dimanche 18 septembre 2022

Multitude. Stromae.

Je me souviens de mon enthousiasme modéré alors que l’apparition de Paul Van Haver , tellement fulgurante, fut saluée de toutes parts
Dans l’océan des propositions musicales qui mesurent mon obsolescence, je me  raccroche à quelques célébrités, surtout quand Booba nous appâte avec une déclaration choquante envers l'auteur interprète belge : 
« on s’en bat les couilles de ta vie, tu nous sers à quoi… »
Le triste devient attractif, même si quelques formules de « La solassitude » sonnent le creux :
« Le célibat me fait souffrir de solitude
La vie de couple me fait souffrir de lassitude »
ou que le « caca » mesure la qualité d’une « Bonne journée » 
 ou d’une « Mauvaise journée » 
« Une bonne journée de merde » 
et marque la condition de parents : « C’est que du bonheur »
 « Tu verras c’est d’la joie
Y a les couches et les odeurs
Y a les vomis les cacas et puis tout le reste » (bis)
Il attrape bien les mots de l’heure et se défend : « Invaincu » :  
« Tu crois que tu vas m’la mettre
Même pas en rêve p’tite putain »
et rend un bel hommage aux putes dans « Fils de joie » :
« Ils te déshumanisent
C’est plus facile
Les mêmes te courtisent ». 
Il respecte ceux qui n’ont pas de « Santé »:
« Célébrons ceux qui n’célèbrent pas ».
Mais quand il demande « Riez », la musique guillerette soulignerait plutôt la profondeur d’une tristesse qui ne croit pas à son rêve :
« … d’avoir la piscine et la villa quatre façades ». 
«  Pas vraiment » commence avec :
«  Qu’est ce qu’on est beau sur la photo »
et se termine :
« Oui toi et moi on devrait s’arrêter là » 
«  Mon amour » est teinté d’humour :
« Pourquoi tu t’en vas, c’était la dernière fois  
C’était juste un coup d’un soir »
Alors que de bonne volonté, il ne manque pas dans la «  Déclaration » :
« Mais il faudrait surtout pas que madame porte la culotte
Même si la charge mentale on sait bien qui la porte »
Son histoire personnelle a touché des milliers de solitaires qui veulent en finir, 
par ses mots élémentaires : « L’enfer »
« Est-ce qu’y a que moi qui ai la télé ?
Et la chaine culpabilité ?
Mais faut bien se changer les idées
Pas trop quand même » 

samedi 17 septembre 2022

Le pays des phrases courtes. Stine Pilgaard.

Chronique poétique et drôle de l’arrivée dans un village au Danemark de l’épouse d’un prof, elle n’arrive pas à obtenir son permis de conduire et épuise les moniteurs. 
Le sujet pourrait être ténu, il l’est, mais le regard décalé de la jeune femme qui doit être invivable au quotidien, est original. 
Ses réponses au courrier des lecteurs qu’elle tient dans une gazette locale sont empreintes d’un bon sens inattendu et rendent agréable la lecture des 285 pages. 
- «  Ne te demande pas avec qui tu veux te marier, mais plutôt de qui tu pourrais divorcer. »
- «  La vie n’est pas un évènement, mais un mouvement fugace et indifférent dans un espace sombre. Toutefois la beauté peut advenir avec spontanéité. Un beau poème, une peinture étrange, une vue qui vous coupe le souffle. »
- « Si tu es drôle, ne cherche pas quelqu’un qui est aussi drôle mais quelqu’un qui a envie de rire. Si tu es douée pour faire la cuisine, ne pourchasse pas un chef, mais trouve quelqu’un qui a faim. » 
Elle s’affronte parmi tant de personnes bienveillantes à l’incommutabilité avec ses semblables, plus à l’aise à l’écrit que dans les situations de tous les jours. 
« Tu vas y arriver, je me murmure à moi-même, tu es immobile et blanche comme une statue, tu es une peinture avec un cadre doré dans la salle à manger de ta grand-mère, tu es un cerf et des lacs forestiers, des nénuphars qui ondulent. Tu es IKEA, un zoom paniqué sur des pétales de fleurs, des gouttes de rosée au soleil. Des milliers de reproductions. Tu es si neutre que tu es accrochée partout dans les chambres d’hôtel du monde entier, tu es la dernière chose que les gens voient avant qu’ils sombrent dans la baignoire et se taillent les veines… »    
Visions alcoolisées, loufoques et mélancoliques: Art contemporain : 
« Il a enregistré le son de deux tranches de pain qui sautent d’un grille-pain et le mixe avec l’enregistrement de sacs-poubelles tombant dans un vide-ordures. »
 L’hiver approche : 
«  Quelqu’un repoussera l’aspirateur dans un placard, essuiera les miettes sur les tables, rangera les meubles du jardin dans la remise. Les volets claqueront, quelqu’un fera un dernier tour, fermera les portes de chaque pièce, verra un reste de toile d’araignée, mais n’aura pas la force de l’enlever. » 

vendredi 16 septembre 2022

Et alors ?

La réplique un tantinet fataliste vise à ne pas subir les circonvolutions d’une conversation telle qu’elle pouvait se déployer de vive voix du temps où le monde se refaisait au coin des canapés.
Les mots désormais vivent plutôt sur des pancartes et clignotent en punchlines, c’est qu’une roue arrière épatera plus le bourgeois qu’une proposition pour réorienter une politique éducative.
Quand une nouvelle méthode se met en place (CNR) pour essayer de sortir de la fatigue démocratique et du court terme, les trublions fauteurs n’en veulent pas et préfèrent servir d’écrin aux « black blocs ».
Les institutions sont malmenées par ceux qui en vivent, leurs clowns discréditent le travail parlementaire et regrettent qu’on ne leur donne pas plus la parole, alors qu’on ne voit qu’eux et on n’entend que leurs criailleries.
En dehors de « Macron-des-ronds » les réponses aux problèmes 
de l’emploi, 
de l’environnement, 
de l’école, 
demanderaient prospective et compromis.
Reste à nous amuser : Caramba ! Encore raté pour Jean Luc Tapioca. Ses affiches où il pose en premier ministre putatif pâlissent.
L’emploi s’améliore, les démissions se multiplient, les paradoxes prospèrent.
Je ferme mes tiroirs dans lesquels jaunissent les mots d’un autre siècle : « conscience professionnelle », « vocation » et j’avale la clef.
En ce qui concerne le travail, je me situe depuis une récente chicaya, du côté de « traverser la rue » plutôt que « tu veux être chirurgien, va en teuf !»
Les écologistes ont développé l’usage de la bicyclette, l’état a participé aux financements.
La société avance parfois sur deux roues, malgré la saugrenue Rousseau et autre inepte Piolle qui portent tort à une pédagogie de la sobriété partagée par tous les inquiets de l’état de la planète.
La configuration des concours d’accès aux métiers de l’école devrait être revue, mais la crise des recrutements touche d’autres nations où les rémunérations sont plus élevées que chez nous. On ne trouve plus assez de chauffeurs de cars scolaires non plus, c’est que les mômes ne sont pas si mignons mignons.
Pour évoquer « Le peuple » s’impose à moi l’image d’un ensemble dont chacun est une partie. Dans la marche de la société chaque membre a sa part à accomplir; les muscles aux actions antagonistes créent le mouvement. 
« Que fait l’état ? » est le mantra entendu inévitablement sur les plateaux quand un fou met le feu à la forêt ou un supporter du PSG vient faire le coup de poing à Nice avec les Ultras de Cologne. Les mêmes trouveront l’état trop interventionniste, le lendemain.
L’insignifiance de certains médias s’aggrave de conformisme quand est désigné le seul « Cher connard » comme le livre de la rentrée 2022.
Quelques journalistes ont découvert les classes populaires lorsqu’elles ont revêtu leur gilet de sécurité extrait du coffre de leur voiture et culpabilisent de les avoir méprisées : 
le beauf caricaturé  a impressionné le bobo caricaturable. 
Leurs demandes de plus de services et de moins d’impôts sont-elles suffisamment contradictoires pour dispenser de tout commentaire ?
La reine est morte, petits marquis et barons se portent bien, nos petits rois ont leur cour et ne veulent entendre que tout a un prix, que toute inspiration est suivie d’une expiration, oxygène et gaz carbonique, fumier et parfum des fleurs. La mort vient après la vie et vice versa. 
« L'opinion publique est reine : elle ne gouverne pas. » Joë Bousquet
Et alors?

jeudi 15 septembre 2022

Anne Bothuon. David Farren

Effet « Wahoo ! » à la galerie 66 à Périgueux 
face aux personnages d’Anne Bothuon ficelés dans la ouate.
Ce matériau léger comme un nuage, est utilisé d’une façon originale avec la tarlatane dont j’ai appris à l’occasion le nom de cette « étoffe de coton à tissage très lâche et très apprêté, contrairement à la mousseline, plus souple et légère ».
Le résultat est poignant : l’humanité des modelages représentant des femmes nues loin de la perfection du Bernin les rend tout aussi belles.
La légèreté des rêves effleure l’expressivité des rides.
Ces êtres de théâtre ont croisé nos vies affairées et leurs images persistent après avoir poussé la porte de la galerie où nous n’avions pourtant pas la prétention d’acquérir une de ces œuvres impressionnantes.
J’aurais par contre bien aimé acquérir une page des carnets de l’anglais David Farren
mais elles n’étaient pas en vente.
Ses aquarelles vives plus accessibles que les grandes toiles m’avaient frappé dans la profusion de deux sketchbook où chaque feuille recto-verso a saisi les vibrations de la lumière.
Les aquarelles sont devenues tellement communes 
qu’une découverte n’en a que plus de prix.
Dans leur familiarité, la virtuosité des esquisses m’a touché.
L’anglais a beaucoup valorisé le Périgord : classique et tellement charmant.

mercredi 14 septembre 2022

Blois # 2. Le château.

Nous ne tergiversons pas et optons pour le grand parking souterrain du château, 
surtout que les 2 premières heures sont gratuites.
Le cygne "navré" emblème de Claude de France, femme de François Ier.
Nous avons déjà les billets d’entrée pour la visite du château Royal,
achetés hier en combiné avec le son et lumière, alors nous évitons la queue au guichet.
Au contrôle, le personnel nous confie une tablette 
qui doit nous permettre de lire des textes et de visionner des reconstitutions.
Les premières informations recoupent celles présentées hier à savoir que l’ensemble regroupe quatre bâtiments de quatre époques et quatre styles différents :
l’aile du moyen âge avec les comtes de Blois
l’aile gothique flamboyant en brique et pierre de Louis XII et Anne de Bretagne 
l’aile Renaissance en pierres de François 1er et Claude de France, fille des deux sus nommés
et l’aile classique de Gaston d’Orléans au XVII° siècle.
Le circuit commence par les anciennes cuisines.
On peut y voir des maquettes et diverses informations concernant l’architecture.
Une salle propose aussi des travaux d’enfants à base de boîte. 
Nous empruntons ensuite l’escalier d’apparat extérieur, caractéristique de la Renaissance.
Il nous mène à la chambre du Roi pourvue de 2 grandes cheminées
et d’objets en relation avec la chasse,
à la salle des Valois remplie de bustes de rois ayant séjourné au château à la galerie de la Reine, sa garde-robe, son oratoire, sa chambre et surtout son Studiolo.
C’est le seul conservé en France ; il  dispose de 180 panneaux  en  bois qui, lorsqu’on en manœuvre certains au moyen d’une pédale, s’ouvrent sur des vitrines contenant des œuvres d’art, notamment des faïences. Au sol de ces salles, les carrelages vernissés surprennent par leur éclat vif et leurs motifs géométriques.
Au 2ème étage, nous pénétrons dans l’appartement somptueux  de Henri III, 
inspiré par les cours italiennes.
L’endroit fut témoin de l’assassinat du Duc de Guise. Ce  fervent catholique, devenu dangereux, fut convoqué au château et tomba dans un traquenard  où l’attendaient 45 gascons à la solde du monarque, sans espoir d’en réchapper : il défendit sa peau mais succomba.
 «Il est plus grand mort que vivant ! » aurait dit le Roi.
Un musée des beaux-arts occupe aujourd’hui l’aile Louis XII.
Ronsard
Çà et là, sur les cheminées,
les initiales de L et A rappellent le nom des illustres  propriétaires d’autrefois.
En fin de visite, nous découvrons la salle des états, voulue par le comte Thibault VI en 1214. De grandes proportions, elle servait aux comtes de Blois pour rendre la justice puis à accueillir les États généraux convoqués par Henri III en 1576 et 158
La chapelle Saint-Calais placée à l’extérieur dans la cour date de Louis XII ; elle perdit sa nef lors des constructions entreprises par Gaston d’Orléans et a souffert des bombardements lors de la 2ème guerre mondiale.
Des fortifications du XIII° au XVII°, il ne subsiste que la Tour du Foix, en écailles de bois, arasée par Gaston d’Orléans. Le jardin de la terrasse du Foix près de la tour s’’étend sur une esplanade aménagée au-dessus de la vallée de la Loire. Elle est  recouverte en partie d’arbustes et de plantes anciennes pour évoquer les jardins royaux disparus et particulièrement appréciés par Anne de Bretagne et Gaston d’Orléans, des passionnés de botanique.
Il est l’heure de se restaurer et de s’accorder une pause à la fin de la visite.
Après avoir franchi la porte d’entrée surmontée du « condottière », statue équestre de Louis XII, nous nous installons sous les parasols du « Marignan ». L’établissement  se situe sur la vaste place, entre la maison de la magie et la royale demeure et nous propose du lieu à l’estragon bien apprécié.