratif, occupé par des séquences de cinéma muet, média pour le moins théâtral, permet toutes les simplifications, les accumulations, les ficelles les plus grosses et les plus jolies sous les lumières du spectacle et la neige artificielle déversée généreusement.
J’ai beaucoup aimé les changements à vue avec les belles toiles peintes, les poulies, les fausses pierres, les coulisses, et la chorégraphie d’une troupe affairée qui durant quatre heures se donne de tout son cœur, de toute son énergie, dans un désordre parfaitement réglé. Un spectacle qui ravit son monde, mais Ariane qui avait si bien ravivé des énergies pendant la dernière campagne présidentielle, avec la complicité de l’écriture d’Hélène Cixou m’a semblé, cette fois, faire la somme de nos difficultés à aller vers un monde plus juste, et signer l’épuisement de nos illusions : naufragés.
J' ai également beaucoup aimé ce spectacle...voire je l'attendais avec beaucoup d'impatience! et pas déçue, tout à la fois j'ai décollé de mon siège, en vibrant de toutes les émotions dégagées: drôles, justes,et secouantes, et puis j'ai eu froid quand le blizzard soufflait et que la neige tombait! Aération à vivre au propre et au figuré! Et je suis restée "scotchée"(toujours sur le même siège) quand j'ai vu que la manivelle tournait devant nous, spectateurs impliqués que nous étions déjà et que Mnouchkine nous proposait aussi comme une possible rencontre, avec le phare du bout du Monde à l'horizon! VA
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