mardi 20 février 2018

Grands reporters. XXI.

20 reportages dessinés nous font accéder aux beautés et aux misères du monde en 556 pages.
Stassen raconte Gibraltar et aussi les enfants soldats au Congo.
Ferrandez père et fils croisent la vie de trois générations à Cuba.
Maximilien Leroy rend compte de la vie d’une entreprise dans le plus grand bidonville d’Asie au cœur de Bombay.
A travers son histoire d’amour, Denis Desprez décrit aussi la Chine, à l’aquarelle.
Le trait de Jean Embarrat est plus énergique pour accompagner une famille d’exploitants agricoles dans les Landes.
Et les saisonniers qui ramassent des abricots en Drôme nous sont proches avec les frères Manac’h.
L’histoire personnelle d’Hippolyte rejoignant son père dans un centre touristique près de Dakar  nous parle du pays.  Alors que les enfants sorciers de Kinshasa confrontés au phénomène massif des « églises du réveil » empilent sur leur misère des détresses mentales et sociales épouvantables.   
La rencontre de Maximilien Leroy avec un SDF de Lyon nous met, un peu, à la rue.
Les Roms se rappellent à nous à travers le récit agrémenté de photographies d’Emmanuel Guilbert.
Il fait bon lever le nez vers les étoiles depuis le désert d’Atacama avec Olivier Balez. Celui-ci nous narre aussi l’exploit de son frère atteint d’une grave maladie à l’assaut du Mont Rose.
Kugler rend magnifiquement ses trajets en camion en Iran et ses rencontres avec les médecins des éléphants au Laos, comme si on feuilletait ses carnets de croquis.
Mais c’est Sacco qui a inventé le journalisme avec dessinateurs en immersion 
qui me laissera le souvenir le plus marquant, bien qu’il ait été intimidé par des individus qui tenaient à ce que cela ne se sache pas. Il nous rapporte l’ultime misère des intouchables plus intouchables que les intouchables allant disputer quelques grains de blé aux rats jusque dans leur infimes réserves dans leur trou sous la terre en Inde.
Renaud De Heyn a des contacts intéressants pour aller dans le Rif là où pousse le kif.
Tronchet nous emmène à Quito. 
Janssen du côté d’Anvers.
Agnès Montanari soulève avec délicatesse le voile de femmes au Yémen.
Nous avons aperçu « la mer à travers une goutte d’eau ».

lundi 19 février 2018

The square. Ruben Östlund.

Décidément avec les films du Suédois, je ne suis pas d’accord avec mes compagnes de salles obscures, ainsi à propos de « Snow thérapy » où il était question de lâcheté, déjà.
Et cette fois comme il s'agit, parmi tant d’autres riches sujets, d‘art contemporain, je risque d’avoir l’impression d’être perçu comme un vain baratineur, tel ceux qui sévissent dans les catalogues abscons au bord de tas de matériaux posés dans des galeries aux murs blancs, désertes.
Au-delà de la critique des vanités bien pensantes, nous avons le temps, tout bobo que nous sommes, de nous interroger sur l’art, lorsqu’il devient un outil bavard de refroidissement de nos lâchetés, de nos contradictions.
Tout y est, pendant plus de deux heures : les étrangers qui font la manche, les enfants distraitement traités, la fuite devant les responsabilités, le buz, le business, les journaleux… Je n’ai pas vu de caricature, mais un cinéma exigeant, pleinement de son temps,dérangeant, qui glace et fait sourire, avec des acteurs inconnus crédibles et une musique excellente comme les plans séquences laissant de la place pour réfléchir sans asséner de leçons.

dimanche 11 février 2018

Un mois à la campagne. Tourgueniev. Françon.

Tourgueniev, « le plus occidentalistes des Russes » quand il se pose en vis-à-vis de Zola, Flaubert et des Goncourt « repousse leur conception physiologique, « gastronomique » de l’amour, à laquelle il oppose sa vénération presque religieuse de l’Eros et de sa puissance ».
Je ne sais discerner ces caractères, mais « gastronomique » lu dans le journal de salle de la MC2, me plaisait bien.
Tout est réuni pour passer une bonne soirée avec ce qu’il faut de mélancolie et de tourments slaves convenant parfaitement au théâtre, avec de surcroît un metteur en scène de confiance
Cette fois un jeune précepteur débarquant dans une famille, fournit un argument pour approcher d’avantage de la comédie que d’une fatale tragédie. 
"Je suis brisé de chagrin et en même temps je me sens léger, comme un homme qui part pour un long voyage au-delà des mers : il a le cœur gros de quitter ses amis, il est angoissé, mais avec ça le bruit de la mer est si gai, un vent si frais lui souffle au visage que le sang pétille dans ses veines même si son cœur est lourd...Oui je m'en vais, c'est décidé."
La précision de la langue s’accorde parfaitement à la finesse des sentiments dont la complexité n’entrave aucunement la réception auprès des spectateurs ravis de passer près de deux heures autour de problèmes amoureux. Et ce ne sont même pas des problèmes : des recherches, des occasions de mieux se connaître, si loin de violences porcines ou metooyennes.
Si je connaissais mieux l’œuvre de Marivaux, je n’hésiterai pas à rapprocher cette pièce de celui dont on dit à marivaudages : «  légèreté du ton dans des propos qui parlent d'amour », ce n’est vraiment pas loin de cela.
Les acteurs sont excellents, les éclairages sur des décors sobres aux couleurs qui évoquent des fresques effacées de Pompéi, élégants. Même si les départs vers ailleurs dans les pièces russes sont toujours des issues à des situations d’ennui, de mauvais choix, du temps qui abime, je n’ai pas perçu de drame. Personne sur le plateau ne déchire sa chemise, n’empoisonne, ne flingue et c’est bien bon.

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Les petits enfants sont là, alors je m’éloigne des écrans. Reprise des articles lundi 19 février.

samedi 10 février 2018

Le garçon sauvage. Paolo Cognetti.

Mis à part le titre - je ne sais pas ce que j’ai avec les titres en ce moment - ce livre de 140 pages est un régal.
« … imaginer l’avenir me semblait une idée aussi aberrante que de prendre la route un jour où tu as de la fièvre, qu’il pleut dehors et que ta jauge d’essence est dans le rouge. »
Cet écrivain n’est pas « sauvage » du tout, son retrait dans la montagne du Val d’Aoste nous apaise, nous excuse pour toutes les fois où l’envie de se retirer pour vivre en ermite a pu nous traverser, ou plus fréquemment quand un livre a été préféré à une balade en forêt.
Depuis son chalet d’alpage, sa baita, il cherche la simplicité, la trouve et nous la transmet, sans héroïsme surjoué. Sa poésie bien dosée est légère, son écriture témoigne d’une sagesse accessible.
A l’étage où vivent les bouquetins, où la neige peut venir en mai, où la montagne n’est pas toujours aimable, pendant trois saisons de printemps à automne, il n’y a pas que les bruits de la nuit à apprivoiser, il fallait qu’il se trouve :
« Comme ermite, je ne valais pas un clou: j'étais monté là-haut pour rester seul et n'arrêtais pas de me chercher des amis. A moins que ce fût justement la solitude qui rendit chaque rencontre aussi précieuse ».
Avec ce livre modeste, sincère, les références littéraires : Antonia Pozzi, Elisée Reclus, Rigoni Stern, se vivifient, nous prenons de la hauteur. 
« Je désirais vivre à fond, sucer toute la moelle de la vie, vivre avec tant de résolution spartiate que tout ce qui n'était pas la vie serait mis en déroute, couper un large andain et tondre ras, acculer la vie dans un coin et la réduire à ses composants les plus élémentaires, et si jamais elle devait se montrer mesquine, eh bien alors en tirer toute l'authentique mesquinerie, et avertir le monde entier de cette mesquinerie ; ou si elle devait se révéler sublime, la connaître par l'expérience et réussir à en établir un rapport fidèle lors de mon excursion suivante. » Thoreau
Peut être que le mot « sauvage » qui m’avait semblé excessif pour cet « Into the wild » heureusement soft, est teinté de cet humour aérien, approprié à ces hauteurs, dont fait souvent preuve le milanais.
« J'avais appris à fendre du bois, à allumer un feu en plein orage, à cultiver un jardin à moitié sauvage, à cuisiner les herbes de montagne, à traire une vache et à faire des bottes de foin, et à me servir d'une tronçonneuse, d'une faucheuse, d'un tracteur; mais je n'ai pas appris à être seul - l'unique but, en vérité, d'une vie d'ermite. »

vendredi 9 février 2018

Publiciste.

Je recours au dictionnaire pour la définition de « publiciste » : 
«  Un journaliste, essayiste ou chercheur qui écrit et publie des chroniques ou autres textes engagés sur la vie politique et sociale » (usage vieilli).
Le mérite de ce mot est d’entretenir la confusion avec « publicitaire », comme le mot « politiste » apparu récemment pour « politologue » qui tournerait assez vite vers le peu reluisant « politicien » que certains auraient bien cherché.
Le « dégagisme » comme en 17 ne concernait pas que les politiques, il valait aussi pour les « journalistes » qui jouaient avec eux. Cachés dans l’ambulance criblée de boulettes, ce n’est pas sûr qu’ils l’aient encore compris.
En apercevant les bajoues d’Arlette Chabot lors d’un abus de zapette, j’ai cru être revenu au temps du « Bêbête show » et je me suis dit qu’au-delà des incrustés persistants : les Leymergie, Durand, Apathie, PPD… ce sont leurs mœurs monde ancien qui perdurent.
Ah ! La volée de bois vert à l’égard de leur confrère Delahousse reçu à l’Elysée où il était dans son registre décontracté, sympatoche. Ce moment paisible auquel la lecture d’un ouvrage de fond pouvait être substituée, aurait pu reposer nos éminences cathodiques d’une agressivité cultivée sur fond  de ricanements compulsifs. Leur virulence est proportionnelle à la décadence de leur magistère.
Faut-il préciser que je ne cultive aucune nostalgie pour le temps de Mongénéral et de Michel Droit ? Mais le modèle américain, « pieds sur la table », qui s’est bien trompé, s’est appliqué chez nous.
Avec le zèle des débutants, les intervieweurs se sont mis à taper sur l’épaule des interviewés, sommés de répondre par oui ou par non à de longs manifestes.
L’information semble parfois ne figurer qu’une toile de fond aux motifs appuyés des comiques, jamais contredits : ce serait manquer d’humour. Entre deux pages de pub et trois sondages, ils suivent l’opinion où biaisent les angles quand dans un reportage expéditif sur l’orthographe à l’école il n’est question que de stress, d’angoisse mais jamais ni de  finesse, ni de clarté. Toute mesure annoncée attire des commentaires essentiellement négatifs et lorsqu’une bonne nouvelle survient : vite un train qui n’arrive pas à l’heure ! Lorsque Toyota annonce des créations d’emploi, le revoyeur de la presse dégote une usine qui est menacée de fermeture.
A ne pas vouloir apparaître comme des valets, qui servent-ils ?
En se distinguant d’un conformisme béat qui tenterait de dépasser les antagonismes, moins vendeur que les barrages de ND des Landes, la méfiance est entretenue, le dénigrement à l’égard de la politique et de ceux qui prennent leur responsabilité. Et Schneidermann qui fut jadis pertinent, de s’apercevoir que la com’ est omniprésente, sauf sûrement dans les nombreuses crèmeries où il cumule. Je viens de retrouver chez Hortefeux les mêmes fulgurances éventées.
Et ces beaux messieurs de gémir contre ce désenchantement collant à tout politique, qu’ils ont contribué à entretenir.
Ce n’est pas en réanimant l’antagonisme gauche/droite que l’action publique regagnera de l’éclat, ni en courant, voire en surenchérissant, derrière toute revendication des motards ou des sénateurs, en contradiction avec leurs diatribes permanentes contre l’impôt.
Bravo Hidalgo pour son courage et à Blanquer même si je crains qu’il ne soit trop tard quand il cite « le respect » parmi les fondamentaux à acquérir à l’école.
Mais surtout pas de morale ! Même si les chroniqueurs qui en tartinent tous leurs éditoriaux, épuisent la compassion comme les appels téléphoniques qui se succèdent à la maison aux heures des repas après un chèque à quelque organisation humanitaire.
Je ne voudrais pas être coupable d’essentialisation  
et me garderai  donc de généraliser et d’insister sur les aspects les plus négatifs d’une profession exposée, familière de mes jours, de mes journaux.
Mais je n’abandonne pas tout esprit critique, en leur votant la confiance comme celle qu’ils devraient encourager chez nos concitoyens envers leurs professeurs, leurs médecins, leurs poissonniers, leurs élus.
Quand Kennedy disait :
« Ainsi, mes chers compatriotes américains : ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, mais bien ce que vous pouvez faire pour votre pays.
Mes chers concitoyens du monde : ne demandez pas ce que l'Amérique peut faire pour vous, mais ce qu'ensemble nous pouvons faire pour la liberté de l'homme.
Ces mots qui portaient alors les espoirs d’un monde nouveau, n’ont rien perdu de leur exigence et peuvent être repris dans les discours de notre président « travailleur », d’autant plus que la suite du discours inaugural de JFK précisait :
« Enfin, que vous soyez citoyens d'Amérique ou citoyens du monde, exigez de nous autant de force et de sacrifices que nous vous en demandons. »
…………..
Le dessin d’en-tête est de Norman Rockwell, ci-dessous celui du Canard de la semaine

jeudi 8 février 2018

Mario Botta. Benoît Dusart.

Dans la suite des conférences devant les amis du musée de Grenoble, consacrées aux « architectes d’aujourd’hui », le natif (1943) du Tessin s’inscrit dans son territoire où il a fondé une école d’architecture de 800 élèves, si différent  par exemple d’un Foster construisant, lui, comme en apesanteur.
Botta a rendu hommage à un autre architecte Tessinois, Borromini, avec cette maquette de l’église S. Carlo alle Quattro Fontane qui fut installée au bord du lac de Lugano. Si loin du baroque, il retiendra sous les enduits, la mise en œuvre de la brique, le goût de la symétrie et de la monumentalité.
Depuis ses premiers ouvrages dans les années 60 jusqu’à maintenant,Teatro dell'architettura, dont le parement accroche la lumière par-dessus une structure en béton armé, le plan est centré, souvent circulaire ou octogonal comme cette
Fleur de pierre, restaurant d’altitude couvert de gneiss au bout d’un funiculaire, dans un paysage ébouriffant.
Il a reconnu la filiation de grands maîtres de l’architecture. Sa première maison à Stabio doit à Le Corbusier
 dont  l’habitation Citrohan devait être construite en série comme les voitures Citroën.
Louis Kahn a construit dans le monde entier : son Institut de management d'Ahmedabad  avec une grande puissance géométrique, distingue des espaces « servants » et « servis » par ses parois dédoublées.
La Casa Caccia Cadenazzo de Botta s’impose aussi dans le paysage.
A Venise il obtient son diplôme en 1969 sous la direction de Carlo Scarpa dont la chapelle du cimetière de San Vito comporte un entre deux protecteur, ni tout à fait intérieur ni  vraiment extérieur.
A Riva San Vitale, au bout de sa passerelle, se remarque cette sentinelle, belvédère et abri protecteur.
La Casa rotonda  est construite à partir d’une forme pure où l’éclairage zénithal illumine des espaces modulables.
Si les entrées des maisons individuelles sont discrètes, pour L’école de Morbio infériore les volumes intérieurs sont monumentaux, derrière un aspect extérieur austère et ordonné pouvant évoluer facilement par ses modules.
Reconnu par le Moma de New York  qui lui a consacré une exposition en 80, appelé après une rénovation et une extension de la Scala de Milan, son Musée d’art moderne de San Francisco 
a été transformé à son tour par d’autres : l’agence Snøhetta.
Son côté à la fois introverti rassurant et monumental a séduit des banques, des casinos, voire des domaines viticoles : le volume central du chai du Château Faugères (Saint-Emilion) est mis en valeur par les ailes.
Son confrère Galfetti  a réalisé la médiathèque de Chambéry et lui l’Espace Malraux à partir de la caserne Curial.
Solidement ancré dans la terre, ayant fait « fructifier la culture et les traditions constructives de sa terre natale » ses volumes puissants où les matériaux sont mis en valeur, « son approche personnelle et sans concession lui vaut d’exceller dans la conception des édifices sacrés ».  
A la place d’une chapelle détruite par un glissement de terrain à Mogno
il répartit tout aussi magnifiquement la lumière pour 120 m2 que sur 1200 m2  pour la Cathédrale d’Evry en mesure de recevoir 1200 fidèles.
Il répond simplement à la cohabitation des juifs orthodoxes et réformés par cette Synagogue sur le campus de Tel Aviv en double module qui en arriverait à résoudre la quadrature du cercle.
La Granat chapel est à 2000 m d’altitude au Tyrol,
les sept puits de lumière de L'église du Santo Volto (la Sainte Face) est l'édifice religieux le plus récent de Turin.
 « L'architecture est un instrument de résistance à la banalisation du moderne. » a-t-il dit.

mercredi 7 février 2018

L’occident et le Japon. Catherine De Buzon.

En 1438, sous le règne du pape Eugène IV, les Portugais furent autorisés à évangéliser vers l’Est et les Espagnols à l’Ouest du monde dont le Vatican est le centre.
La conférencière, devant les amis du musée de Grenoble, va nous dépeindre quelques histoires entre l’Extrême Orient et l’Occident du XVI° au XX° siècle.
C’est l’époque, où au-delà du cap de Bonne Espérance, des navires, croix à la proue, établissent des comptoirs à Gao en Inde et Macao en Chine.
Si Marco Polo avait écrit à propos du Japon, il n’en avait rien vu :
« Ils ont de l’or en grandissime abondance, parce que l’or se trouve ici outre mesure. »
C’était en 1298 dans « Le livre des merveilles ».
Des naufragés portugais sont les premiers occidentaux à échouer sur les côtes de l’empire, ombrageux, du soleil levant. En 1543, les sujets de Philippe 1°, fils de Charles Quint, reviennent avec des navires impressionnants parmi les barques des pêcheurs.
Les équilibres d’une société nippone féodale vont être bouleversés par l’introduction des armes à feu ; des forteresses, des citadelles, des châteaux apparaissent parmi les constructions légères adaptées aux tremblements de terre.
Les jésuites sont heureusement accueillis par les populations et Oda Nobunaga leur chef qui chercha à unir des régions rivales. Les communications qu’il développa servirent au déplacement de ses armées et au commerce.
Mais les espagnols vont semer le désordre et après un siècle d’implantation de la religion chrétienne, en particulier autour de Nagasaki, les missionnaires sont expulsés et des chrétiens crucifiés. 25 000 personnes sont exécutées après une insurrection paysanne.
Les commerçants hollandais avaient aidé à la répression ; Dejima, une île artificielle leur est accordée par où « ont filtré quelques connaissances occidentales ».
Il y a bien un  samouraï, Hasekura Tsunenaga, qui entreprend un tour du monde avec l’intention de rencontrer le pape, mais lorsqu’il revient, le pays s’est replié sur lui-même. 
Le voyage avec escale depuis l’Europe durait deux ans et demi.
De Mazarin qui avait acquis un coffre somptueux jusqu’aux laques de Marie Antoinette, les collectionneurs apprécient l’art de Cipango comme est désigné le Japon en mandarin et  par José Maria de Heredia.
« Ils allaient conquérir le fabuleux métal
Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines »
A la fin du second empire, après la maladie des vers à soie en Cévennes, des lyonnais prolongent la route du fil précieux de Chine jusqu’à l’archipel où ils s’approvisionnent et partagent leur savoir-faire. 
Au XIX° siècle, le commodore américain Perry laissera son nom à l’expédition qu’il mena  pour forcer l’isolationnisme japonais en revenant plus tôt que prévu avec de noirs bateaux pour obtenir la réponse du shogun (gouverneur militaire). Les traités signés alors sont très favorables aux étrangers.
Mais l’empereur, le gardien des traditions, va instaurer une nouvelle ère, celle des « lumières » : la féodalité est abolie, les samouraïs incorporés dans l’armée, le shintoïsme devient religion d’état.
Pendant l’ère Meiji de 1867 à 1912, la modernisation politique, économique, éducative, scientifique, sociale, militaire est spectaculaire, qui allie « l'éthique orientale et la science occidentale».
Le Japon n’a pas été colonisé, il devient même un empire colonisateur puissant qui affronte la Chine, la Russie, la Corée, les Etats-Unis.
Roosevelt avait été admiratif de la vaillance japonaise lors de la bataille de Port Arthur contre les russes en 1904.
Le massacre de Nankin (Chine) où disparurent 200 000 civils et militaires désarmées où eurent lieu 20 000 viols en 1937 est encore un sujet très sensible entre Chinois et Japonais.
En décembre 41, les EU entrent dans le deuxième conflit mondial après avoir été surpris à Pearl Harbour.
Les Jeux olympiques de 1964 et l’exposition universelle d’Osaka en 1970 ne font pas oublier les 100 000 victimes d’Hiroshima, mais marquent l’accession de « la Prusse de l’Asie » au rang de troisième puissance mondiale.
Si Mishima, l’écrivain qui s’est suicidé en 1970, avait refusé l’esprit et la lettre de la capitulation de1946 et le pacifisme qui s’en suivit, Camus fut bien seul le 8 août 45 à conclure son édito dans le journal « Combat ».
« Devant les perspectives terrifiantes qui s'ouvrent à l'humanité, nous apercevons encore mieux que la paix est le seul combat qui vaille d'être mené. Ce n'est plus une prière, mais un ordre qui doit monter des peuples vers les gouvernements, l'ordre de choisir définitivement entre l’enfer et la raison. »
Les toriis, portiques à l’entrée des sanctuaires, matérialisent le passage du matériel au spirituel.