vendredi 24 avril 2009
La rêveuse d’Ostende
E.E. Schmitt connaît un grand succès en librairie ; je l’avais apprécié au théâtre dans « les variations énigmatiques » où il était question des rapports de la littérature à la réalité. Dans ce recueil de nouvelles, des personnages interrogent aussi nos rapports aux livres : la rêveuse ne lit que des classiques, un autre méprise les romans de fiction au plus haut point, quant aux livres achetés en grande surface... Sujets intéressants, mais si au théâtre nous pouvons échapper aux lourdes présentations, là l’auteur m’a fait souffrir. Quand il marche pied nus à Ostende, c’est la morsure du sable qui vient ; pour les galets : prévoir des sabots. Les sujets sont intéressants comme la relativité de la beauté humaine, avec pas mal de rôles féminins aux formes généreuses, mais les situations mises en place sont trop didactiques, prévisibles, artificielles, sans subtilité : un théâtre de marionnettes.
A OSTENDE
RépondreSupprimerA Ostende l'onde est un songe, la lumière une vague, l'écume une bière âcre.
Là-bas les mouettes se lamentent et les hommes ont l'âme lourde, ce qui est hautement réjouissant car à Ostende tout ce qui gémit est béni.
On vient à Ostende non pour y mourir mais pour voir mourir : dans cette ville en perpétuel automne la mélancolie est un spectacle intime. Les nuées y sont sombres, les âmes brumeuses, les flots lumineux.
A Ostende au casino face à la mer on joue, on perd, on pleure : on est heureux.
Dans cette capitale de la nostalgie l'amour est lunaire, la mort intermédiaire, la vie un interminable regret.
L'existence y est pâle, sereine, quasi funèbre. C'est la chose la plus délicieuse d'Ostende.
A Ostende il y a plein de vieilles en rouge à lèvres qui traînent leurs secrets d'amour glorieux et désuets : dans la ville flamande une tendre poussière recouvre les coeurs séniles.
Ostende est une ville égarée entre la mer et les étoiles, figée dans un siècle de naphtaline.
Raphaël Zacharie de IZARRA