Nous étions si heureux, au milieu de la rue en chantant :
« La hiérarchie, c’est comme les étagères, plus c’est haut, moins ça sert »
Parfois nous pouvons penser que nous avons gagné en familiarité avec les têtes d’affiche, à défaut d’égalité.
Sur la toile, tout un chacun accède à l’expression.
Clic ! Clic ! : Finky, Ségo, Titinne se font alpaguer mieux qu’au coin de la rue :
plus de maîtres-penseurs, plus de maître, plus de…
Nous sommes à tu et à toi, à tue-tête. C’est le forum en mon fauteuil, la démocratie.
Et si l’on soulevait le voile, la toile ?
Dans le milieu enseignant, il me semble que le conformisme gagne.
Tout n’est pas perdu : nous nous épargnons quelque fatigue avec les pompeux persuadés de leur vérité. Les particularismes maintenant s’assouvissent en sites, en réseaux, mais en dehors des cohortes sonorisées, il n’y a plus trop de voix dissonantes dans les assemblées.
De mon temps les inspections se raréfiaient, les inspecteurs s’éloignaient, dans une nuée de paperasses. Dans ce domaine de l’encadrement encore plus qu'ailleurs, je ne sais mesurer l’étendue des dégâts. Mes collègues toujours sur le terrain pensent me consoler: « tu es parti au bon moment ! »
Il m’était arrivé de déplorer un acquis syndical demandant aux inspecteurs d’avertir de leurs venues. Pourtant jadis, j’avais même milité pour leur retour aux champs. L’illusion d’une inspection précédée parfois de répétitions ne trompe pas un œil averti. De toutes façons, la note est péréquée : tout va bien. Paradoxalement cette visite annoncée sacralise l’inspection. Tout le monde tremble lors de cet événement exceptionnel. Sommes-nous si fragiles, peu sûrs de nous que des instructions officielles changeantes nous agréent à tous les coups.
Il n’y a pas si longtemps, les inspecteurs exerçaient leur autorité sans excès. Maintenant l’ordre règne.
Les protestations visent parfois un ministre lointain, mais il est rare que l’on rétorque à son inspecteur, que l’on s’oppose à un conseiller municipal.
Il y a bien aussi le retour sournois des maîtres- directeurs, faute de directeurs. Des adjoints s’étant défaussé de leurs responsabilités tandis que d’autres soignent leur plan de carrière : bénéfice réciproque. Le chef trônera plus près de chez vous.
« Si je viens m’immiscer ainsi au milieu des…
Non, la ligne est barrée.
Si je peux me permettre de m’adresser à vous…
Non plus. Pourquoi ce ton contrit ? Mieux vaut une formule plus directe et plus ferme :
Monsieur, je m’adresse à vous en ma qualité de directeur de l’Ecole Universelle, et au nom d’un grand nombre des hommes de cette région…
La formule est plus fière, mon aïeul la conserve. » A. Maalouf
il y a 40 ans une mienne amie institutrice pratiquant "les méthodes actives" reçoit impromptument(sic) la visite de son inspecteur. Il connaît les pratiques innovantes de la "maîtresse" et sans un mot, avec cependant un geste de connivence à l'égard de l'enseignante, il va s'assoir au fond de la classe et joue à être un élève (sympa non, un inspecteur joueur!)
RépondreSupprimerEt il lève le doigt, tiens! Très souvent pour donner sa réponse de bon élève. Il s'agite sur son banc, frétille du croupion !
En vain. Les yeux de La jeune enseignante très mal à l'aise( vous pensez bien !)évitent le fond de la classe !
Soudain n'y tenant plus le "cancre" de la classe (c'est à dire celui qui a une vision globale du monde et se donne la liberté de choisir ses intérêts !)donc le cancre en question se dresse et hurle :"maîtresse y a le vieux au fond qui a besoin d'aller pisser!"
Les Normands ont leur franc parler même à l'école !