- Oui, oui…Hm, hm…
- …
- Oui, alors… aujourd’hui… maintenant… ici…
- J’ai pas envie de parler…
- Pourtant… à dix heures, hein ? Hm… Hm !
- Oui, hm… C’est quelle heure ?
- …
- Vous ne répondez pas à ce genre de question… Je l’oublie toujours !
- …
- Maintenant…tiens ! Ca me rappelle un rêve de main. Mais elle ne tenait plus rien. C’était une main inerte… une main…
- Une main avec rien autour…
- Tout d’abord, il n’y avait que cette main. Je la voyais énorme et blanche sur un drap de bain blanc aussi… Ce blanc sur du blanc qui n’avait jamais vécu… ça me… ça me …
- Oui… ça, ça…
- Ca m’échappait ; elle pendait un peu bleue, cette main… Et puis, elle a disparu et la serviette aussi. Il n’y avait plus qu’un oiseau.
- Oui… la main, l’oiseau, les deux.
- (aparté) Non, pas un oiseau, non, surtout pas un oiseau avec la main. Je vois où il veut en venir ! Ces obsessions… Et dire que je paie 45 euros les vingt minutes pour qu’il me refile ses obsessions !
- Oui, l’oiseau, la main… ?
- Non. En fait c’était pas un oiseau. J’avais mal vu mon rêve. Je crois que ma vue baisse sur mes rêves.
- Ah, oui ? Ca baisse, ça baisse ?
- C’était une araignée, j’en suis sûr ! Avec ses huit pattes bien gonflées, bien gorgées de sang.
- Gonflées… huit, huit, huit…
- Huit ! Je sais ce qu’il pense : les pouces ont été sectionnés… Je n’irai pas de ce côté-là ! Il peut toujours déblatérer en tirant sur sa moustache !
- Huit, huit, huit !
- En fait, je ne sais plus si j’ai écrasé l’araignée… Mais j’ai eu envie de le faire…
- Oui, ces huit dans les poils …
- Il veut m’emmener là où je n’irai pas. Je le vois bien ce salaud à trifouiller de ses dix doigts dans… Il le sait cette ordure que je ne bande plus… Il me torture, le sadique et moi je lui refile 45 euros chaudement négociés pour vingt minutes de torture !
- Oui, doigts, araignée, poils…
- …
- …
- j’ai eu un autre rêve cette nuit !
- Autre… autre ?
- J’entrais dans une salle de bain…
- Hm, hum, autre ?
- Il y avait dedans un mec complètement shooté, écroulé près de la baignoire !
- Hm, hm…
- Il avait l’œil dégoulinant et des moustaches… Là, j’ai très bien vu les moustaches. Noires, raides, luisantes, huilées, à la Dali quoi !
- Hum… raides, huilées…
- Ca y est, il remet ça, il m’emmerde !
- Oui, l’huile…
- J’ai ressenti une angoisse profonde, ses yeux en disaient long. C’est une peur longtemps enfouie. Je ne sais pas s’il est encore vivant.
- Oui… long, profondément enfoui…
- Mais, j’en peux plus, je vais le tuer ce tortionnaire ! Deux ans que je bande plus. Il le sait bien ce pourri et il me tourne sur le gril ! Il me coupe tout ! Il me coupe tout !
- Oui… les choses enfouies…
- Alors j’ai fait quelque chose dans le rêve… J’ai pensé au shit colombien…
- Oui, le colon…
- Mais où il m’emmène ce con !
- …
-…
- Oui… hm … « Shit » en anglais, c’est ?
- Je sais que vous savez que je sais ce que c’est « shit » ! Shit ! Et re-shit !
- Mais vous ne voulez pas le traduire, hein ?
- D’ailleurs, ça ne devait pas être de bonne qualité. Y a des gens qui fument n’importe quoi ! Et après y s’étonnent d’être tout …
- Inertes, blancs, bleuâtres …
- Pourquoi ?
- …
- …
- …
- Ce type, je lui ai coupé les mains ; elles saignent pas. Elles sont vides comme gonflées d’air en fait. Je lui ai coupé les moustaches aussi. Elles sont tombées sur la serviette. Elles étaient toutes petites. J’ai parlé dans mon rêve… Tiens, je vais te lui dire à ce nul que sa théorie est nulle, nulle, nulle ! J’ai dit au mec qu’avait plus de mains ni de moustaches : ça t’apprendra à faire de la contrebande…
- Contre… bande
- Contre… bande
- Ce sera le mot de la fin, monsieur.
- …
- Les Vingt minutes sont écoulées.
- …
- Cette fois vous avez le compte juste. Merci.
- Merci. A lundi.
Marie Treize
cher éditeur de ce super blog tu n'as pas laissé les italiques pour lea apartés de sorte que mon texte est difficilement compréhensible
RépondreSupprimerce me semble
est-ce possible de corriger?
merci d'avance
marité