Pour ceux qui ne le sauraient pas : Emmanuel Macron est
réélu Président de la République avec 17 points d’avance alors que ceux qui ont
perdu au second et au premier tour se proclament vainqueurs ! Se rejoue
avec toujours les mêmes souriants figurants une autosatisfaction rituelle reprochant
leurs sourires au lauréat et à ses soutiens.
J’ai eu peur d’une autre issue, tant ce que je perçois de l’état
d’esprit du pays me semblait malsain, quand depuis longtemps la légitimité des
élus est remise en cause y compris par d'autres élus et que je vois se noircir l’âme humaine. La mauvaise
foi : « on n’a rien fait pour nous » après le « quoi qu’il
en coûte » ouvre la porte du saloon à la violence.
Quand mon petit colibri trouve que son grand-père utilise
trop d’eau pour laver la salade, ce filet d’espoir d’une attention à la nature
se perd dans les ruines de l’Ukraine, nom d’une autodestruction planétaire en
route.
Depuis qu’ils n’ont pas vu venir les Gilets Jaunes, les
médias ne voient plus qu’eux, et en rajoutent
dans la complaisance. Le débat avant le second tour présenté comme
décisif mettait en évidence la compétence de l’un et les insuffisances de
l’autre, mais les commentaires ont évoqué plutôt la suffisance de l’un et les
capacités de l’autre à comprendre les souffrances françaises, bien qu’elle ait peiné.
L’intelligence n’a pas bonne presse.
Par contre BFM n’aurait pas dû nourrir les réseaux des
réactions grossières de deux supportrices de Le Pen dont le mépris n’appelle
que le mépris. Elles n’ont pourtant pas l’exclusivité de la malhonnêteté, comme
si leur bulletin valait davantage que celui des autres « moutons », suivant
leur terminologie antivax. Des occupants de la Sorbonne rejouant « Bonnet
blanc et blanc bonnet » ont pu choquer aussi. Il n'y pas de tuto pour apprendre la différence entre l'extrême droite et l'extrême centre? Et visiblement les informations depuis les frontières défoncées par Poutine ne sont pas parvenues aux aveugles pourfendeurs de « Marine Macron». Ce sont bien eux les
arrogants franco-français qui renforcent les légitimistes fatigués de tant de bruit et de fureur en
continu.
Je fus de cette génération désormais honnie, après avoir été
louée, et parmi les stupidités que notre arrogance d’alors nous faisait
proférer : « élections piège à cons » était un des slogans dont
j’ai aujourd’hui le plus honte.
Sans élection pas de démocratie. Sommes-nous à
ce point en crise qu’il faille ressasser de telles évidences pour réaffirmer
que les citoyens sont égaux et que le respect de la majorité une fois les
dépouillements effectués s’impose ? Quelques crânes rasés frétillaient
quand ils étaient traités de nazis, mais leurs tatouages me semblent plus inoffensifs
que la démagogie déversée par droite et gauche extrêmes et leur complaisance
vis-à-vis des rétifs au vaccin qui a tant rapporté de suffrages aux Antilles.
Alors que le mot « dictature » a été bien souvent
employé à mauvais escient, pas d’autre mot ne me vient quand sont remis en
cause d’une façon permanente les élus qui en arrivent à être violentés. «
L’état c’est eux ! » Il ne s’agit pas de s’abstenir de débattre entre
deux scrutins mais l’obstruction systématique, l’opposition butée, éloignent
les compromis qui accompagnent nos existences.
« Ne dites pas :
la vie est un joyeux festin ;
Ou c'est d'un esprit sot ou c'est d'une âme basse.
Surtout ne dites point : elle est malheur sans fin ;
C'est d'un mauvais courage et qui trop tôt se lasse.
Riez comme au printemps s'agitent les rameaux,
Pleurez comme la bise ou le flot sur la grève,
Goûtez tous les plaisirs et souffrez tous les maux ;
Et dites : c'est beaucoup et c'est l'ombre d'un rêve. » Jean Moréas