mardi 24 mai 2022

Ces jours qui disparaissent. Timothé Le Boucher.

A mon avis, la ligne claire ne convient pas à ce long récit décrivant un dédoublement de la personnalité qui devrait troubler, déstabiliser davantage. 
Lumbin est acrobate dans un cirque et son double informaticien. 
D’abord à mi-temps, l’un va prendre l’ascendant sur l’autre, pendant que le temps avance de l’adolescence à l’obsolescence.
Un psy confronté aux deux aspects du personage porte un avis tranché : 
«  Mon client a une carrière exemplaire, des relations amicales saines et une vie de famille épanouie. Son parcours est un modèle de réussite. Et vous qu’avez-vous fait ? 
Une vie sans avenir, bercée par des ambitions parasites. Vivant aux crochets de la société, profitant de l’argent de ceux qui travaillent réellement. » 
Navigant entre description d’un trouble psychiatrique, parcours de vie, interrogation personnelle, portrait sociétal, la naïveté ne rend pas l’ensemble plus limpide. 
Le nombre de personnages secondaire extensible contraint à la caricature. 
Le titre et les dessins des acrobatiques intermèdes graphiques constituent le meilleur de cette production insipide. 

lundi 23 mai 2022

Ghost song. Nicolas Pedruzzi.

Rap, gang et drogue. L’omniprésence de la musique soutient notre intérêt, mais les paroles invariablement accusatrices perdent de leur impact quand rimes et  rythmes prennent le dessus sur le sens.
Une dispute à la guitare entre oncle et neveu constitue une séquence forte. 
L’évolution d’une dénommée « Bloodbath » chef de gang lesbienne est tellement surjouée que même la balle qui l’a atteinte apparaît comme une péripétie inévitable inscrite dans un avenir menaçant. 
La dernière image directe d’un ouragan d’une grande violence qui s’abat sur la ville vient après des annonces par écrans interposés masquant, comme les scansions du rap, une réalité trop sidérante. 
Peut-on quand même se demander pourquoi la région Nouvelle Aquitaine a financé ce film tourné à Houston Texas, alors que par chez nous quelques villes mériteraient quelques éclairages de ses marges ?

dimanche 22 mai 2022

Helen K. Elsa Imbert.

La pièce de théâtre destinée aux enfants, exigeante et accessible, porte le nom d’Helen « K » comme  Keller, une jeune américaine sourde, muette et aveugle devenue universitaire, rédactrice d’articles et de livres. 
Elle aurait pu s’intituler Annie Mansfield Sullivan, du nom de celle qui lui a permis de percevoir et d’exprimer son monde, le monde.
Une  relation forte s'établit entre la jeune handicapée et sa gouvernante enseignante faisant valoir son autorité du haut d’une cécité guérie qui lui permet de dépasser une indulgence familiale délétère.
Elle ne  confond pas compassion et abandon. Une détermination exceptionnelle permet à la petite handicapée de sortir de l’isolement absolu.
La poésie de la mise en scène n’occulte pas l’âpreté du destin des deux femmes, exemplaire par un dévouement, un engagement mot après mot, lettre après lettre. 
Le processus éducatif empruntant au langage Morse et à Braille pour la cumularde en incapacités vaut pour tous les éveils, tous les apprentissages. Le beau métier d’enseigner ne connaît pas seulement ses récompenses avec un niveau de rémunération.

samedi 21 mai 2022

Vider les lieux. Olivier Rolin.

A l’occasion d’un déménagement, « une fin du monde au petit pied », depuis la littéraire rue de l’Odéon à Paris rendue familière, l’écrivain digresse et on le suit.
Dans une formule contenue parmi ces 220 pages, les mots de la littérature, oui, « frappent le réel à petits coups de marteau » ainsi que l’écrit Walter Benjamin. 
« Pour en graver l’image comme en relief : la touffe d’absinthe flagellée par le blizzard, le hennissement désespéré du cheval dans la nuit, le gant perdu dans la panique. »
Ce travail jamais achevé laisse surgir l’aubaine d’une rencontre qui vient pour moi, à point nommé.
Il est question d’une colossale bibliothèque, ne contenant pas que des livres, à mettre dans des cartons. Olivier Rolin a eu la bonne idée de marquer sur la page de garde l’endroit où les romans ont été lus, et comme il a beaucoup voyagé, les citations, les évocations d’auteurs rares s’agrémentent des paysages alors traversés. 
J’ai révisé avec lui, et j’ai appris qui était Tom Paine, député de la Convention : « anglais de naissance, américain d’adoption, français par décret » qui ne parlait pas un mot de français et dont il fallait  traduire les discours. 
Tant d’autres découvertes pourraient accabler le lecteur sous une trop brillante érudition mais les quelques faiblesses de sa mémoire nous rapprochent :
« Je doute malheureusement de n’avoir jamais le loisir de répondre à ces signaux venus du passé, le monde entre-temps a rétréci, comme ma vie. Il me revient aussi, mais alors «  vaguement « n’est pas le mot qu’il faut, c’est un lambeau, une diaphane pellicule d’un souvenir que je ne peux saisir, dont je ne puis même deviner la forme, une chose immergée dans une profonde eau noire et dont j’aperçois, aussi indistincte que ces bribes de rêve qui subsistent un instant au réveil avant de s’évanouir… » 
De la même façon que nous parviennent par ces pages, des airs de Sibérie, les ronchonnements et autre nostalgie d’un conscrit habillent gracieusement mes propres abandons : 
« … je m’étonne du nombre d’êtres différents qu’avec le temps abrite cette enveloppe informe qu’on appelle « moi » : ce jeune fanatique ignorant et crédule au point d’ajouter foi aux galéjades de « La chine en construction », le vieil écrivain sceptique qui est son dernier avatar éprouve à le contempler la surprise qui le saisirait si lui revenaient, étranges mais incontestables, des souvenirs d’une vie de coccinelle ou d’escargot… »

vendredi 20 mai 2022

Qui veut réécrire l’histoire ? Le «1».

Je fais assez confiance aux publications que dirige Eric Fottorino
pour penser que ce hors série de 90 pages irait au-delà de la dénonciation facile des manipulations de Zemmour : 
«  Les juifs étaient vus par l’Action Française comme trop facilement  intégrables dans le contexte d’une République « enjuivée » […]
Chez Zemmour, les musulmans sont vus comme non assimilables. » 
Quant aux références du polémiste au-delà d’un clip déjà oublié : 
«  Michelet avait une vision progressiste de l’histoire. Il pensait que la France était le pays de l’universel parce que sa personnalité, son intelligence collective marquée par la dialectique, la lutte des contraires, faisaient qu’elle était toujours en mouvement. »  
Les historiens s’exprimant dans ce numéro ont quelques divergences, que je trouve également justes : 
«  L’historien lutte contre l’arrogance du présent »
« … libérons-nous de l’illusion selon laquelle on pourrait puiser dans les exemples de l’histoire, plutôt que dans les urgences du présent, la matière de nos choix politiques. »
Pour être sur le déclin, les thèses déclinistes me touchent parfois, sans m’amener toutefois au messianisme. Un des rédacteurs relie ces deux pathologies constitutives de trumpisme, le « bullshiteur », stade avancé du menteur au « flatus vocis » (flatulence vocale)  de Cicéron». Pour avoir abusé de la photocopieuse en tant qu’instit’, piochant dans divers livres d’histoire  davantage pourvoyeurs de questions que d’informations, je souscris aux propos de Patrick Boucheron : 
« L’Histoire est un art de l’émancipation. 
La réduire aux manuels et aux programmes est un piège ».
Pourtant certains de ses confrères tout en dénonçant leur lourdeur auxquels ils reprochent de ne pas assez parler de la guerre d’Algérie ou des mutins de 1917, en appellent à sortir d’une vision trop hexagonale, de quoi ajouter quelques pages ou plutôt quelques sites à consulter.
J’ai appris de Pierre Nora, décrivant le passage de la sacralisation de la résistance au désenchantement, à propos de Guy Môquet que : 
« Lors de son arrestation, il portait des tracts expliquant que De Gaulle était le « fruit de la City judaïsante de Londres ».
Je garderai le souvenir de sa dernière lettre. 
« Je vais mourir ! Ce que je vous demande, toi, en particulier ma petite maman, c'est d'être courageuse. Je le suis et je veux l'être autant que ceux qui sont passés avant moi. Certes, j'aurais voulu vivre. Mais ce que je souhaite de tout mon cœur, c'est que ma mort serve à quelque chose. » 

jeudi 19 mai 2022

Monochromie, noir et demi-teintes. Serge Legat.

Après nous en avoir fait voir de toutes les couleurs, le conférencier devant les amis du musée de Grenoble achève le cycle consacré au rouge, bleu, vert, jaune, blanc, par le gris. 
Il entame la séance par la monochromie dont Yves Klein qui a « libéré la peinture de ses lignes » est un représentant évidemment éminent. « Pure pigment » à la fondation Venet.
Voué au bleu outremer, devenu « IKB » (International Klein Blue), il cherche l’absolu : 
« Le bleu rappelle tout au plus la mer et le ciel, ce qu'il y a après tout de plus abstrait dans la nature tangible et visible ».
« L'esclave mourant d'après Michel-Ange »
 Avant de décéder à 34 ans, il confie :« Je vais entrer dans le plus grand atelier du monde. » 
Pour son centenaire, Soulages eut après Picasso et Chagall les honneurs du Louvre dans le salon carré à côté de « La bataille de San Romano » d’Ucello.
Parmi ses 1700 tableaux, où « Le noir est la couleur de la lumière », 
nous en avions vus quelques uns à Lens
et à Lyon  
Rétif aux symboliques, rejetant tout lyrisme, à contre-courant des efflorescences de couleurs d’après guerre, il a travaillé dans le registre des origines, quand le charbon de bois laissait une trace sur les parois préhistoriques. 
En dialogue avec Hartung, « Le pacte du noir » , il sait bien parler de son art : 
«Je ne dépeins pas, je peins, je ne représente pas, je présente.»
Il réalise 104 vitraux à « l'abbatiale de Sainte-Foy de Conques ».
Le noir est lié depuis la Bible aux ténèbres, au péché : le chat au pied de « L’Olympia » de Manet, une « grande horizontale », est tout le contraire du chien fidèle.
C’est la couleur du deuil, Bouguereau « Le jour des morts » 
L’« Etude pour le radeau de la Méduse » de Géricault prépare la présence forte du personnage foncé au sommet de la pyramide de l’espoir. Jadis « niger » désignait le noir brillant, le plus prestigieux, comme il l’est en Afrique, frotté d’huile,et « ater » (d’où « atrabilaire » et sa bile noire) le noir mat.
Dans les pays orientaux, les caucasiennes étaient des esclaves particulièrement recherchées, mais pas toujours esclaves. « Le Massage. Scène de hammam. »  Edouard Debat-Ponsan.
Alors que le drapeau de l’anarchie a concurrencé le drapeau rouge, le noir a convenu aussi aux uniformes d’extrême droite.
L’austérité du sombre convenait bien aux protestants « Portrait de Martin Luther » par Lucas Cranach l’Ancien.
« Charles Quint » (Le Titien) a adopté le noir de la vertu et du pouvoir, devenu celui du luxe discret :

« La petite robe noire »
.
Alors que les prêtres étaient de noir vêtus, les évêques portent du violet.
Comme la fleur violette, ou « L’améthyste », elle ne recueille pas beaucoup de suffrages, signe du carême, de la vieillesse, du demi-deuil,
Pál Szinyei Merse
« Dame en violet ».
L’orangé
, demi-couleur également présente dans la nature, est nommé depuis le 14° siècle quand sont importés des orangers.  Francesco Zurbaran, « Nature morte aux oranges ».
Le rose, dit auparavant incarnat, comme « incarnation », était la couleur de la chair, celle de la douceur, de la tendresse, celle de Boucher « 
Le triomphe de Vénus », mais aussi de la mièvrerie, « à l’eau de rose » et de la stigmatisation de l’homosexualité.
« Le triangle rose »
« Henri IV  en Dieu Mars »
par le maniériste Jacob Bunel 
reste dans les tons intermédiaires évitant les couleurs franches.
Couleur la plus basse, foisonnant dans la nature, le marron associé à la saleté a supplanté le brun, celui du pelage de l’ours et des brutales chemises. Peint par Giotto « Saint François d'Assise recevant les stigmates »  dans son humble robe de bure a choisi la pauvreté. « Les couleurs sont les touches d'un clavier, les yeux sont les marteaux, et l'âme est le piano lui-même, aux cordes nombreuses, qui entrent en vibration. » disait Vassily Kandinsky
comme l’exprime aussi sa « Rue principale de Murnau ».
Pour lui, le gris « tend vers le désespoir lorsqu’il devient foncé et retrouve un peu d’espoir en s’éclaircissant. », il fait chanter « Plusieurs cercles ». Gris du béton, de la tristesse mais aussi de la matière grise.
Mark Rothko
a peint  « Black on gray » peu avant de se suicider. 
« A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles, »
Arthur Rimbaud 
«… le bleu clair est comme une flûte, le bleu foncé comme un violoncelle, et quand il est encore plus sombre, il devient une merveilleuse contrebasse. La forme de bleu la plus profonde et la plus sereine peut être comparée aux notes profondes d'un orgue». Kandinsky

mercredi 18 mai 2022

WISSEMBOURG

Nous partons à WISSEMBOURG près de la frontière allemande. 
Nous déposons l’automobile  au parking à l’entrée de la ville.
Nous continuons à pied jusqu’à la place de la république où face à la carte alléchante du restaurant « La couronne » nous cédons à notre appétit. L’établissement sert des plats alsaciens : nous tentons sans le regretter le sandre sur choucroute et raifort, pommes de terre et Sylvaner.
Guy teste la Quetschetaart .
Alors que nous déjeunons, une grosse averse éclate ponctuée de coups de tonnerre  mais elle a le bon goût de s’arrêter à notre sortie.
Elle nous autorise un petit tour de ville, nous passons devant l’hôtel de ville puis devant  l’église Saint Pierre et Saint Paul, d’époques romane et gothique.
A l’intérieur, de vieilles fresques dans le transept droit se délitent peu à peu, la lumière rare ne favorise pas la contemplation d’autres richesses sans doute présentes. En fond, nous entendons un orgue en répétition pour le concert de 17h.
Un reste de cloître, inachevé, quelques tombes et des ruines s’appuient sur un mur extérieur de l’église.
Des échafaudages et des bâches masquent malheureusement  La maison du Sel citée comme l’un des plus beaux monuments civils de la ville. Cependant nous distinguons quand même les toits conçus hauts et aérés pour le séchage des denrées, tel le sel. Nous traversons la petite ville endormie comme beaucoup le dimanche, où flânent cependant quelques touristes.
D’un coup de voiture, nous rejoignons CLEEBOURG.  Notre hôte nous a recommandé sa cave coopérative pour laquelle il travaille en tant que vendangeur chaque année.
Suite à la guerre, la destruction des vignobles sur la ligne de front a poussé les viticulteurs  à s’unir pour replanter, repartir à zéro, et se soutenir dans l’exploitation de la production.
Nous commençons par une dégustation de plusieurs crus, servis par un vigneron à très fort accent, à la limite de notre compréhension et surpris de notre tempérance concernant le nombre de nos tests œnologiques. Pourtant, nous avons goûté au pinot gris dont le « vieilles vignes », aux gewurztraminers, vendanges tardives ou lune de miel, hésitant devant les crémants.
Pendant que nous sirotons, notre barman producteur nous informe sur les résultats de l’évolution climatique, poussant à vendanger de plus en plus tôt mais offrant  progressivement de meilleures conditions  que dans le sud du pays. De plus, la qualité des vins s’améliore depuis une quarantaine d’années, s’adressant à une clientèle plus exigeante que celle des allemands accusés de couper leur vin avec de l’eau. Après l’achat de quelques bouteilles à ramener pour offrir et pour nous, nous désirons nous promener dans « les plus beaux villages de France » de la région nord de l’Alsace.
Nous traversons HUNSPACH, sans halte pour l’instant, digne de sa réputation, et nous admirons l’unité des maisons à pans de bois toutes de couleur blanche et bien léchées.
Nous continuons  directement sur BETSCHDORF dans l’espoir de visiter le musée des poteries gris et bleu cobalt typiques des artisans de ce bourg, ouvert ce dimanche.
Il loge dans un vieux corps de ferme restauré. Tout d’abord, nous visionnons un petit film pédagogique projeté dans une pièce à côté de l’accueil.
Il montre les matériaux et explique les techniques, le chauffage des fours poussé  à 1200° avec du sel, la vitrification des objets pour les imperméabiliser et garantir la conservation des aliments.
Dans la vieille maison attenante, des vitrines protègent des pots, des timbales, des urnes, des vases, même des WC décorés de motifs variés et façonnés à des siècles différents.
Trop de reflets dus aux verres des étagères gênent malheureusement la visibilité pour saisir les détails et pour photographier. Avant de quitter Betschdorf, nous souhaitons voir un des nombreux ateliers de potiers du village, mais beaucoup profitent du repos dominical, ce qui exclut d’assister à leur travail. La boutique de l’un des rares ouverts ne nous séduit guère, exposant des petits cochons et pots miniatures pour touristes.
Nous tirons jusqu’à SOUFFLENHEIM. Cette localité vit aussi de la poterie, spécialisée dans les plats à Baeckeoffe et à kouglof plus colorés qu’à Betschdorf. Mais c’est dimanche, nous errons dans un village désert où tout est fermé  et rien n’attire particulièrement notre attention.
Nous retournons sur nos pas profiter de HUNSPACH.
Peu de monde fréquente les rues, mais nous tombons sur un peintre devant sa belle maison. Il expose ses œuvres à la peinture à l’huile qu’il a exécutées sur des morceaux de tuiles de l’église récupérées dans les poubelles. Il nous entraine au fond de la cour de la vieille bâtisse visiblement rénovée, où il est né, dans le but de nous introduire  dans une dépendance réservée à ses productions et celles de sa fille. Il nous présente une de ses inventions, un casse-tête, que nous ne parvenons pas à résoudre. 
Nous poursuivons notre marche exploratrice jusqu’à l’heure décente de se présenter au restaurant « Au cerf ». Dans une ambiance familiale, nous commandons deux Fischer, deux bouchées à la Reine, des pâtes garnies de champignons et des morceaux de viande coupés en dés.
Une fois rentrés à Soultz, nous devons revenir une 3ème fois à Hunspach récupérer le sac à dos que Guy a oublié dans la brasserie. Nous causons un petit moment avec D. avant de monter nous coucher car demain nous retournons chez nous.