Eliane Burnet conférencière familière des amis du musée commençait sur du velours avec un graffiti romain représentant un âne en croix, jusqu’à une femme bien en chair placée sur la croix de Félicien Rops qui tente Saint Antoine, ou le christ avec un masque à gaz de Görtz. Le Caravage et sa vierge Marie aux pieds sales ou « la sortie de bains » de Michel Ange au plafond de la Sixtine ne choquent plus grand monde, pas plus que Masaccio avec ses chassés du Paradis parce qu’ils montraient leur douleur trop humaine et pas seulement le sexe d’Adam qui disparut sous les feuillages, un temps.
L’art contemporain secoue plus, en principe, mais il a fallu que la sculpture du pape bousculé par un météorite de Maurizio Cattelan arrive en Pologne pour susciter quelque émoi, et le christ - encore lui - crucifié sur un Bombardier de l’Argentin Ferrari, aurait pu être lu comme la souffrance renouvelée du seigneur qui saigne à chaque malheur du monde et pas forcément comme la dénonciation de la collusion de l’église avec les maîtres des orages U.S. Et aujourd’hui quand monseigneur Di Falco fait entrer un christ sur une chaise électrique, il électrise peut être quelques bigotes, mais il ne fait qu’entériner le glissement des églises vers une fonction patrimoniale, muséale.
Si les cochons tatoués de Wim Delvoye ont fait parler d’eux grâce aux défenseurs des animaux et aussi avec quelques intégristes à cause d’images religieuses sur couenne, il y a eu moins de battage quand un homme Tim Steiner a été tatoué par le même artiste. Il devra être présenté trois fois par an afin de permettre à l’acquéreur de l’exposer. Après sa mort, le tatouage sera détaché de son corps. Sur Internet il paraît qu’on peut acquérir un rein par exemple, un ventre à louer… Ce n’est plus du velours, c’est du lourd. L’esclavage a été aboli dans les textes, pas la misère absolue.
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