dimanche 23 janvier 2011
Lulu. Braunschweig.
Wedekind l’auteur qui fut emprisonné par Guillaume II, travailla et retravailla cette œuvre pendant des années depuis 1892, et Pabst au cinéma et Berg pour l’opéra y tournèrent autour. Cette fois c’est le directeur du théâtre de La Colline qui fait tourner le décor et nous en met plein la vue, allant jusqu’au Grand Guignol. Le mélo parfois teinté de comédie dure quatre heures qui ne m’ont pas semblé longues, il m’est arrivé même parfois souhaiter prendre du temps pour quelques nuances, mais ce n’est pas le propos puisqu’il est plutôt question de tourbillon, d’étourdissement. Pédophilie, inceste, prostitution, cependant les vapeurs de soufre se sont diluées dans la grande salle de la MC2. Des références à l’univers de Dickens sont évidentes dans le dernier acte, beaucoup plus que Schiele ou les expressionnistes allemands convoqués pour décrire un érotisme qui va littéralement jusqu’à l’écorché. La mise en scène est réussie pourtant le jeu des acteurs ne fait pas l’unanimité. Dès que l’érotisme est mis en tête de gondole, il s’évapore. Les miroirs refroidissent les images en les multipliant. Le carrousel des fantasmes embarque la pauvre fille plus objet que sujet, vers la phase ultime de la perversité : les cadavres sans mémoire se sont accumulés, l’argent a coulé ; retour vers le ruisseau. Cet essai de concentré justifierait finalement le titre : « tragédie monstre » et pourtant l’émotion n’était pas au rendez-vous.
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