vendredi 26 mars 2010
Reportages
A la librairie du square, j’ai ramassé machinalement sur le comptoir une brochure éditée par leur soin. Malheur à moi ! Ce recueil d’une centaine de pages distribué gratuitement va élever gravement la montagne des livres que je souhaiterais lire. En effet c’est une cohorte d’écrivains qui parlent d’autres écrivains et donnent souvent envie de lire leurs productions conjointes. Ce panorama de la littérature de reportage convie bien sûr des noms tellement connus que leur notoriété m’avait masqué leurs livres : Londres, Mac Orlan ; d’autres que j’ai tant aimé dont il me reste à découvrir tant de pages évoquées avec talent par Tangui Viel pour Jean Rollin ou Briatte avec Bowles. Saviano l’auteur solitaire de Gomorra ou Anna Politkovskaia assassinée le jour de l’anniversaire de Poutine, ont payé de leur liberté et de leur vie pour illustrer cette phrase d’Orwell : « c’est toujours là où je n’avais pas de visée politique que j’ai écrit des livres sans vie ». Et pourtant brûle toujours l’espoir que les mots écrits rendront ce monde moins brutal. Même si comme l’écrit Jean Paul Mari à propos de Bao Ninh : « Un gamin est parti se battre autrefois, le but semblait clair, la mort héroïque et bienvenue. Il est revenu et la paix ne ressemble à rien. Ceux à qui il a offert un futur le regardent comme un objet inutile, désuet, un jouet cassé. » Ou cette citation de Sainte Thérèse D’Avila au détour de l’article consacré à Truman Capote « il y a plus de larmes versées sur les prières exaucées que sur celles qui ne le sont pas ». London Jack, Kessel, Leroux Gaston, Simenon, Cendrars et ce Werth à qui fut dédié « Le petit prince » et Colette et John Berger si vigoureux, à revoir, et Anne Marie Schwazenbach si mystérieuse et Kapuscinski qui « s’attache à des destinées singulières pour dire l’universel »… Et une interview évidemment des fondateurs de « XXI » le livre des beaux reportages, que j’attends impatiemment à chaque saison.
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