J’apprécie François Dubet car dans les débats concernant l’école, il sait situer tout en nuances sa place de sociologue et il exprime les positions aussi bien des profs que des élèves, sans asséner de leçons. Il sait que les acteurs du milieu éducatif retiendront ce qu’ils voudront de ses études. Ainsi le syndicaliste se servira de ses écrits quand il évoque la violence sociale extérieure mais ne semble pas avoir lu les lignes concernant la violence interne. Ce qui tranche avec les autres publications, c’est qu’il n’ignore pas les blocages, il ne les méprise pas, il les comprend, il sait reconnaître la pertinence d’arguments contraires à ses inclinations au sujet par exemple de la baisse du niveau, des vertus du redoublement, des répercussions de la taille des classes…
Les fonctions de l’école sont bien la distribution, la transmission, l'éducation tout en ménageant la nécessité de l’égalité et celle du mérite : vastes programmes pour Sisyphe au ministère.
Des questionnements stimulants : « à qui appartient l’école ? », des observations éclairantes : « le déplacement des tensions du système vers les individus ». En annexe la reprise d’un de ses articles dans Libé, où il défendait le collège unique contre la proposition de J.L. Mélenchon qui souhaitait rétablir des filières professionnelles dès la classe de quatrième ... en 2001.
Le temps d’un livre, on pense voir un peu plus clair, et il suffit d’un coup de ciseaux sur une joue professorale, et d’une pique jargonnante « des tendanciels systémiques » pour que les bras vous tombent. J’ai du temps pour me pencher sur ces papiers là, et je n’ai plus de bras, d’où ma molle lecture. Mais quand on voit le déni des travaux les plus documentés consacrés par exemple au rythme des enfants, le lecteur amateur peut avoir la tentation de replonger dans un recueil de poésies pour une efficacité égale. Ceux qui ont à épauler les jeunes vers l’avenir peuvent-il porter leur regard par- dessus la circulaire du jour, sont-ils condamnés à la défensive symétrique d’une volonté de rabaisser le débat au niveau des couches-culottes ?
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