Je garde de mes ancêtres laboureurs, une part d’incompréhension à l’égard des oisifs qui se promènent dans la campagne; je me soigne, mais c’est encore dans les livres que je trouve le plus de charme à la nature.
Louise Erdrich nous avait livré un ouvrage roboratif avec « La chorale des maîtres bouchers », c’était son côté allemand ; cette fois c’est sa part indienne qui s’exprime puissamment.
Un tambour rituel découvert lors d’un inventaire dans une maison américaine va être le véhicule de transmission d’histoires essentielles peuplées de personnages qui acquièrent très vite une densité chaleureuse. Même les corbeaux dévoilent de leurs mystères, alors si les loups, les ours constituent un fond romanesque, les humains dans ces contrées où le froid est plus froid, sont palpitants.
L’empathie de la romancière n’est jamais mièvre et bien des scènes sont violentes, des situations pénibles avec incendies, abandons et chienne folle ; elle nous emmène où elle veut sans les artifices du polar. Nous partageons sa façon d’envisager la vie, la mort, les filiations d’une façon inédite. Ce tambour dont il est question qui exacerbe les sentiments, qui initie, qui rappelle, c’est ce livre lui même.
Je suis assez imperméable aux atmosphères fantastiques et pourtant dans ces 300 pages, j’ai suivi avec passion ces dialogues entre vivants et morts, à la fois poétiques et enracinés dans la terre la plus élémentaire.
« Tu es ici pour être engloutie. Et quand il t’adviendra que tu sois brisée, trahie, abandonnée, blessée, ou que la mort te frôle, autorise- toi à t’asseoir au pied d’un pommier et écoute les pommes tomber en tas autour de toi, gaspillant leur goût sucré. Dis-toi que tu en as goûté autant que tu as pu. »
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