dimanche 18 janvier 2009
Les possédés.
Un monument. Six heures de spectacle avec bortch à l’un des entractes : une expérience pas forcément fatigante, même s’il faut reconnaître des fléchissements de l’attention. Quelle chance d’accéder à cette œuvre majeure grâce à Chantal Morel, sans s’encombrer avec les multiples patronymes russes, en se délectant des questions éternelles posées violemment par Fédor Dostoïevski ! « Autant de richesse et si peu de joie - c’est dégoûtant pour moi »est une petite phrase mise en évidence sur le document distribué à l’entrée, mais il y en a tant de ces pensées qui tapent juste, que même si certaines échappent, assister à cette pièce, c’est comme ouvrir un coffre rempli de pépites de théologie, de politique, de psychologie, de dramaturgie, de poésie. Ecrit en 1870 : c’est ébouriffant d’actualité par exemple quand l’humaniste parasite mais émouvant demande ce qu’il y a de plus important : Shakespeare ou une paire de bottes ? Je me retrouvais dans une discussion récente au sein de notre association politique. L’observation aigüe des comportements humains, des passions, du fonctionnement des groupes, semblait datée de cette nuit. Les interrogations concernant Dieu, la mort ne sont pas plaqués sur une agitation de personnages, mais incarnées, les mots ne sont pas qu’un bruitage. La mort peut venir des mots. Nous sortons plus riches.
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