Une brève interruption dans le ressassement de mes années primaires, pour fixer quelques instants d’un récent accompagnement d’élèves de 3ième à Rome et Florence.
Le parti pris de faire assumer le guidage par les élèves chargés de présenter aux autres voyageurs chacun à leur tour, le Colisée, le mont Palatin, le porcellino… a gagné en efficacité avec la possibilité offerte au palais Borghèse, d’équiper chaque conférencier en herbe d’un micro relié à l’oreillette de ses camarades. Cela n’indispose pas les autres visiteurs mais relie le guide et ses auditeurs, intimement. A cette occasion notre passeur de quinze ans qui avait étudié sur internet Le Caravage, en découvrant le tableau original, nous a offert un grand moment de réussite pédagogique où l’émotion rejoint la connaissance. De même la main de Pluton enlevant Proserpine, sculptée par le Bernin, n’a laissé personne de marbre.
Nous avions envisagé des dispositifs variés pour fixer les découvertes des élèves appelés à renseigner des QCM, repérer des détails, aborder des vocabulaires nouveaux. Scénettes d’interviews de Léonard ou Michel Ange, mots croisés, mêlés, tout en ne restant pas le nez sur la photocopie au pied des œuvres ou dans les lieux même. Il y eut par exemple validation par appareil photographique numérique de trois points de vue imposés à Santa Maria dei Fiori où les jeunes animatrices poinçonnaient le plan de la ville de ceux qui avaient respecté la consigne. Plus inattendue, l’écharpe de supporter du GF 38 : « ensemble gagnons les sommets » brandie devant le David ou sur le Ponte Vecchio valait le surlignement sur papier des sites majeurs de la ville. Nous avions embarqué un porte-voix qui nous a rendu service dans les brouhahas des foules de touristes où nous avons joué de la distinction. Depuis des siècles, la destination italienne fut celle de la jeunesse cultivée ; en route vers le lycée Stendhal les futurs héritiers du patrimoine ont pu tirer bénéfice de ce séjour mais aussi ceux qui ont cicatrisé pour un temps de leurs blessures de famille ou d’une société qui les appelle à la passivité. Il existe le syndrome de Stendhal qui atteint ceux qui sont tellement submergés par l’émotion artistique qu’ils connaissent des troubles physiques. Moments didactiques et partagés devant les esclaves de Michel Ange émergeant de la pierre à la Galléria dell Accadémia, connivences sur l’échine d’un sanglier florentin, des milliers de photographies pas forcément tournées vers les acanthes décoratives. Des épisodes revigorants pour croire que l’éducation est possible, même si parfois nous sommes portés à en douter chez Darcos et Sarkos. Le pays de Pétrarque est aussi celui de Berlusconi qui veut des jolies filles sur ses listes aux élections européennes. "Une de Berlu, dix de détroussées": merci le Canard Enchaîné.De quoi se changer en arbre comme Daphnée pour échapper à Apollon, et là c’est divin quand le Bernin est au maillet.
bravo ça c'est une véritable aventure artistique et pédagogique
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