Il faudra bien un cycle de trois conférences pour traiter le sujet devant les amis du musée même si le conférencier Serge Legat n’ira pas jusqu’à Frida Khalo.
Certes très tôt la femme est présente nue sur les toiles sous des prétextes mythologiques et bibliques, jusqu’à « L’origine du monde » dont on ne s’est pas privé récemment, après les croupes des odalisques de Boucher.
Mais du côté du pinceau, ces femmes soumises au regard de l’homme, qui sont elles dans les temps premiers ?
De l’antiquité au monde baroque.
Pline l’ancien raconte que la peinture naquit d’une jeune fille vierge qui traça le contour de l’ombre de son bien aimé. Mais si l’antiquité mentionne quelques femmes peintres du temps où Sapho livrait des poèmes, aucune œuvre n’est restée même si l’on voit sur des vases ou des fresques à Pompéi, des femmes en train de peindre.
A la période médiévale, des enluminures sont aussi réalisées par des religieuses telle Herrade de Landsberg dont les originaux d’un jardin des délices ont disparu dans l’incendie de la bibliothèque de Strasbourg durant la guerre de 1870.
Les frères Van Eck eurent une sœur qui eut sa part dans l’atelier. Les pionnières furent liées aux hommes, femme, fille ou sœur de.
Pendant la renaissance, La Tintoretta, acquit une certaine renommée mais son père ne la laissa point s’éloigner de lui.
Lavinia Fontana, apprendra aussi de son père mais elle gagna son autonomie jusqu’à être reçue à l'Académie romaine, une première dans le seizième des siècles, bien avant Marguerite Yourcenar à l'Académie Française (1980). Femme de peintre, celui ci deviendra son manager.
Sofonisba Anguissola, vécut 96 ans et à la fin de sa vie Van Dyck fit son portrait c’est dire quelle était sa notoriété. Elle a laissé une belle série d’autoportraits
Artemisia Gentileschi violée par un élève de son père peignit des tableaux tellement forts que l’un d’eux fut attribué au Caravage. Alors que la peinture de portraits avait fini à être acceptée de la part du sexe faible, après les natures mortes et les fleufleurs, elle est la première à peindre des scènes d’histoire et de religion. Sa série sur la décapitation d’Holopherne par Judith traduit une belle énergie ainsi qu’une Suzanne au bain convaincante.
jeudi 30 septembre 2010
mercredi 29 septembre 2010
J4 à New York. Le Moma
L'éruption du volcan en Islande empire.
Nous déjeunons copieusement, puis nous nous élançons pour une nouvelle journée newyorkaise, sans se presser car le Moma n’ouvre pas ses portes avant 10h30. Nous allons vers Grand central et le Chrysler building, en interrogeant chemin faisant les gens que nous croisons. Il ne fait pas chaud, mais les filles mettent leurs avantages en valeur sous des robes d’été, et les tongs voisinent avec les bottes de neige.
Nous débarquons dans la gare de Grand central, impressionnante par sa taille, ses niveaux différents et son luxe d’une autre époque, ses lustres, sa grande horloge du film « La Mort aux trousses ». Le niveau inférieur propose des restaurants, des fauteuils profonds pour patienter, des échoppes. L’accès aux quais (il y en a 44) nous intrigue car on ne débouche le plus souvent que sur un seul quai sans vue sur les autres.
Nous atteignons le Chrysler Building si caractéristique de loin à cause de sa pointe ouvragée en forme de feuilles palmées. Nous sommes en weekend et nous ne pouvons le visiter comme nos amis l’avaient fait auparavant, affirmant que c’était le plus beau. Nous ne pouvons que jeter un coup d’œil dans le hall où le luxe se devine rien qu’en regardant le sol et les murs en marbre rouge moucheté.
En peu de temps nous gagnons le Moma, le muséum of modern art. Nous l’avions aperçu déjà ce matin et la queue des visiteurs remontait déjà le long de plusieurs blocks. C’est toujours le cas, mais nous pouvons rentrer directement grâce au City Pass.L’intérieur grouille de monde. Nous commençons la visite au 5° étage avec des Seurat, la nuit étoilée de Van Gogh, des Cézanne… tant de choses à voir… et la possibilité de photographier librement, sans restriction. Impossible d’énumérer toutes les toiles et leurs illustres créateurs. Fabuleux. La collection permanente abrite 100 000 œuvres. Au bout de deux heures nous ne sommes pas venus à bout du 5° étage. Alors que deux d’entre nous vont à la cafète, nous bénéficions d’une expo Tim Burton à entrée limitée. Partout dans le musée nous croisons des touristes français, et des gens charmants et prévenants, respectueux des queues, comme nous l’avons déjà observé dans le métro, et malgré ce monde nous ne sentons jamais d’exaspération ni de nervosité.
Nous reprenons nos visites jusqu’à 17h 15, presque l’heure de la fermeture. Aux autres étages nous découvrons d’autres peintures Picasso, Warhol, entre autres innombrables, au 4° les contemporains avec Pollock, Rothko, une galerie de photographies au 3°, du design.
Les jambes se font lourdes, nous trouvons la ligne F à quelques blocks de là et le métro nous ramène jusqu’à la maison malgré les travaux sur la ligne.
Nous déjeunons copieusement, puis nous nous élançons pour une nouvelle journée newyorkaise, sans se presser car le Moma n’ouvre pas ses portes avant 10h30. Nous allons vers Grand central et le Chrysler building, en interrogeant chemin faisant les gens que nous croisons. Il ne fait pas chaud, mais les filles mettent leurs avantages en valeur sous des robes d’été, et les tongs voisinent avec les bottes de neige.
Nous débarquons dans la gare de Grand central, impressionnante par sa taille, ses niveaux différents et son luxe d’une autre époque, ses lustres, sa grande horloge du film « La Mort aux trousses ». Le niveau inférieur propose des restaurants, des fauteuils profonds pour patienter, des échoppes. L’accès aux quais (il y en a 44) nous intrigue car on ne débouche le plus souvent que sur un seul quai sans vue sur les autres.
Nous atteignons le Chrysler Building si caractéristique de loin à cause de sa pointe ouvragée en forme de feuilles palmées. Nous sommes en weekend et nous ne pouvons le visiter comme nos amis l’avaient fait auparavant, affirmant que c’était le plus beau. Nous ne pouvons que jeter un coup d’œil dans le hall où le luxe se devine rien qu’en regardant le sol et les murs en marbre rouge moucheté.
En peu de temps nous gagnons le Moma, le muséum of modern art. Nous l’avions aperçu déjà ce matin et la queue des visiteurs remontait déjà le long de plusieurs blocks. C’est toujours le cas, mais nous pouvons rentrer directement grâce au City Pass.L’intérieur grouille de monde. Nous commençons la visite au 5° étage avec des Seurat, la nuit étoilée de Van Gogh, des Cézanne… tant de choses à voir… et la possibilité de photographier librement, sans restriction. Impossible d’énumérer toutes les toiles et leurs illustres créateurs. Fabuleux. La collection permanente abrite 100 000 œuvres. Au bout de deux heures nous ne sommes pas venus à bout du 5° étage. Alors que deux d’entre nous vont à la cafète, nous bénéficions d’une expo Tim Burton à entrée limitée. Partout dans le musée nous croisons des touristes français, et des gens charmants et prévenants, respectueux des queues, comme nous l’avons déjà observé dans le métro, et malgré ce monde nous ne sentons jamais d’exaspération ni de nervosité.
Nous reprenons nos visites jusqu’à 17h 15, presque l’heure de la fermeture. Aux autres étages nous découvrons d’autres peintures Picasso, Warhol, entre autres innombrables, au 4° les contemporains avec Pollock, Rothko, une galerie de photographies au 3°, du design.
Les jambes se font lourdes, nous trouvons la ligne F à quelques blocks de là et le métro nous ramène jusqu’à la maison malgré les travaux sur la ligne.
mardi 28 septembre 2010
Hubert, mon voisin, est sculpteur.
Je savais que cet adepte de la bicyclette intervenait en différents lieux pour composer des mandalas, et l’autre jour quand je l’ai entendu attaquer un beau galet à la massette, tel un pivert familier, je n’ai pu m’empêcher d’être frappé par le contraste apparent qui va de la trace imprimée pour des siècles dans le granit alors qu’il suffit d’un souffle pour disperser ses sables colorés. Il faut la même patience. La méditation qui accompagne ces proximités minérales constituera la récompense du travail.
En cours de conversation, des questions telles que la religion, la raison, la mort viennent naturellement.
Cette inscription : « om.ma.ni.pe.me.houng/Hri » signifie - bien qu’un mantra ne se traduise pas :
« hommage à celui qui tient le chapelet et le lotus. »
Son engagement pour le Tibet, sa curiosité pour la culture du Bouddhisme (« science de l’esprit ») le conduit aussi de temps en temps chez les cisterciens de Tamiers, c’est dire que celui qui tient le burin a de la ressource spirituelle.
Chaque lettre dessinée sur la pierre représente un poison de l’esprit associé à son remède : orgueil et humilité, jalousie et sympathie joyeuse, paresse et énergie, colère et équanimité, stupidité et discernement, avarice et générosité. Même si la pierre nue a des séductions, dans cet univers où foisonnent les symboles, des couleurs viendront renforcer les intentions. Tel le bleu couleur de la sagesse, le vert celle de la nature, le jaune celle de Dieu, l’orange symbolise la raison, le rouge est considéré comme un symbole fondamental du principe de vie avec sa force, le blanc représente aussi la sagesse, alors que le noir c’est le néant.
« Fils de famille, je suis capable de dénombrer un par un tous les grains de sable qui se trouvent au fond du grand océan. Mais je ne peux pas mesurer la masse des mérites accumulés par une simple récitation du mantra en six syllabes. »
L’homme s’attaque à une matière impassible, mais ne reste pas imperturbable aux souffrances du monde, et il sait réserver un large sourire à tous ceux qui l’abordent.
.............................
Actualité: pour les 20 ans du Lycée Marie Curie d'Echirolles, un mandala de sable sera réalisé du 27 septembre au 2 octobre où il sera dispersé entre 17 et 18h 30.
En cours de conversation, des questions telles que la religion, la raison, la mort viennent naturellement.
Cette inscription : « om.ma.ni.pe.me.houng/Hri » signifie - bien qu’un mantra ne se traduise pas :
« hommage à celui qui tient le chapelet et le lotus. »
Son engagement pour le Tibet, sa curiosité pour la culture du Bouddhisme (« science de l’esprit ») le conduit aussi de temps en temps chez les cisterciens de Tamiers, c’est dire que celui qui tient le burin a de la ressource spirituelle.
Chaque lettre dessinée sur la pierre représente un poison de l’esprit associé à son remède : orgueil et humilité, jalousie et sympathie joyeuse, paresse et énergie, colère et équanimité, stupidité et discernement, avarice et générosité. Même si la pierre nue a des séductions, dans cet univers où foisonnent les symboles, des couleurs viendront renforcer les intentions. Tel le bleu couleur de la sagesse, le vert celle de la nature, le jaune celle de Dieu, l’orange symbolise la raison, le rouge est considéré comme un symbole fondamental du principe de vie avec sa force, le blanc représente aussi la sagesse, alors que le noir c’est le néant.
« Fils de famille, je suis capable de dénombrer un par un tous les grains de sable qui se trouvent au fond du grand océan. Mais je ne peux pas mesurer la masse des mérites accumulés par une simple récitation du mantra en six syllabes. »
L’homme s’attaque à une matière impassible, mais ne reste pas imperturbable aux souffrances du monde, et il sait réserver un large sourire à tous ceux qui l’abordent.
.............................
Actualité: pour les 20 ans du Lycée Marie Curie d'Echirolles, un mandala de sable sera réalisé du 27 septembre au 2 octobre où il sera dispersé entre 17 et 18h 30.
lundi 27 septembre 2010
Des hommes et des dieux.
De beaux hommes. J’ai apprécié la force de ces hommes de foi qui n’ont pas d’emblée l’étoffe des héros, ce qui rend ce film palpitant. Les pupilles humides de Lambert Wilson n’étaient pas indispensables mais l’humanité de Lonsdale et de tous les autres nous émeut. De belles lumières, et une occasion pour s’interroger sur l’engagement, la liberté, devenir un homme.
Quelques citations dans le film pour éviter l’évaporation :
Pascal :
"Les hommes ne font jamais le mal si complètement et joyeusement que lorsqu'ils le font par conviction religieuse"
L’autre de la bible :
"Vous êtes des dieux, des fils du Très-Haut, vous tous ! Pourtant, vous mourrez comme des hommes, comme les princes, tous, vous tomberez".
Je suis admiratif que ces engagements qui vont jusqu’à la reprise du sacrifice fondateur, soient si discrets : aucun prosélytisme, juste le don.
Dans ces temps où le mot amour est à manier avec des pincettes, surtout en milieu catho qui se doit de se préserver, une bien belle séquence où le docteur qui dispense ses soins au village musulman voisin parle d’amour. A la fin d’un dialogue avec une jeune fille :
« Toi, t’as déjà été amoureux ? »
« Oui… plusieurs fois, oui. Puis après est arrivé un autre amour, tu vois, plus grand encore. Et voilà : j’ai répondu à cet amour-là. Ca fait longtemps, maintenant… plus de soixante ans, oui. »
Aucun prêchi- prêcha.
Quelques citations dans le film pour éviter l’évaporation :
Pascal :
"Les hommes ne font jamais le mal si complètement et joyeusement que lorsqu'ils le font par conviction religieuse"
L’autre de la bible :
"Vous êtes des dieux, des fils du Très-Haut, vous tous ! Pourtant, vous mourrez comme des hommes, comme les princes, tous, vous tomberez".
Je suis admiratif que ces engagements qui vont jusqu’à la reprise du sacrifice fondateur, soient si discrets : aucun prosélytisme, juste le don.
Dans ces temps où le mot amour est à manier avec des pincettes, surtout en milieu catho qui se doit de se préserver, une bien belle séquence où le docteur qui dispense ses soins au village musulman voisin parle d’amour. A la fin d’un dialogue avec une jeune fille :
« Toi, t’as déjà été amoureux ? »
« Oui… plusieurs fois, oui. Puis après est arrivé un autre amour, tu vois, plus grand encore. Et voilà : j’ai répondu à cet amour-là. Ca fait longtemps, maintenant… plus de soixante ans, oui. »
Aucun prêchi- prêcha.
jeudi 23 septembre 2010
« Nous »
La revue trimestrielle Médium propose en 2010 son numéro annuel spécial autour de la thématique du « Nous ».
Depuis la cellule amoureuse jusqu'aux grands corps de l’état, le parti communiste, le clan, la génération, la chorale, l’équipe, le réseau social…
Avec la profondeur accessible et le recul habituel au groupe d’intellectuels dont Régis Debray et Daniel Bougnoux sont ceux que je connais. Les illustrations de Gérard Fromager sont explicites et renouvellent le genre de la sérigraphie, gardant la générosité des aplats, en ajoutant de la vigueur et de l’originalité. Quelques personnalités apportent leur touche personnelle à ces réflexions générales : Vauzelle, De Villepin, Ploquin, Tillinac…
Mais au-delà des retrouvailles ou découvertes, c’est toujours un plaisir d’être surpris par exemple par l’étude de ce qui lie ou délie un groupe... de poissons.
« Peut-être le socialisme m’apportera-t-il le levain dont mon esprit a besoin, pour faire mon pain de vie ; peut-être m’aidera-t-il à être celui vers qui tant de fois je me suis élancé en vain… » Romain Rolland.
L’introduction d’un article concernant la ligue du Nord est alléchante puisque « de nos jours l’animal politique est sollicité par des « nous » hétérogènes, entre fraternité réduite au semblable, résilience du « nous » national et interpellation universaliste des droits de l’homme. »
450 petites pages à déguster, à relire, pour se relier.
-------------------------------------------------------------------------------------
Je reprends la publication de mes articles, lundi.
Depuis la cellule amoureuse jusqu'aux grands corps de l’état, le parti communiste, le clan, la génération, la chorale, l’équipe, le réseau social…
Avec la profondeur accessible et le recul habituel au groupe d’intellectuels dont Régis Debray et Daniel Bougnoux sont ceux que je connais. Les illustrations de Gérard Fromager sont explicites et renouvellent le genre de la sérigraphie, gardant la générosité des aplats, en ajoutant de la vigueur et de l’originalité. Quelques personnalités apportent leur touche personnelle à ces réflexions générales : Vauzelle, De Villepin, Ploquin, Tillinac…
Mais au-delà des retrouvailles ou découvertes, c’est toujours un plaisir d’être surpris par exemple par l’étude de ce qui lie ou délie un groupe... de poissons.
« Peut-être le socialisme m’apportera-t-il le levain dont mon esprit a besoin, pour faire mon pain de vie ; peut-être m’aidera-t-il à être celui vers qui tant de fois je me suis élancé en vain… » Romain Rolland.
L’introduction d’un article concernant la ligue du Nord est alléchante puisque « de nos jours l’animal politique est sollicité par des « nous » hétérogènes, entre fraternité réduite au semblable, résilience du « nous » national et interpellation universaliste des droits de l’homme. »
450 petites pages à déguster, à relire, pour se relier.
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Je reprends la publication de mes articles, lundi.
Art minimal.
En réaction contre l’expressionisme, l’art minimal c’est: « on voit ce que l’on voit », débouche sur l’art conceptuel où la réalisation elle - même n’est pas indispensable.
Une école surtout américaine qui abolit toute histoire et revendique sa froideur, la disparition de toute émotion : place à l’industrie.
Nous voyons surtout des volumes, les maîtres de ce courant seraient contrariés que l’on parle de sculptures, alors disons objets. Tels les 54 morceaux de bois de Carl André qui créent un rythme. Le musée de Grenoble est bien fourni en représentants de ce courant des années 1960: François Morellet et sa boule composée de tubes métalliques, Sol Le Witt et ses cubes en contreplaqué…
« Si tu te tais, tu seras sauvé » Bossuet
Une école surtout américaine qui abolit toute histoire et revendique sa froideur, la disparition de toute émotion : place à l’industrie.
Nous voyons surtout des volumes, les maîtres de ce courant seraient contrariés que l’on parle de sculptures, alors disons objets. Tels les 54 morceaux de bois de Carl André qui créent un rythme. Le musée de Grenoble est bien fourni en représentants de ce courant des années 1960: François Morellet et sa boule composée de tubes métalliques, Sol Le Witt et ses cubes en contreplaqué…
« Si tu te tais, tu seras sauvé » Bossuet
mercredi 22 septembre 2010
New York, J3. Central Park.
Nous consacrons notre matinée à notre déménagement après nous être aperçu que des prises électriques sont encore sur 110, pourtant avec un adaptateur nous pouvons recharger les piles pour l’appareil photo fort sollicité. Notre nouvelle adresse s’avère très proche, de l’autre côté d’Atlantic Avenue et la nouvelle propriétaire Emma est charmante ; le logement moderne clair et fonctionnel comporte des barreaux à chaque porte, à chaque fenêtre. Nous prenons la suite de clients qui se retrouvent bloqués à N.Y. suite à l’éruption d’un volcan en Islande et son inquiétant nuage de poussière.
Nous utilisons la station de métro Franklin Station Avenue pour aller la cinquième avenue à Manhattan. Nous achetons des sandwichs et des frites que nous mangeons à Central Park et prenons le café expresso dans une chapelle néo gothique des années 20, proche du musée Guggenheim. Grâce à la carte Pass procurée par nos amis pionniers, nous évitons la queue pour les billets d’entrée. Ce musée initial est plus petit que sa copie de Bilbao. Il s‘organise autour d’une rampe en ellipse avec des niches pour des photographies ou des installations, dont un crucifix ressemblant à un épouvantail en vérins et matériaux issus de machines agricoles. Quelques salles renferment des tableaux français : des Picasso, Pissarro, Vuillard, Braque, parfois parfaitement identifiables, mais réservant des surprises comme ce Picasso qu’on aurait pu prendre pour un Renoir. Je m’émerveille devant des toiles de Gris, aux couleurs recherchées, un Derain. Nous retrouvons Boltanski, Annette Messager. Mais cependant nos amis expriment leur frustration de ne pas voir certaines toiles connues non exposées actuellement.Nous ressortons vers 16h ; malgré un petit vent qui nous frigorifie, nous envisageons une balade dans Central Park. Dans cette immense étendue de verdure, des jeunes sportifs, d’âges différents, s’initient à l’art du baseball, en uniforme ou pas, des coureurs effectuent leur parcours de santé, des maîtres promènent des chiens qui leur ressemblent ou des employés aèrent et gardiennent trois ou quatre chiens en laisse. Et puis les habitants du lieu, écureuils gris à la queue abondante ou sortes de merles au poitrail d’un roux lumineux, ne s’effarouchent pas des touristes attendris. Nous avons un joli point de vue d’un belvédère, faux château médiéval, qui abrite une société de protection du parc et de sa faune. Nous poursuivons notre route vers la statue de Christophe Colomb et aboutissons au Métropolitan Opéra, grand ensemble de salles encadrant une place avec fontaine. De l’extérieur à travers des vitres nous apercevons deux immenses peintures de Chagall que nous ne pouvons malheureusement pas admirer autrement. Des personnes patientent pour acheter des places pour Armida de Rossini à 290$, si nous avons bien compris. Nous faisons quelques achats à la boutique de l’Opéra. En sortant des gouttes de pluie nous dissuadent de goûter d’une promenade de nuit dans Manhattan, nous rentrons à Brooklyn. Nous faisons des courses dans une supérette d’obédience musulmane et je prépare un poulet à la crème, pommes de terre sautées qui contente tout le monde.
Nous utilisons la station de métro Franklin Station Avenue pour aller la cinquième avenue à Manhattan. Nous achetons des sandwichs et des frites que nous mangeons à Central Park et prenons le café expresso dans une chapelle néo gothique des années 20, proche du musée Guggenheim. Grâce à la carte Pass procurée par nos amis pionniers, nous évitons la queue pour les billets d’entrée. Ce musée initial est plus petit que sa copie de Bilbao. Il s‘organise autour d’une rampe en ellipse avec des niches pour des photographies ou des installations, dont un crucifix ressemblant à un épouvantail en vérins et matériaux issus de machines agricoles. Quelques salles renferment des tableaux français : des Picasso, Pissarro, Vuillard, Braque, parfois parfaitement identifiables, mais réservant des surprises comme ce Picasso qu’on aurait pu prendre pour un Renoir. Je m’émerveille devant des toiles de Gris, aux couleurs recherchées, un Derain. Nous retrouvons Boltanski, Annette Messager. Mais cependant nos amis expriment leur frustration de ne pas voir certaines toiles connues non exposées actuellement.Nous ressortons vers 16h ; malgré un petit vent qui nous frigorifie, nous envisageons une balade dans Central Park. Dans cette immense étendue de verdure, des jeunes sportifs, d’âges différents, s’initient à l’art du baseball, en uniforme ou pas, des coureurs effectuent leur parcours de santé, des maîtres promènent des chiens qui leur ressemblent ou des employés aèrent et gardiennent trois ou quatre chiens en laisse. Et puis les habitants du lieu, écureuils gris à la queue abondante ou sortes de merles au poitrail d’un roux lumineux, ne s’effarouchent pas des touristes attendris. Nous avons un joli point de vue d’un belvédère, faux château médiéval, qui abrite une société de protection du parc et de sa faune. Nous poursuivons notre route vers la statue de Christophe Colomb et aboutissons au Métropolitan Opéra, grand ensemble de salles encadrant une place avec fontaine. De l’extérieur à travers des vitres nous apercevons deux immenses peintures de Chagall que nous ne pouvons malheureusement pas admirer autrement. Des personnes patientent pour acheter des places pour Armida de Rossini à 290$, si nous avons bien compris. Nous faisons quelques achats à la boutique de l’Opéra. En sortant des gouttes de pluie nous dissuadent de goûter d’une promenade de nuit dans Manhattan, nous rentrons à Brooklyn. Nous faisons des courses dans une supérette d’obédience musulmane et je prépare un poulet à la crème, pommes de terre sautées qui contente tout le monde.
mardi 21 septembre 2010
"Il faut tuer José Bové".
Jul, l’inénarrable auteur de « Silex and the city » qui cartonna l’an dernier, avait commis auparavant un album toujours aussi mal dessiné, mais qui dépotait déjà dans le titre et tout au long d’une histoire où désormais « Je suis tombé par terre c’est la faute aux burgers… le nez dans le ruisseau , c’est la faute au mac Do » où « les cathos de gauche se positionnent très fort sur les question d’environnement » avec deux poubelles pour Jésus , l’inventeur du tri sélectif : un pour « ceci est mon corps » l’autre pour « ceci est mon sang ». Avec Michaël Moore et Monseigneur Gaillot en guest star, l’album du dessinateur de Charlie hebdo, vite lu est réjouissant.
lundi 20 septembre 2010
Toy story 3.
Ben oui ! Je n’avais pas souvenir d’avoir été ému autant depuis « Quand passent les cigognes ».
Effet des régressions incitées par le cinéma d’animation qui vient fouiller dans le grenier à nounours de l’enfance : oui sûrement. Mais aussi un scénario original qui n’est pas du genre hystérique comme « L’âge de glace », qui réconcilie tous les âges autour du thème du temps qui passe sans avoir à user de gros sabots. Les prouesses techniques qui nous époustouflaient nous sont désormais familières et nous n’avons qu’à nous laisser aller à partager les aventures de jouets aux grands dilemmes quand la liberté, la solidarité, sont mises en question ainsi que l’ingratitude, la violence qui couve sous les plus lisses apparences parfumées à la fraise… Du profond et du léger, du drame et de la dinguerie. Je trouve que c’est rare de trouver un vrai film tous publics aussi plein.
Effet des régressions incitées par le cinéma d’animation qui vient fouiller dans le grenier à nounours de l’enfance : oui sûrement. Mais aussi un scénario original qui n’est pas du genre hystérique comme « L’âge de glace », qui réconcilie tous les âges autour du thème du temps qui passe sans avoir à user de gros sabots. Les prouesses techniques qui nous époustouflaient nous sont désormais familières et nous n’avons qu’à nous laisser aller à partager les aventures de jouets aux grands dilemmes quand la liberté, la solidarité, sont mises en question ainsi que l’ingratitude, la violence qui couve sous les plus lisses apparences parfumées à la fraise… Du profond et du léger, du drame et de la dinguerie. Je trouve que c’est rare de trouver un vrai film tous publics aussi plein.
dimanche 19 septembre 2010
« La vie en rose !». Le défilé de la biennale de la danse 2010.
4500 participants ont défilé à Lyon devant plus de 300 000 spectateurs avec de la musique et des costumes, selon la police. Combien d’après les organisateurs ? A qui se fier ?
Des petits bouts de papier et de grandes affiches disaient « ensemble avec nos différences » et c’était bien vrai parce qu’il y en avait des jeunes et des jaunes, des ridés et des frisés, des chauves et des noirs, des rides et des rires, des roses.
« Quand il me prend dans ses bras
Il me parle tout bas
Je vois la vie en rose
Il me dit des mots d'amour
Des mots de tous les jours »
« Oh la la la vie en rose
Le rose qu'on nous propose
D'avoir les quantités de choses
Qui donnent envie d'autre chose
Aïe, on nous fait croire
Que le bonheur c'est d'avoir
De l'avoir plein nos armoires
Dérisions de nous dérisoires »
Puisque les rues étaient envahies de musique, Piaf et Souchon obstinément couraient dans nos têtes, pour nous ressasser la quête d’absolu en gardant- bien sûr- nos regards lucides.
Les orchestres battaient pour aller au-delà d’illustrations paresseuses de la thématique de cette année qui imposait « la vie en rose ! ». Les jeux de mots n’ont pas manqué : « bleu blanc rose », « rose désir », et « la rose des fables »… Mais le génie de cette parade est de fédérer une quinzaine de groupes avec des citations communes, qui créent un rythme, une cohérence tout en laissant une grande diversité s’exprimer. Pour cette huitième édition, j’ai apprécié justement les ponctuations entre les formations dont certaines plus denses emportaient plus facilement l’adhésion du public emballé par des formes qui deviennent pourtant familières telles que les personnages sur échasses ou le hip hop, mais l’investissement des participants emporte le morceau à tous coups.
Encore une grande année pour un évènement populaire où la participation n’est pas un attrape- nigauds mais un processus exigeant qui allume des sourires des deux côtés des barrières.
« Rien n’est plus beau qu’un rassemblement populaire » c’est François Marie Banier qui l’a dit à propos des manifs contre les retraites Woerth.
Ils veulent tout saloper, mais on s’en fout, c’était beau et plein de santé.
Des petits bouts de papier et de grandes affiches disaient « ensemble avec nos différences » et c’était bien vrai parce qu’il y en avait des jeunes et des jaunes, des ridés et des frisés, des chauves et des noirs, des rides et des rires, des roses.
« Quand il me prend dans ses bras
Il me parle tout bas
Je vois la vie en rose
Il me dit des mots d'amour
Des mots de tous les jours »
« Oh la la la vie en rose
Le rose qu'on nous propose
D'avoir les quantités de choses
Qui donnent envie d'autre chose
Aïe, on nous fait croire
Que le bonheur c'est d'avoir
De l'avoir plein nos armoires
Dérisions de nous dérisoires »
Puisque les rues étaient envahies de musique, Piaf et Souchon obstinément couraient dans nos têtes, pour nous ressasser la quête d’absolu en gardant- bien sûr- nos regards lucides.
Les orchestres battaient pour aller au-delà d’illustrations paresseuses de la thématique de cette année qui imposait « la vie en rose ! ». Les jeux de mots n’ont pas manqué : « bleu blanc rose », « rose désir », et « la rose des fables »… Mais le génie de cette parade est de fédérer une quinzaine de groupes avec des citations communes, qui créent un rythme, une cohérence tout en laissant une grande diversité s’exprimer. Pour cette huitième édition, j’ai apprécié justement les ponctuations entre les formations dont certaines plus denses emportaient plus facilement l’adhésion du public emballé par des formes qui deviennent pourtant familières telles que les personnages sur échasses ou le hip hop, mais l’investissement des participants emporte le morceau à tous coups.
Encore une grande année pour un évènement populaire où la participation n’est pas un attrape- nigauds mais un processus exigeant qui allume des sourires des deux côtés des barrières.
« Rien n’est plus beau qu’un rassemblement populaire » c’est François Marie Banier qui l’a dit à propos des manifs contre les retraites Woerth.
Ils veulent tout saloper, mais on s’en fout, c’était beau et plein de santé.
samedi 18 septembre 2010
Pourquoi le renouveau est-il nécessaire ?
Ouvrir des états généraux à Grenoble un vendredi matin de fin juin sur le « Renouveau » risquait d’attirer essentiellement les consommateurs de colloques tels que moi-même et mes semblables retraités, remarquant la rareté des jeunes dans ces réunions en dehors des captifs étudiants en science po. Pourtant les formes du débat se sont essayées au renouvellement et la brochette de politiques Voynet, Destot, Delevoye n’a pas déçu en ouverture de ces trois jours de débat avec un rappel utile au pays des ingénieurs en doudoune : 22% de la population grenobloise vit en dessous du seuil de pauvreté.
« La crise est sociale, politique, morale, institutionnelle, écologique ; le lien social se délite, la dépression, la résignation, minent l’esprit du « vivre ensemble », l’espérance européenne est mise à bas. » C’était, avant juillet, les paroles du maire de Grenoble
Pour dépasser l’image vague de citoyen gibier à sondage, des nourritures intellectuelles sont indispensables, pour « AGIR ».
Les défis lancés aux politiques et aussi à l’ensemble d’une société civile bien présente en ces jours de rencontres, sont de grande ampleur à l’heure où la famille est dépassée avec des liens intergénérationnels à réinventer, des démarches interculturelles à réactiver pour accueillir les cinq continents.
« Élargir l’horizon pour mieux vivre ici ».
J’ai été agréablement surpris par la vivacité du médiateur de la république, Jean Paul Delevoye, certes sénateur UMP, mais décapant et crédible par son expérience d’élu local.
« Nous risquons d’assister à l’évasion de la réussite et à la localisation de l’échec. Parce que si la politique ne parvient pas à rouvrir le chemin des espérances, il alimentera le humiliations et se contentera de gérer les peurs ». C’était avant « le discours de Grenoble ».
Tous ont dit la nécessité d’une régulation basée sur le long terme, les paroles concernant la répartition des efforts ne doivent pas viser à satisfaire des clientèles : ils parlent d’or.
D’autant plus que la conviction doit supplanter l’émotion, et si l’aliénation vient après l’exploitation, l’individu d’aujourd’hui ne se demande plus ce qui lui est « permis de faire » mais « ce qu’il est capable de faire ».
Quand des expérimentations qui n’avaient rien d’hasardeux, ni ne portaient des prétentions globalisantes et baratineuses : la scolarisation des deux ans qui amenuisait les différences sociales est en régression, les centres de santé qui œuvrent à la prévention sont fragiles, leur remise en cause sape les belles conclusions qui se bouclent par « le renouveau apparaitra alors non seulement nécessaire mais possible ».
Casse de l'école, de la santé. Face à la déconsidération internationale, au cynisme, à la chasse aux plus faibles, à la défense des privilégiés, d’un pouvoir burlesque qui ébranle tous les pouvoirs ( judiciaire, presse, institutions...), il ne suffira pas de se baisser pour ramasser les fruits de l’amertume. Le terme de renouveau serait même peut être trop ambitieux quand il s’agira déjà de recoudre.
« La crise est sociale, politique, morale, institutionnelle, écologique ; le lien social se délite, la dépression, la résignation, minent l’esprit du « vivre ensemble », l’espérance européenne est mise à bas. » C’était, avant juillet, les paroles du maire de Grenoble
Pour dépasser l’image vague de citoyen gibier à sondage, des nourritures intellectuelles sont indispensables, pour « AGIR ».
Les défis lancés aux politiques et aussi à l’ensemble d’une société civile bien présente en ces jours de rencontres, sont de grande ampleur à l’heure où la famille est dépassée avec des liens intergénérationnels à réinventer, des démarches interculturelles à réactiver pour accueillir les cinq continents.
« Élargir l’horizon pour mieux vivre ici ».
J’ai été agréablement surpris par la vivacité du médiateur de la république, Jean Paul Delevoye, certes sénateur UMP, mais décapant et crédible par son expérience d’élu local.
« Nous risquons d’assister à l’évasion de la réussite et à la localisation de l’échec. Parce que si la politique ne parvient pas à rouvrir le chemin des espérances, il alimentera le humiliations et se contentera de gérer les peurs ». C’était avant « le discours de Grenoble ».
Tous ont dit la nécessité d’une régulation basée sur le long terme, les paroles concernant la répartition des efforts ne doivent pas viser à satisfaire des clientèles : ils parlent d’or.
D’autant plus que la conviction doit supplanter l’émotion, et si l’aliénation vient après l’exploitation, l’individu d’aujourd’hui ne se demande plus ce qui lui est « permis de faire » mais « ce qu’il est capable de faire ».
Quand des expérimentations qui n’avaient rien d’hasardeux, ni ne portaient des prétentions globalisantes et baratineuses : la scolarisation des deux ans qui amenuisait les différences sociales est en régression, les centres de santé qui œuvrent à la prévention sont fragiles, leur remise en cause sape les belles conclusions qui se bouclent par « le renouveau apparaitra alors non seulement nécessaire mais possible ».
Casse de l'école, de la santé. Face à la déconsidération internationale, au cynisme, à la chasse aux plus faibles, à la défense des privilégiés, d’un pouvoir burlesque qui ébranle tous les pouvoirs ( judiciaire, presse, institutions...), il ne suffira pas de se baisser pour ramasser les fruits de l’amertume. Le terme de renouveau serait même peut être trop ambitieux quand il s’agira déjà de recoudre.
vendredi 17 septembre 2010
La centrale. Elisabeth Fihol
Il s’agit de nucléaire avec deux chapitres : Chinon, Le Blayais .
« Dans le nucléaire, une ville classée moyenne- moins de dix mille habitants- à l’écart des grandes agglomérations ».
Déjà que l’ouvrier tout court disparaît de nos écrans, l’ouvrier intérimaire qui nettoie les centrales apparait si petit dans ces hauts lieux. L’écriture s’approche des forces telluriques, en décrivant le quotidien des soutiers de notre confort, sans emphase. Là, où le danger est lisse, la peur se monnaye, elle ne s’oublie pas sous ses combinaisons et ses portiques.
Ce livre froid comme un carrelage expose la vie de ces travailleurs dont la gestion de la dose de radiations (vingt millisieverts) par homme est l’obsession. Au cœur des réacteurs et de la puissance, sous son microscope, la narratrice nous fait partager la vie de ces hommes où le stress au travail structure l’emploi du temps. L’écriture est en conformité avec son sujet dépassionné mais implacable : « la procédure a été respectée ».
Un nuage passe : Tchernobyl, c’était en 86 et les défaillances furent humaines, qui a désobéi ?
« Dans le nucléaire, une ville classée moyenne- moins de dix mille habitants- à l’écart des grandes agglomérations ».
Déjà que l’ouvrier tout court disparaît de nos écrans, l’ouvrier intérimaire qui nettoie les centrales apparait si petit dans ces hauts lieux. L’écriture s’approche des forces telluriques, en décrivant le quotidien des soutiers de notre confort, sans emphase. Là, où le danger est lisse, la peur se monnaye, elle ne s’oublie pas sous ses combinaisons et ses portiques.
Ce livre froid comme un carrelage expose la vie de ces travailleurs dont la gestion de la dose de radiations (vingt millisieverts) par homme est l’obsession. Au cœur des réacteurs et de la puissance, sous son microscope, la narratrice nous fait partager la vie de ces hommes où le stress au travail structure l’emploi du temps. L’écriture est en conformité avec son sujet dépassionné mais implacable : « la procédure a été respectée ».
Un nuage passe : Tchernobyl, c’était en 86 et les défaillances furent humaines, qui a désobéi ?
jeudi 16 septembre 2010
Barcelo à Avignon.
Depuis le temps que le cherchais, il était en Avignon dans trois lieux, le vibrant résident des Baléares en pays Dogon: peintures dans le bel hôtel particulier de la fondation Lambert, sculptures dans le palais des papes, et rapprochements avec les œuvres moyenâgeuses de Majorque au musée du petit palais.
Je me sens concerné par cet artiste qui rassemble Afrique et Europe, peinture et sculpture, patrimoine et recherche, « terramare ». La terre du Mali convient bien à l’intensité de ses œuvres : des aquarelles aux poteries, quand quelques traces sur des briques élémentaires leur font prendre des allures de masques, quand la peinture sculpte la lumière. Mais aux pieds des gisants illustres lorsque des chiens les réchauffent pour l’éternité, ce n’est pas l’impertinence de l’artiste majeur d’aujourd’hui qui étonne le plus. Un éléphant dressé sur sa trompe swingue devant le palais des papes ; humour conventionnel qui séduit mais ne rend pas compte de l’intensité, de l’ampleur d’une œuvre où quelques poivrons ont la force que voyait Cezanne dans le rouge des babouches des femmes d’Alger de Delacroix : "Quand je vous parle de joie des couleurs, tenez, c'est cela que je veux dire… Ces roses pâles, ces coussins bourrus, cette babouche, toute cette limpidité, je ne sais pas moi, vous entrent dans l'œil comme un verre de vin dans le gosier, on en est tout de suite ivre." D’une brindille dans la poussière, le rêveur trace la silhouette d’une chèvre. Par les craquelures de la latérite, la vie pousse, la fantaisie frétille, la gravité enroule ses volutes. De tout son corps.
Je me sens concerné par cet artiste qui rassemble Afrique et Europe, peinture et sculpture, patrimoine et recherche, « terramare ». La terre du Mali convient bien à l’intensité de ses œuvres : des aquarelles aux poteries, quand quelques traces sur des briques élémentaires leur font prendre des allures de masques, quand la peinture sculpte la lumière. Mais aux pieds des gisants illustres lorsque des chiens les réchauffent pour l’éternité, ce n’est pas l’impertinence de l’artiste majeur d’aujourd’hui qui étonne le plus. Un éléphant dressé sur sa trompe swingue devant le palais des papes ; humour conventionnel qui séduit mais ne rend pas compte de l’intensité, de l’ampleur d’une œuvre où quelques poivrons ont la force que voyait Cezanne dans le rouge des babouches des femmes d’Alger de Delacroix : "Quand je vous parle de joie des couleurs, tenez, c'est cela que je veux dire… Ces roses pâles, ces coussins bourrus, cette babouche, toute cette limpidité, je ne sais pas moi, vous entrent dans l'œil comme un verre de vin dans le gosier, on en est tout de suite ivre." D’une brindille dans la poussière, le rêveur trace la silhouette d’une chèvre. Par les craquelures de la latérite, la vie pousse, la fantaisie frétille, la gravité enroule ses volutes. De tout son corps.
mercredi 15 septembre 2010
New York J 2 : ici on parle français.
Réveil à 6h, après une bonne nuit dans un lit gigantesque. Episode oreilles basses quand je m’aperçois de la disparition de l’appareil photo, que nous retrouvons finalement.
Sous un ciel sans nuage, au propre comme au figuré, nous partons l’esprit léger prendre le métro à la station Nostrand. Là nous achetons un Pass voyages illimités valable 7 jours à 27 $ au moyen d’une machine qui parle français si on le lui demande. Les couloirs sont délabrés et sales. En direction de Manhattan, les rames sont occupées d’abord exclusivement par des noirs, entassés, puis peu à peu, l’usager devient blanc et en nombre moindre. L’express nous permet de gagner du temps, le trajet dure en gros une demi-heure jusqu’à la 42° rue de la 7° avenue, vers Times Square.
A la sortie du métro le choc : nous nous sentons tellement petits dans Manhattan avec ses rues bordées de gratte-ciels, ses pubs géantes et ses animations projetées sur les façades. Le soleil peine à s’engouffrer dans la rue. Sur la route défilent des taxis jaunes, mais aussi des limousines, des 4X4, des policiers à cheval, tous respectueux des feux de circulation suspendus au dessus des routes. Les piétons obéissent soit à une main rouge ou clignotante, soit à un petit bonhomme vert qui marche. Nous sommes vite abordés par du personnel habillé en rouge de la Gray Line proposant un New York sighting: ils sont tous blacks et beaucoup parlent français. Pour ce billet du tour de la ville en bus, ils se font tirer l’oreille pour appliquer la réduction incluse dans le New York City Pass qui coûte dans les 60$ avec les incontournables : Empire State Building panorama, American Museum of Natural history, Museum of Modern Art, Metropolitan Museum of Art, Guggenheim Museum, Statue of Liberty and Ellis Island …
Mais tandis que nous poursuivons notre chemin, un employé nous rattrape et concède la ristourne des 10 $ tout en en levant 2 $ de taxes après avoir beaucoup palabré avec un collègue en langue du Togo. Il nous apprend que beaucoup de ses compatriotes viennent ainsi trouver du boulot aux US où les formalités et les papiers sont plus faciles à obtenir qu’en France. Nous nous sentons un peu en connivence grâce à notre langue.
Notre lieu de rendez vous à Times Square est sur les gradins qui permettent une vue sur la place effervescente nommée ainsi car c’était l'ancien emplacement du siège du « New York Times ».
Nous grimpons sur l’impériale de notre bus pour un circuit de deux heures dans la partie plutôt Sud de Manhattan qui nous promènera vers l’Empire State Building, le fer à repasser (flat iron building) en bordure de Greenwich village et Soho, vers le site du World Trade Center, Battery Park (face à la statue de La Liberté) puis remontera vers Brooklyn Bridge, China town, Little Italy, les bâtiments de l’Organisation des Nations Unies après East village, Rockefeller Center et enfin Central Park. Nous ne saisissons pas l’humour de notre guide qui se met parfois à hurler furieusement dans son micro. Par contre nous apprécions l’itinéraire qui nous fait prendre la mesure de l’architecture époustouflante, parfois gothique, écrasante, élancée, ou art déco, moderne, délirante mais toujours gigantesque. Du haut de notre bus, nous sommes surpris par les odeurs de cuisine, Mac Do ou plus exotiques et retrouvons encore des images familières de NYC avec les vapeurs qui émanent de tuyaux plantés dans le sol ou sortant de toits comme le mug géant qui sert de pub, et ces réservoirs style réservoirs d’eau des chemins de fer de western se découpant dans les airs. Je photographie sans relâche. Nous nous promenons aussi au hasard : dans une rue stationne un camion mastodonte, bleu roi métallisé, chromes étincelants, il fait l’orgueil de son chauffeur qui invite une famille à s’installer pour des photos.
Nous retrouvons nos camarades qui nous emmènent au restau chinois avec nourriture à volonté pour 8,50 dollars. Je demande à un des clients l’autorisation de le photographier avec sa tenue qui me semble originale, cela m’est accordé à condition que je pose également avec mon modèle: il s’agit non pas d’un musicien comme je l’imaginais, mais d’un avocat du Nigéria.
En cherchant l’arrêt de notre deuxième circuit en bus, Nicole déniche un café Internet moins facile à dégotter qu’à Hanoï. Un vieil employé Haïtien « qui parle français comme toi » m’aide avec gentillesse à accéder aux ordinateurs. Pendant ce temps le reste de la troupe ne se régale pas avec le café d’un demi-litre (minimum vendu)
Nous prenons notre deuxième bus touristique. Cette fois la guide, une jeune femme enrouée nous commente le circuit autour de Central Park : cathédrale, Harlem (salle théâtre de l’Apollo) Guggenheim muséum, Métropolitan muséum, le zoo ; c’est moins impressionnant que la découverte de ce matin mais bien agréable. Le métro nous conduit ensuite en plein quartier chinois que nous traversons à pieds en direction du pont de Brooklyn ; le jour décline au moment où nous y parvenons. C’est au milieu des promeneurs que nous contemplons l’éclairage progressif des lumières des gratte-ciel s’ajoutant au rouge des feux et des phares des véhicules sur un ciel de plus en plus gris ; le lieu est très photogénique, derrière les filins entrecroisés. Pour la première fois nous sommes surpris par le bruit de la circulation, surtout les sirènes des ambulances et des pompiers en tous points semblables aux sons synthétiques de la foire de l’Esplanade.
Sous un ciel sans nuage, au propre comme au figuré, nous partons l’esprit léger prendre le métro à la station Nostrand. Là nous achetons un Pass voyages illimités valable 7 jours à 27 $ au moyen d’une machine qui parle français si on le lui demande. Les couloirs sont délabrés et sales. En direction de Manhattan, les rames sont occupées d’abord exclusivement par des noirs, entassés, puis peu à peu, l’usager devient blanc et en nombre moindre. L’express nous permet de gagner du temps, le trajet dure en gros une demi-heure jusqu’à la 42° rue de la 7° avenue, vers Times Square.
A la sortie du métro le choc : nous nous sentons tellement petits dans Manhattan avec ses rues bordées de gratte-ciels, ses pubs géantes et ses animations projetées sur les façades. Le soleil peine à s’engouffrer dans la rue. Sur la route défilent des taxis jaunes, mais aussi des limousines, des 4X4, des policiers à cheval, tous respectueux des feux de circulation suspendus au dessus des routes. Les piétons obéissent soit à une main rouge ou clignotante, soit à un petit bonhomme vert qui marche. Nous sommes vite abordés par du personnel habillé en rouge de la Gray Line proposant un New York sighting: ils sont tous blacks et beaucoup parlent français. Pour ce billet du tour de la ville en bus, ils se font tirer l’oreille pour appliquer la réduction incluse dans le New York City Pass qui coûte dans les 60$ avec les incontournables : Empire State Building panorama, American Museum of Natural history, Museum of Modern Art, Metropolitan Museum of Art, Guggenheim Museum, Statue of Liberty and Ellis Island …
Mais tandis que nous poursuivons notre chemin, un employé nous rattrape et concède la ristourne des 10 $ tout en en levant 2 $ de taxes après avoir beaucoup palabré avec un collègue en langue du Togo. Il nous apprend que beaucoup de ses compatriotes viennent ainsi trouver du boulot aux US où les formalités et les papiers sont plus faciles à obtenir qu’en France. Nous nous sentons un peu en connivence grâce à notre langue.
Notre lieu de rendez vous à Times Square est sur les gradins qui permettent une vue sur la place effervescente nommée ainsi car c’était l'ancien emplacement du siège du « New York Times ».
Nous grimpons sur l’impériale de notre bus pour un circuit de deux heures dans la partie plutôt Sud de Manhattan qui nous promènera vers l’Empire State Building, le fer à repasser (flat iron building) en bordure de Greenwich village et Soho, vers le site du World Trade Center, Battery Park (face à la statue de La Liberté) puis remontera vers Brooklyn Bridge, China town, Little Italy, les bâtiments de l’Organisation des Nations Unies après East village, Rockefeller Center et enfin Central Park. Nous ne saisissons pas l’humour de notre guide qui se met parfois à hurler furieusement dans son micro. Par contre nous apprécions l’itinéraire qui nous fait prendre la mesure de l’architecture époustouflante, parfois gothique, écrasante, élancée, ou art déco, moderne, délirante mais toujours gigantesque. Du haut de notre bus, nous sommes surpris par les odeurs de cuisine, Mac Do ou plus exotiques et retrouvons encore des images familières de NYC avec les vapeurs qui émanent de tuyaux plantés dans le sol ou sortant de toits comme le mug géant qui sert de pub, et ces réservoirs style réservoirs d’eau des chemins de fer de western se découpant dans les airs. Je photographie sans relâche. Nous nous promenons aussi au hasard : dans une rue stationne un camion mastodonte, bleu roi métallisé, chromes étincelants, il fait l’orgueil de son chauffeur qui invite une famille à s’installer pour des photos.
Nous retrouvons nos camarades qui nous emmènent au restau chinois avec nourriture à volonté pour 8,50 dollars. Je demande à un des clients l’autorisation de le photographier avec sa tenue qui me semble originale, cela m’est accordé à condition que je pose également avec mon modèle: il s’agit non pas d’un musicien comme je l’imaginais, mais d’un avocat du Nigéria.
En cherchant l’arrêt de notre deuxième circuit en bus, Nicole déniche un café Internet moins facile à dégotter qu’à Hanoï. Un vieil employé Haïtien « qui parle français comme toi » m’aide avec gentillesse à accéder aux ordinateurs. Pendant ce temps le reste de la troupe ne se régale pas avec le café d’un demi-litre (minimum vendu)
Nous prenons notre deuxième bus touristique. Cette fois la guide, une jeune femme enrouée nous commente le circuit autour de Central Park : cathédrale, Harlem (salle théâtre de l’Apollo) Guggenheim muséum, Métropolitan muséum, le zoo ; c’est moins impressionnant que la découverte de ce matin mais bien agréable. Le métro nous conduit ensuite en plein quartier chinois que nous traversons à pieds en direction du pont de Brooklyn ; le jour décline au moment où nous y parvenons. C’est au milieu des promeneurs que nous contemplons l’éclairage progressif des lumières des gratte-ciel s’ajoutant au rouge des feux et des phares des véhicules sur un ciel de plus en plus gris ; le lieu est très photogénique, derrière les filins entrecroisés. Pour la première fois nous sommes surpris par le bruit de la circulation, surtout les sirènes des ambulances et des pompiers en tous points semblables aux sons synthétiques de la foire de l’Esplanade.
mardi 14 septembre 2010
Berlin : la cité des pierres
Jason Lutes est à Berlin ce que Tardi est à Paris, avec le même bonheur pour le rythme des noirs et blancs et la minutie des dessins qui nous transportent dans les années 20. L’américain fait preuve de pédagogie pour nous faire partager les craintes et les espoirs de ses personnages. La première guerre finie est omniprésente avec tous ses éclopés. Les intellectuels, les artistes cherchaient un sens nouveau à l’art, à leurs vies. La misère frappait aux vitrines frivoles; des espoirs naissaient dans la classe ouvrière et des violences gonflaient les bannières et les muscles. Le dessinateur nous présente en 200 pages ce bouillonnement intellectuel, politique : un roman graphique efficace et enrichissant, aux cadrages variés qui nous dépayse dans le temps et l’espace, mais l’on ne peut s’empêcher de penser qu’en ce moment où toute une misère toque à nos rives, les paroles de ceux qui conduisaient les juifs à être pourchassés contiennent un venin toujours actif.
lundi 13 septembre 2010
Cleveland Vs Wall street. Jean Stéphane Bron
Les avocats de la ville de Cleveland dont des milliers d’habitants ont été expulsés de leur maison suite à la crise financière due aux subprimes devaient attaquer les banques en justice. Mais celles-ci sont tellement puissantes: ce procès n’a pu avoir lieu que sous la forme de ce film permettant de mettre des visages sur ces drames humains. Les protagonistes qui apparaissent à l’écran font partie de ceux qui ont été concernés directement dans cette affaire. La forme d’un procès convient bien à la dramaturgie, expose les arguments des deux parties en compagnie par exemple d’un dealer devenu courtier. Tous les arguments sont mis en lumière, le scandale de ce capitalisme le plus cynique, n’en est que plus flagrant.
dimanche 12 septembre 2010
La soupe au pistou.
Par piston, voici la recette recueillie auprès de la marchande de légumes de Laragne en 1989, et tellement rééditée depuis, qu’elle appartient désormais à notre patrimoine amical.
Faire revenir deux blancs de poireaux, un oignon dans l’huile d’olive, ajouter 4 à 5 tomates pelées.
Ajouter 500 g de haricots en grains (cosse jaune), 500 g en habit rouge et blanc, 500 g de haricots verts plats coupés en morceaux. Ajouter bouquet garni, poivre, couvrir d’eau. Après trois quarts d’heure ajouter quatre courgettes, un pomme de terre, une gousse d’ail émincée, saler, cuire encore trois quarts d’heure. Ajouter des tiges de basilic attachées et deux poignées de pâtes au dernier moment.
Pour le pistou (l’autre nom du basilic) six gousses d’ail, quatre tomates pelées( pas indispensables finalement cela affadit la préparation à mon avis) et les feuilles d’un bouquet de basilic, à servir à part avec éventuellement du parmesan.
Voilà une bonne quantité, de quoi se resservir des morceaux d’été sortis du congélateur en des temps plus brumeux.
Faire revenir deux blancs de poireaux, un oignon dans l’huile d’olive, ajouter 4 à 5 tomates pelées.
Ajouter 500 g de haricots en grains (cosse jaune), 500 g en habit rouge et blanc, 500 g de haricots verts plats coupés en morceaux. Ajouter bouquet garni, poivre, couvrir d’eau. Après trois quarts d’heure ajouter quatre courgettes, un pomme de terre, une gousse d’ail émincée, saler, cuire encore trois quarts d’heure. Ajouter des tiges de basilic attachées et deux poignées de pâtes au dernier moment.
Pour le pistou (l’autre nom du basilic) six gousses d’ail, quatre tomates pelées( pas indispensables finalement cela affadit la préparation à mon avis) et les feuilles d’un bouquet de basilic, à servir à part avec éventuellement du parmesan.
Voilà une bonne quantité, de quoi se resservir des morceaux d’été sortis du congélateur en des temps plus brumeux.
samedi 11 septembre 2010
« Renouveau »
Précédé par « Les états généraux «, le mot figurait sur les bannières derrière les tribunes du forum de Libé en juin. A Alpexpo, de grands intellectuels : Morin, Viveret…, des politiques respectables : Rocard, Filoche…, des think tanks ayant pignon sur l’opinion : Terra Nova, fondation J. Jaurès…, des associations prestigieuses : Emmaüs, Ni pute ni soumise… s’entretenaient à proximité du quartier de la Villeneuve … à portée de fusil.
Le mot « fracture sociale » s’est inventé dans les colloques, la réalité insiste chaque jour.
Deux mondes : « Les maux de l’incompréhension ».
Quand sur fond de finitude écologique, d’aggravation des inégalités, la dictature de l’émotion s’incruste, comment respirer, espérer ?
Les thèmes évoqués à Grenoble furent ceux de la campagne de notre compagne du Poitou Charente disparue des écrans : la démocratie participative, la fraternité, les collectivités territoriales, avec un tantinet de « care » puisqu’il fut question de bienveillance, de courtoisie.
Des bons mots : « le socialisme à visage urbain », « les étrangers qui ont quitté un pays de soleil pour un pays de lumière » nous conviennent, mais avec un président qui n’est même plus le garant de la constitution avec ses sbires au dessus des lois, ça n’arrange pas l’espérance démocratique; même si la dénonciation est bien un versant de l’énonciation.
L’innocence est perdue, le progrès vécu comme une menace. Et dans les cellules solitaires, la vulnérabilité psychologique galope avec l’économique.
« La renaissance » était venue après une ère religieuse, hiérarchisée, révérente des pouvoirs, elle nous a ouvert à la perspective. Nous ne sommes pas en ces temps. Le monde est tellement complexe que même la souveraineté populaire est mise en question car bien des suffrages portent sur les apparences. Et l’urgence est brouillée avec les processus démocratiques.
J’ai trouvé juste la sentence :
« Avec la mondialisation, les riches des pays pauvres deviennent plus riches et les pauvres des pays riches deviennent plus pauvres ».
Mais pour habiller une conclusion, ce proverbe zoulou pourrait bien dire une volonté désespérée de persister :
« Si tu avances, t’es mort,
Si tu marches, t’es mort,
Si tu t’arrêtes, t’es mort,
Alors avance !»
Ci-dessous cliquez sur la chronique de François Morel d'hier, toujours excellent.
Le mot « fracture sociale » s’est inventé dans les colloques, la réalité insiste chaque jour.
Deux mondes : « Les maux de l’incompréhension ».
Quand sur fond de finitude écologique, d’aggravation des inégalités, la dictature de l’émotion s’incruste, comment respirer, espérer ?
Les thèmes évoqués à Grenoble furent ceux de la campagne de notre compagne du Poitou Charente disparue des écrans : la démocratie participative, la fraternité, les collectivités territoriales, avec un tantinet de « care » puisqu’il fut question de bienveillance, de courtoisie.
Des bons mots : « le socialisme à visage urbain », « les étrangers qui ont quitté un pays de soleil pour un pays de lumière » nous conviennent, mais avec un président qui n’est même plus le garant de la constitution avec ses sbires au dessus des lois, ça n’arrange pas l’espérance démocratique; même si la dénonciation est bien un versant de l’énonciation.
L’innocence est perdue, le progrès vécu comme une menace. Et dans les cellules solitaires, la vulnérabilité psychologique galope avec l’économique.
« La renaissance » était venue après une ère religieuse, hiérarchisée, révérente des pouvoirs, elle nous a ouvert à la perspective. Nous ne sommes pas en ces temps. Le monde est tellement complexe que même la souveraineté populaire est mise en question car bien des suffrages portent sur les apparences. Et l’urgence est brouillée avec les processus démocratiques.
J’ai trouvé juste la sentence :
« Avec la mondialisation, les riches des pays pauvres deviennent plus riches et les pauvres des pays riches deviennent plus pauvres ».
Mais pour habiller une conclusion, ce proverbe zoulou pourrait bien dire une volonté désespérée de persister :
« Si tu avances, t’es mort,
Si tu marches, t’es mort,
Si tu t’arrêtes, t’es mort,
Alors avance !»
Ci-dessous cliquez sur la chronique de François Morel d'hier, toujours excellent.
vendredi 10 septembre 2010
La violente espérance de Stéphane Hessel.
Agnès B. est à l’origine avec Boltanski de l’initiative de la publication de 100 000 exemplaires d’un huit pages d’un format ambitieux, investi par un artiste, ici Pascal Lemaître, diffusé à raison de six à huit numéros par an dans ses boutiques mais aussi dans des musées, des librairies …
Ce cinquantième numéro est consacré au diplomate Stéphane Hessel, qui est le fils de celle qui inspira le livre de Henri Pierre Roché « Jules et Jim », il fut le rédacteur de la déclaration universelle des droits de l’homme et reste un infatigable propagandiste de la cause humaniste un penseur toujours fécond, militant mais tellement libre.
Quelques articles de la déclaration sont rappelés sous le dessin d’un mur immense qui emprisonne le peuple palestinien :
« Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un état »
Apollinaire est souvent cité, c’est que le résistant de toujours est un fin connaisseur et se nourrit des poètes :
« Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait »
Ce cinquantième numéro est consacré au diplomate Stéphane Hessel, qui est le fils de celle qui inspira le livre de Henri Pierre Roché « Jules et Jim », il fut le rédacteur de la déclaration universelle des droits de l’homme et reste un infatigable propagandiste de la cause humaniste un penseur toujours fécond, militant mais tellement libre.
Quelques articles de la déclaration sont rappelés sous le dessin d’un mur immense qui emprisonne le peuple palestinien :
« Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un état »
Apollinaire est souvent cité, c’est que le résistant de toujours est un fin connaisseur et se nourrit des poètes :
« Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait »
jeudi 9 septembre 2010
Gasiorowski au carré d’art à Nîmes.
Je n’avais jamais entendu parler de ce peintre, ainsi j‘ai eu le plaisir d’une découverte d’autant plus que le titre de l’exposition « recommencer, commencer de nouveau la peinture » avait tout pour appâter, dans ces temps où il est banal de constater la quasi disparition de la pratique du pinceau dans les propositions d’art contemporain. Le parcours de l’exposition qui lui est consacrée n’est pas jonché de coquelicots, les paradoxes ne manquent pas, ni les provocations : en fin de visite, des galettes d’excréments (les tourtes) sont disposées, parait-il en hommage aux pommes de Cézanne, avec des peintures issues d’un jus de la même matière. Cependant, la variété des approches, l’intensité de sa verve qualifiant de croûtes ses propres toiles, des cartes postales repeintes, des maquettes inondées de peinture pour déclarer la guerre à la peinture, des productions d’une fausse académie, ses identités variables, témoignent aussi de son amour de cet art comme de celui de la photographie. Passé du pop art avec de belles toiles en noir et blanc à la marque ténue d’un vol d’oiseau sur une feuille blanche, sur ses toiles gigantesques la peinture danse, la réalité se déchire. Régressions, répétitions, hommage à la terre des paysans avec humour et recherche de régénération. Il a désiré s’inscrire dans l’histoire qui va de Lascaux à Degas et cet accrochage qui retrace l’œuvre d’une vie abrégée en 86, nous intéresse.
mercredi 8 septembre 2010
New York J1. Sur un tapis roulant.
Le comptoir d’Iberia à Genève n’ouvre qu’à 9h 30, nous sommes quasiment les premiers à accéder au guichet. Heureusement, car la charmante jeune fille qui vérifie nos papiers découvre des erreurs dans nos formulaires ESTA (genre est ce qu’on a l’intention de commettre un attentat ?), remplis auparavant sur internet. Il nous faut les refaire d’urgence dans un café internet, après avoir changé quelques euros en francs suisses. Nous avions auparavant dû nous acquitter de 30€ pour la vignette des autoroutes suisses, alors qu’à plusieurs reprises sur la courte portion de la frontière à l’aéroport, on ne m’avait rien demandé. Munis de formulaires adéquats, nous retrouvons le guichet d’embarquement et nous avons juste le temps de piétiner devant les contrôles de sécurité, de traverser le long couloir interminable bordé de gates d’embarquement. Les trois heures prévues pour l’enregistrement ont été comblées avec une activité que nous n’avions pas envisagée.
Premier vol Genève-Madrid de 1h 40, nous nous dispensons du service de restauration facultatif et plutôt cher. Nous sortons dans un magnifique aéroport à la toiture originale, colorée différemment selon les secteurs. Comme nous possédons déjà la carte d’embarquement du vol pour N.Y., il nous suffit de suivre les indications pour aller vers la porte prévue à 25 minutes de là. Nous circulons à travers des magasins nombreux et chicos, descendons par des escalators et finissons par un métro sans pilote qui nous transporte à destination. Il fallait effectivement tout ce temps. Embarquement sans histoire à 16h 20 pour un décollage à l’heure : 17h.
Nous atterrissons à 23h40, heure de Madrid, 18h 40 heure de New York. Jamais nous n’avons effectué des formalités de douane aussi vite : répartis face aux bureaux vitrés, nous nous présentons à un guichet normalement pour résidents, « Citizen US ». Nous collons nos mains sur une machine à la lumière verdâtre, et nous voilà sur le nouveau continent. Le douanier fait l’effort de s’exprimer en français. Nous récupérons immédiatement nos bagages sur le tapis roulant. Pas de problème pour se rendre à la station de taxis bien indiquée à la sortie de l’aéroport loin d’être clinquant, contrastant avec la modernité de celui de Madrid. La ligne bien rangée des grandes voitures jaunes typiques attend tranquillement que des employés dirigent le client, après avoir demandé le nombre de personnes et nous avoir munis d’un papier informatif (notamment sur les tarifs. Pour nous, ce ne sera pas un chauffeur édenté à casquette mais un Sikh enturbanné et barbu. Il parcourt la ville en téléphonant, avec de accélérations brusques (boîte automatique) tandis qu’à l’arrière nous pouvons suivre l’itinéraire sur un petit écran. Nous remarquons les terrains de sport grillagés et nos premiers immeubles avec les escaliers de secours en façade. Ce n’est pas l’opulence. Notre chauffeur nous dépose dans Dean Street à Brooklyn pour la somme de 29 dollars. C’est un quartier noir et sa rangée de maisons à deux étages rappelle Londres. On parvient à chaque logement par un portillon donnant sur une cour minuscule et un escalier accédant à la première porte d’entrée. Nous montons les marches de la maison jusqu’à la première porte, tapons le code indiqué par les amis qui nous ont précédé, passons la deuxième porte, retapons le code, face à la troisième porte nous réitérons l’opération et nous nous trouvons dans la chambre de ceux qui nous ont préparé ce voyage, tout surpris de nous voir débarquer si tôt. Nous sommes arrivés ici, comme sur des roulettes, eux sont enchantés.
On se croirait dans une maison mitoyenne des années 20/30, avec beaucoup de bois; à côté une cuisine, une petite salle de bains complète le logement. Nous papotons en attendant le logeur qui doit nous livrer la chambre. Il arrive vers 20h 30 et nous guide un peu plus loin à l’adresse de son cabinet dentaire. Notre appartement coquet et cossu est décoré dans le style années 20, avec lustres, table hexagonale à tiroirs, paravent presque chinois, miroir et motifs floraux sur les vitraux. Nous réglons la chambre pour les deux jours plus une caution (400 dollars) et nous sommes contents de nous coucher : il n’est pas loin de quatre heures en France.
Premier vol Genève-Madrid de 1h 40, nous nous dispensons du service de restauration facultatif et plutôt cher. Nous sortons dans un magnifique aéroport à la toiture originale, colorée différemment selon les secteurs. Comme nous possédons déjà la carte d’embarquement du vol pour N.Y., il nous suffit de suivre les indications pour aller vers la porte prévue à 25 minutes de là. Nous circulons à travers des magasins nombreux et chicos, descendons par des escalators et finissons par un métro sans pilote qui nous transporte à destination. Il fallait effectivement tout ce temps. Embarquement sans histoire à 16h 20 pour un décollage à l’heure : 17h.
Nous atterrissons à 23h40, heure de Madrid, 18h 40 heure de New York. Jamais nous n’avons effectué des formalités de douane aussi vite : répartis face aux bureaux vitrés, nous nous présentons à un guichet normalement pour résidents, « Citizen US ». Nous collons nos mains sur une machine à la lumière verdâtre, et nous voilà sur le nouveau continent. Le douanier fait l’effort de s’exprimer en français. Nous récupérons immédiatement nos bagages sur le tapis roulant. Pas de problème pour se rendre à la station de taxis bien indiquée à la sortie de l’aéroport loin d’être clinquant, contrastant avec la modernité de celui de Madrid. La ligne bien rangée des grandes voitures jaunes typiques attend tranquillement que des employés dirigent le client, après avoir demandé le nombre de personnes et nous avoir munis d’un papier informatif (notamment sur les tarifs. Pour nous, ce ne sera pas un chauffeur édenté à casquette mais un Sikh enturbanné et barbu. Il parcourt la ville en téléphonant, avec de accélérations brusques (boîte automatique) tandis qu’à l’arrière nous pouvons suivre l’itinéraire sur un petit écran. Nous remarquons les terrains de sport grillagés et nos premiers immeubles avec les escaliers de secours en façade. Ce n’est pas l’opulence. Notre chauffeur nous dépose dans Dean Street à Brooklyn pour la somme de 29 dollars. C’est un quartier noir et sa rangée de maisons à deux étages rappelle Londres. On parvient à chaque logement par un portillon donnant sur une cour minuscule et un escalier accédant à la première porte d’entrée. Nous montons les marches de la maison jusqu’à la première porte, tapons le code indiqué par les amis qui nous ont précédé, passons la deuxième porte, retapons le code, face à la troisième porte nous réitérons l’opération et nous nous trouvons dans la chambre de ceux qui nous ont préparé ce voyage, tout surpris de nous voir débarquer si tôt. Nous sommes arrivés ici, comme sur des roulettes, eux sont enchantés.
On se croirait dans une maison mitoyenne des années 20/30, avec beaucoup de bois; à côté une cuisine, une petite salle de bains complète le logement. Nous papotons en attendant le logeur qui doit nous livrer la chambre. Il arrive vers 20h 30 et nous guide un peu plus loin à l’adresse de son cabinet dentaire. Notre appartement coquet et cossu est décoré dans le style années 20, avec lustres, table hexagonale à tiroirs, paravent presque chinois, miroir et motifs floraux sur les vitraux. Nous réglons la chambre pour les deux jours plus une caution (400 dollars) et nous sommes contents de nous coucher : il n’est pas loin de quatre heures en France.
mardi 7 septembre 2010
Citations de groupe dans un gite en Savoie.
Sur un set de table personnalisé : « entendu à la Chiserette et nulle part ailleurs » à Champagny-le-haut(Savoie).
Mots d’enfants :
« Quand il bruine c’est de l’eau en poudre. »
« Le cimetière, c’est là où les morts vivent. »
« Pourquoi en montagne, il fait froid alors qu’on est plus près du soleil ? »
« Les vaches de Léon ont été bien traitées ce soir. »
« Un caillou qui bouge, c’est une marmotte. »
« Le nuage, c’est la maison des gouttes d’eau »
Les grands :
« La paresse est un vice couché. »
« Bienheureux les fêlés car ils laissent passer la lumière. »
« Quand il est trop tard pour partir tôt, rien ne sert de s’acharner. »
« La montagne, valeur refuge. »
« Une erreur peut être vraie ou fausse selon que celui qui la commise s’est trompé ou pas. »
« Heureux ceux qui ne savent rien d’eux-mêmes car ils n’ont pas fini de s’amuser. »
« On doit appeler un chat un chat sauf si c’est un chien. »
« On a pris de l’avance sur notre retard ! »
« Vos paroles vous habillent et vous mettent à nu. »
« L’infini, ce n’est pas une adresse, c’est là où nous sommes. »
Mots d’enfants :
« Quand il bruine c’est de l’eau en poudre. »
« Le cimetière, c’est là où les morts vivent. »
« Pourquoi en montagne, il fait froid alors qu’on est plus près du soleil ? »
« Les vaches de Léon ont été bien traitées ce soir. »
« Un caillou qui bouge, c’est une marmotte. »
« Le nuage, c’est la maison des gouttes d’eau »
Les grands :
« La paresse est un vice couché. »
« Bienheureux les fêlés car ils laissent passer la lumière. »
« Quand il est trop tard pour partir tôt, rien ne sert de s’acharner. »
« La montagne, valeur refuge. »
« Une erreur peut être vraie ou fausse selon que celui qui la commise s’est trompé ou pas. »
« Heureux ceux qui ne savent rien d’eux-mêmes car ils n’ont pas fini de s’amuser. »
« On doit appeler un chat un chat sauf si c’est un chien. »
« On a pris de l’avance sur notre retard ! »
« Vos paroles vous habillent et vous mettent à nu. »
« L’infini, ce n’est pas une adresse, c’est là où nous sommes. »
lundi 6 septembre 2010
Un poison violent. Katell Quillévéré.
C’est l’amour. De la petite fille pour le grand père, du grand père pour « l’endroit d’où il vient », de la mère Lio pour son confesseur, du prêtre pour Dieu et l’une de ses créatures, et de la fille à la mère et réciproquement, avec le manque du père. Un traitement léger et juste lors d’un repas de famille, des émois adolescents, des remords à tous âges. Les grands mots de la religion passent au dessus de têtes contemporaines surtout quand l’évêque rapporte les paroles de saint Paul fustigeant la chair qui éloigne de l’esprit. Les corps se dénudent tout en allégresse et l’esprit aussi souffle chez cette jeunesse qui s’ouvre à la vie, avec le vieux Galabru qui n’est pas en reste.
dimanche 5 septembre 2010
Avignon 2010, le off.
Quoi de neuf ? Hugo.
La boutade est usée pourtant c’est bien le propriétaire d’une concession au Panthéon qui dit :
« Apprendre à lire, c'est allumer du feu ; toute syllabe épelée étincelle. Ces pieds nus, ces bras nus, ces haillons, ces ignorances, ces abjections, ces ténèbres, peuvent être employés à la conquête de l'idéal. »
Extrait du tract distribué pendant un spectacle intitulé Les Misérables avec lequel nous pouvons prendre une goulée d’air pour survivre aux discours d’un vint unième asthmatique.
Parmi les dix sept pièces vues sur les mille programmées dans le off d’Avignon, cette cuvée est peu politique, sans regretter toutefois l’absence d’allusion à Bouge-bouge : ça repose.
D’autres auteurs du patrimoine auraient pu permettre de réviser nos bases : ceux qui nous présentaient La Fontaine jouaient dans une bien petite cour. La nuit des rois manquait de profondeur derrière l’énergie des acteurs, pourtant Shakespeare est encore parmi les plus joués.
Ce sont d’autres auteurs qui ont écrit pour le théâtre qui ont emporté nos suffrages. Horowitz en tête, avec une araignée qui vous prend dans ses filets : Le baiser de la veuve. Roger Martin Du Gard et ses inventions langagières avec La gonfle, Maupassant qui dépasse le théâtre de boulevard pour présenter la liberté de la femme dans La paix des ménages. Melville avec Pennac qui lit Bartelby, c’est de l’élémentaire, du bon. L’humour en musique passe bien avec Carrington et Brown, Anne Bacquet. La commedia dell’ Arte nous rafraichit : Arlequin, valet de deux maîtres.
Les retrouvailles avec les compagnies que nous avions tellement aimées avaient un goût de légère déception tant avec Hercub’ : Lonely planet, que les épis noirs dans Fatrasie. Malgré la musique et un décor original Primo Lévy vaut mieux en livre. Je n’aborderai jamais les œuvres complètes de Platon même si la fantaisie qui porte son nom en titre, restera un souvenir agréable. Quant au pauvre Cervantès, la faiblesse de Mais qui est donc Quichotte ? le laisserait indifférent, au mieux.
Quelques jours à passer d’un auteur à l’autre, apprécier des comédiens dont la qualité la plus évidente est l’énergie, ont fait mesurer aussi le temps qui passe. Même l’humour de Francis Blanche a pris un léger voile, et l’évocation de la dernière nuit de Che Guevara ne rallume pas d’étoile : l’espérance passa. Le condor est un rapace.
La boutade est usée pourtant c’est bien le propriétaire d’une concession au Panthéon qui dit :
« Apprendre à lire, c'est allumer du feu ; toute syllabe épelée étincelle. Ces pieds nus, ces bras nus, ces haillons, ces ignorances, ces abjections, ces ténèbres, peuvent être employés à la conquête de l'idéal. »
Extrait du tract distribué pendant un spectacle intitulé Les Misérables avec lequel nous pouvons prendre une goulée d’air pour survivre aux discours d’un vint unième asthmatique.
Parmi les dix sept pièces vues sur les mille programmées dans le off d’Avignon, cette cuvée est peu politique, sans regretter toutefois l’absence d’allusion à Bouge-bouge : ça repose.
D’autres auteurs du patrimoine auraient pu permettre de réviser nos bases : ceux qui nous présentaient La Fontaine jouaient dans une bien petite cour. La nuit des rois manquait de profondeur derrière l’énergie des acteurs, pourtant Shakespeare est encore parmi les plus joués.
Ce sont d’autres auteurs qui ont écrit pour le théâtre qui ont emporté nos suffrages. Horowitz en tête, avec une araignée qui vous prend dans ses filets : Le baiser de la veuve. Roger Martin Du Gard et ses inventions langagières avec La gonfle, Maupassant qui dépasse le théâtre de boulevard pour présenter la liberté de la femme dans La paix des ménages. Melville avec Pennac qui lit Bartelby, c’est de l’élémentaire, du bon. L’humour en musique passe bien avec Carrington et Brown, Anne Bacquet. La commedia dell’ Arte nous rafraichit : Arlequin, valet de deux maîtres.
Les retrouvailles avec les compagnies que nous avions tellement aimées avaient un goût de légère déception tant avec Hercub’ : Lonely planet, que les épis noirs dans Fatrasie. Malgré la musique et un décor original Primo Lévy vaut mieux en livre. Je n’aborderai jamais les œuvres complètes de Platon même si la fantaisie qui porte son nom en titre, restera un souvenir agréable. Quant au pauvre Cervantès, la faiblesse de Mais qui est donc Quichotte ? le laisserait indifférent, au mieux.
Quelques jours à passer d’un auteur à l’autre, apprécier des comédiens dont la qualité la plus évidente est l’énergie, ont fait mesurer aussi le temps qui passe. Même l’humour de Francis Blanche a pris un léger voile, et l’évocation de la dernière nuit de Che Guevara ne rallume pas d’étoile : l’espérance passa. Le condor est un rapace.
samedi 4 septembre 2010
Villeneuve, vieux débat.
D’autres y ont usé leur langue, alors j’éviterai de faire le malin, en alignant quelques mots sur un sujet qui met à mal l’icône de Grenoble : ville des salles blanches au pied des pistes immaculées. Mais l’image inversée d’une cité envahie par la pègre et l’insécurité est tout aussi fabriquée.
A lire bien des articles insuffisants parus cet été, je ne me sens pas moins légitime que d’autres pour m’exprimer.
Je m’insurge contre l’idée que ce quartier de l’Arlequin soit un quartier abandonné. Ce qui rend encore plus insupportables les dégradations dont il a pu être victime depuis longtemps. Des moyens ont été mis pour édifier un lieu agréable, et si la volonté politique s’est heurtée à la nature humaine peu apte à se comporter d’une façon citoyenne, ce n’est vraiment pas faute d’intentions bonnes. Les coursives devaient être des lieux de convivialité, elles sont devenues des couloirs angoissants.
C’est bien parce qu’un quartier ne peut être assimilé à ses arsouilles, voire bandits, qu’il convient de ne pas se taire sur le scandale des saccages et de l’omerta.
Je suis navré de la complaisance dont font preuve ceux qui absolvent les malfrats.
A l’opposé de la révolte, ceux-ci sont à l’âge de pierre du capitalisme : tout pour le fric ! Sous les projecteurs et les vacarmes d’hélicoptère, qui ramasse l’argent des tickets du spectacle ?
Et si je suis d’accord avec le tract appelant à la manif de ce samedi qui parle du chef de l’état :« il ne lutte en rien contre la délinquance, qui est répréhensible pour tout individu sans distinction de nationalité ou d’origine : il met délibérément en cause les principes qui fondent l’égalité républicaine, alors que déjà une crise sociale et économique d’une extrême gravité menace la cohésion de la société tout entière. » L’impuissance publique fait du bruit, brasse l’air avec ses pales. Cela ne doit pas nous empêcher de prendre un peu de recul, de ne pas nous laisser enfermer dans des postures symétriques aux superficiels carapaçonnés d’en face.
Est-ce qu’un regard rétrospectif concernant la pédagogie dans des lieux expérimentaux, jadis recouverts sous des tonnes de paroles, peut être utile ?
Le pédagogue de Bégaudeau dans « Entre les murs » est amené à une réaction regrettable parce qu’à tellement disparaître face aux jeunes, en voulant leur plaire, il n’avait pas mis de barrière assez tôt. La mort d’un jeune fracassé dans sa toute puissance pourrait nous amener à reconsidérer nos égarements éducatifs. Quand était considéré comme réactionnaire l’instit' qui apprenait à ses petits à reboucher les feutres, nous ne pouvons cautionner tant d’imbécillité ; l’ambroisie des années non directives, qui innervait les écoles du quartier, a viré au vinaigre. Elle compte quarante ans d’âge et mesure l’amenuisement de l’influence des pédagogues.
Nous ne pouvons pester contre le bougisme de Sarkofeux sans porter un regard sur la durée. Retrouver « les gardiens de la paix » prendra du temps ; celui qu’on hésite à qualifier de président tant il a salopé tout ce qu’il touche, à commencer par la constitution, la notion de travail, de réforme, Môquet… mais je m’excite inutilement sur cette cible trop facile qui après avoir sucé quelques mots à connotation écolo, a choisi maintenant de tirer sur « les voleurs de poules ». Les sédentaires contre les nomades : « ça ne nous rajeunit pas ! » diraient les Pierrafeux. Et mon réflexe, à moi, c’est de m’opposer d’instinct à ceux qui attaquent les plus faibles et je trouve minable la chasse aux roms, la stigmatisation des gens du voyage qui n’ont pas assez de places décentes pour faire étape. Diversion et stratagème nauséabond contre des « boucs émissaires » et loi sur les terrains d’accueil non respectée.
Aujourd’hui quand se construit un commissariat, les riverains ont peur ! Oui, c’est le couplet « police de proximité », réponse aussi évidente que l’abandon du bouclier fiscal. Mais une politique qui toucherait à la moelle des comportements nécessite encore plus de patience, d’ambition : moralisation de l’exercice des mandats publics (Woerth à la retraite !), fin des rémunérations indécentes des PDG, refonte de l’imposition. C’est de l’institutionnel, quant au respect de papa, maman, du professeur : c’est de la morale. Prudence! Mais l’affaiblissement de l’éducation nationale ne se compte pas seulement en poste,la désintégration des valeurs républicaines la mine. Monoparentale s’accole à famille et ce ne sont pas les ambianceurs et autres médiateurs qui vont résoudre ces faillites. Où sont les pères ? Pourtant nous ne pouvons laisser aux religions, le poste de gardien des valeurs. Le XXI° siècle est bien entamé ; les déclarations dites sécuritaires de Grenoble ne seront qu’une péripétie oubliable si le discours de Latran s’inverse :
" Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur remplacera le curé, le pasteur, l’iman et le prescripteur publicitaire »
« De la crise actuelle du socialisme européen, il y a plusieurs causes, mais l’une d’entre elles est la perte du sens moral, historique, culturel pour ses politiques. Non qu’il ne soit pas présent dans les engagements et les motivations militants. Mais il n’est plus suffisamment explicite. Or, pour créer (recréer ?) des liens de solidarité, il faut clairement exposer ce qui doit être le « bien commun ». C’est une condition pour restaurer la vérité, la bienveillance, la réciprocité entre les femmes et les hommes. » Bergounioux dans la Revue Socialiste
A lire bien des articles insuffisants parus cet été, je ne me sens pas moins légitime que d’autres pour m’exprimer.
Je m’insurge contre l’idée que ce quartier de l’Arlequin soit un quartier abandonné. Ce qui rend encore plus insupportables les dégradations dont il a pu être victime depuis longtemps. Des moyens ont été mis pour édifier un lieu agréable, et si la volonté politique s’est heurtée à la nature humaine peu apte à se comporter d’une façon citoyenne, ce n’est vraiment pas faute d’intentions bonnes. Les coursives devaient être des lieux de convivialité, elles sont devenues des couloirs angoissants.
C’est bien parce qu’un quartier ne peut être assimilé à ses arsouilles, voire bandits, qu’il convient de ne pas se taire sur le scandale des saccages et de l’omerta.
Je suis navré de la complaisance dont font preuve ceux qui absolvent les malfrats.
A l’opposé de la révolte, ceux-ci sont à l’âge de pierre du capitalisme : tout pour le fric ! Sous les projecteurs et les vacarmes d’hélicoptère, qui ramasse l’argent des tickets du spectacle ?
Et si je suis d’accord avec le tract appelant à la manif de ce samedi qui parle du chef de l’état :« il ne lutte en rien contre la délinquance, qui est répréhensible pour tout individu sans distinction de nationalité ou d’origine : il met délibérément en cause les principes qui fondent l’égalité républicaine, alors que déjà une crise sociale et économique d’une extrême gravité menace la cohésion de la société tout entière. » L’impuissance publique fait du bruit, brasse l’air avec ses pales. Cela ne doit pas nous empêcher de prendre un peu de recul, de ne pas nous laisser enfermer dans des postures symétriques aux superficiels carapaçonnés d’en face.
Est-ce qu’un regard rétrospectif concernant la pédagogie dans des lieux expérimentaux, jadis recouverts sous des tonnes de paroles, peut être utile ?
Le pédagogue de Bégaudeau dans « Entre les murs » est amené à une réaction regrettable parce qu’à tellement disparaître face aux jeunes, en voulant leur plaire, il n’avait pas mis de barrière assez tôt. La mort d’un jeune fracassé dans sa toute puissance pourrait nous amener à reconsidérer nos égarements éducatifs. Quand était considéré comme réactionnaire l’instit' qui apprenait à ses petits à reboucher les feutres, nous ne pouvons cautionner tant d’imbécillité ; l’ambroisie des années non directives, qui innervait les écoles du quartier, a viré au vinaigre. Elle compte quarante ans d’âge et mesure l’amenuisement de l’influence des pédagogues.
Nous ne pouvons pester contre le bougisme de Sarkofeux sans porter un regard sur la durée. Retrouver « les gardiens de la paix » prendra du temps ; celui qu’on hésite à qualifier de président tant il a salopé tout ce qu’il touche, à commencer par la constitution, la notion de travail, de réforme, Môquet… mais je m’excite inutilement sur cette cible trop facile qui après avoir sucé quelques mots à connotation écolo, a choisi maintenant de tirer sur « les voleurs de poules ». Les sédentaires contre les nomades : « ça ne nous rajeunit pas ! » diraient les Pierrafeux. Et mon réflexe, à moi, c’est de m’opposer d’instinct à ceux qui attaquent les plus faibles et je trouve minable la chasse aux roms, la stigmatisation des gens du voyage qui n’ont pas assez de places décentes pour faire étape. Diversion et stratagème nauséabond contre des « boucs émissaires » et loi sur les terrains d’accueil non respectée.
Aujourd’hui quand se construit un commissariat, les riverains ont peur ! Oui, c’est le couplet « police de proximité », réponse aussi évidente que l’abandon du bouclier fiscal. Mais une politique qui toucherait à la moelle des comportements nécessite encore plus de patience, d’ambition : moralisation de l’exercice des mandats publics (Woerth à la retraite !), fin des rémunérations indécentes des PDG, refonte de l’imposition. C’est de l’institutionnel, quant au respect de papa, maman, du professeur : c’est de la morale. Prudence! Mais l’affaiblissement de l’éducation nationale ne se compte pas seulement en poste,la désintégration des valeurs républicaines la mine. Monoparentale s’accole à famille et ce ne sont pas les ambianceurs et autres médiateurs qui vont résoudre ces faillites. Où sont les pères ? Pourtant nous ne pouvons laisser aux religions, le poste de gardien des valeurs. Le XXI° siècle est bien entamé ; les déclarations dites sécuritaires de Grenoble ne seront qu’une péripétie oubliable si le discours de Latran s’inverse :
" Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur remplacera le curé, le pasteur, l’iman et le prescripteur publicitaire »
« De la crise actuelle du socialisme européen, il y a plusieurs causes, mais l’une d’entre elles est la perte du sens moral, historique, culturel pour ses politiques. Non qu’il ne soit pas présent dans les engagements et les motivations militants. Mais il n’est plus suffisamment explicite. Or, pour créer (recréer ?) des liens de solidarité, il faut clairement exposer ce qui doit être le « bien commun ». C’est une condition pour restaurer la vérité, la bienveillance, la réciprocité entre les femmes et les hommes. » Bergounioux dans la Revue Socialiste
vendredi 3 septembre 2010
XXI, été 2010.
A force d’afficher mon enthousiasme pour cette revue trimestrielle en vente en librairie, voilà que mes amis m’ont abonné. Alors je n’ai pas fini d’en dire du bien parce que je crois que j’en deviens inconditionnel. Ce numéro dont le dossier principal est consacré à Israël, sujet pourtant déjà abondamment documenté, aborde les problèmes d’une façon originale sans crier au scoop, loin de l’anecdotique : une version tout à fait inédite consacrée à un trafic de drogue organisé par l’état hébreu en direction de l’Egypte dans les années 70 qui se retourne présentement contre eux, la vie d’un colon, et celle d’un gynécologue palestinien militant de la paix malgré ses trois filles tuées en juin 2009 dans la bande de Gaza.
Et toujours de beaux portraits pour aller contre les malheurs du monde : un psychiatre pour fous dangereux dans les Pyrénées, un prof haïtien de retour dans son île, le diplomate insoumis Stéphane Essel amateur de poésie au destin extraordinaire. Le récit en BD est cette fois consacré aux enfants soldats au Congo, bien loin de Tintin. Dans un style tout à fait représentatif de l’esprit de cette publication : rigueur, regard sans concession, exhaustivité jusque dans les conditions de recueil des récits où les échos d’un match à la télévision nous font partager l’authenticité du contexte. Les békés sont atypiques comme ces allemands descendants d’un village fondé par la sœur de Nietzsche au Paraguay, ces roms dans nos banlieues, dont le sort est évoqué depuis plusieurs numéros bien avant que l’actualité qui jette ne les mette sous les projecteurs, ou cette communauté néo hippie en Sibérie, et cette juge qui instruit un procès de la dioxine à Albertville faisant son travail est-elle si exceptionnelle ?
Et toujours de beaux portraits pour aller contre les malheurs du monde : un psychiatre pour fous dangereux dans les Pyrénées, un prof haïtien de retour dans son île, le diplomate insoumis Stéphane Essel amateur de poésie au destin extraordinaire. Le récit en BD est cette fois consacré aux enfants soldats au Congo, bien loin de Tintin. Dans un style tout à fait représentatif de l’esprit de cette publication : rigueur, regard sans concession, exhaustivité jusque dans les conditions de recueil des récits où les échos d’un match à la télévision nous font partager l’authenticité du contexte. Les békés sont atypiques comme ces allemands descendants d’un village fondé par la sœur de Nietzsche au Paraguay, ces roms dans nos banlieues, dont le sort est évoqué depuis plusieurs numéros bien avant que l’actualité qui jette ne les mette sous les projecteurs, ou cette communauté néo hippie en Sibérie, et cette juge qui instruit un procès de la dioxine à Albertville faisant son travail est-elle si exceptionnelle ?
jeudi 2 septembre 2010
Rencontres photographiques. Arles 2010.
Pas d’émotion majeure cette année, hormis Giacommelli qui a beaucoup travaillé le noir et le blanc, le gris apparaissant dans des œuvres plus récentes et plus abstraites. Un témoignage fort par ses sujets, par exemple dans des maisons de retraite, mais aussi graphiquement avec des séminaristes en soutane noires qui jouent dans la neige sous le titre « ll n’y a pas de main pour me toucher le visage ».
Enfant il accompagnait à l’hospice sa mère blanchisseuse, il reviendra pour une série de photographies présentées avec cette phrase ultime de Pavese « la mort viendra et aura tes yeux ».
Peter Klasen le peintre hyper réaliste des arrières de camion est aussi un photographe des univers industriels.
Un voyage en transsibérien n’entretient aucune légende romantique, par contre les photos de Téhéran sont inattendues et Marco Lopez est un vigoureux coloriste argentin dont le pays a été privilégié avec Mori qui apporte aussi une façon originale de proposer des portraits.
J’ai fait l’impasse sur des photos de rockers et passé rapidement dans des salles où des peoples boivent du champagne, les retours sur l’histoire de la photo ne m’ont pas retenu non plus, alors que les collections de Marin Karmitz qui vont au-delà des photographies avec Annette Messager ou Boltanski valent par la diversité des auteurs.
Les paysages comparés de la Savoie au temps des gravures et maintenant avec les pointillés sur les routes sont intéressants comme les cents photos de personnes âgées de un à cent ans : la photo c’est du temps en tranche, sur nos tronches.
Avec le titre du cru 2010 : « Du lourd et du piquant », des mots d’aujourd’hui sont repris, mais est ce parce que cette vigueur n’était pas évidente que l’accroche avait tout de l’illusion publicitaire ? C’était mieux avant, avec plus de politique, de passion, d’inventions, de dérangement…
Il y avait un verrier qui exposait des miroirs au Capitol : il invitait les visiteurs qui se promènent tous avec un appareil dans cette ville forcément photogénique, à envoyer une photo. Pour une fois que ce n’était pas interdit.
« La photographie est une machine docile qui fabrique du souvenir,
le miroir lui est indomptable, il fabrique de l’oubli »
Enfant il accompagnait à l’hospice sa mère blanchisseuse, il reviendra pour une série de photographies présentées avec cette phrase ultime de Pavese « la mort viendra et aura tes yeux ».
Peter Klasen le peintre hyper réaliste des arrières de camion est aussi un photographe des univers industriels.
Un voyage en transsibérien n’entretient aucune légende romantique, par contre les photos de Téhéran sont inattendues et Marco Lopez est un vigoureux coloriste argentin dont le pays a été privilégié avec Mori qui apporte aussi une façon originale de proposer des portraits.
J’ai fait l’impasse sur des photos de rockers et passé rapidement dans des salles où des peoples boivent du champagne, les retours sur l’histoire de la photo ne m’ont pas retenu non plus, alors que les collections de Marin Karmitz qui vont au-delà des photographies avec Annette Messager ou Boltanski valent par la diversité des auteurs.
Les paysages comparés de la Savoie au temps des gravures et maintenant avec les pointillés sur les routes sont intéressants comme les cents photos de personnes âgées de un à cent ans : la photo c’est du temps en tranche, sur nos tronches.
Avec le titre du cru 2010 : « Du lourd et du piquant », des mots d’aujourd’hui sont repris, mais est ce parce que cette vigueur n’était pas évidente que l’accroche avait tout de l’illusion publicitaire ? C’était mieux avant, avec plus de politique, de passion, d’inventions, de dérangement…
Il y avait un verrier qui exposait des miroirs au Capitol : il invitait les visiteurs qui se promènent tous avec un appareil dans cette ville forcément photogénique, à envoyer une photo. Pour une fois que ce n’était pas interdit.
« La photographie est une machine docile qui fabrique du souvenir,
le miroir lui est indomptable, il fabrique de l’oubli »
mercredi 1 septembre 2010
Une histoire populaire de l’empire américain.
Un des libraires du Square avait indiqué sur un petit carton que cette bande dessinée de 280 pages valait le coût. 22€ plus tard : c’est ben vrai.
Howard Zinn, un historien engagé, disparu récemment, qui a rédigé une célèbre histoire populaire des Etats-Unis, est mis en vignettes tout au long d’une conférence contre la guerre en Irak commençant par le massacre de Wounded Knee et se terminant aux tours jumelles. Ce puissant balayage de l’histoire met en lumière la constance des manipulations de l’opinion pour justifier les atteintes les plus grossières à l’indépendance des pays : de Cuba à l’Irak en passant par les Philippines, l’Iran, le Nicaragua, le Viet Nam… et à l’intérieur de leur propre pays pour écraser la classe ouvrière ou les minorités indiennes ou noires.
En parcourant cette période depuis la condition atroce des noirs aggravée par la bêtise la plus déchaînée, l’élection d’Obama apparaît comme miraculeuse, mais l’inculture persistante dans la première puissance de la planète fait toujours craindre le pire. Des anecdotes éclairantes, des aperçus de destins romanesques comme celui de Sandino, ou amusantes, voisinent avec des notations d’autant plus convaincantes qu’elles sont souvent nuancées : « quel enfant qui est aimé sait qu’il est pauvre ? » Une histoire pour les nuls, d’un pays si proche qu’on ne sait pas le voir, où l’oncle Sam tombe le masque.
Howard Zinn, un historien engagé, disparu récemment, qui a rédigé une célèbre histoire populaire des Etats-Unis, est mis en vignettes tout au long d’une conférence contre la guerre en Irak commençant par le massacre de Wounded Knee et se terminant aux tours jumelles. Ce puissant balayage de l’histoire met en lumière la constance des manipulations de l’opinion pour justifier les atteintes les plus grossières à l’indépendance des pays : de Cuba à l’Irak en passant par les Philippines, l’Iran, le Nicaragua, le Viet Nam… et à l’intérieur de leur propre pays pour écraser la classe ouvrière ou les minorités indiennes ou noires.
En parcourant cette période depuis la condition atroce des noirs aggravée par la bêtise la plus déchaînée, l’élection d’Obama apparaît comme miraculeuse, mais l’inculture persistante dans la première puissance de la planète fait toujours craindre le pire. Des anecdotes éclairantes, des aperçus de destins romanesques comme celui de Sandino, ou amusantes, voisinent avec des notations d’autant plus convaincantes qu’elles sont souvent nuancées : « quel enfant qui est aimé sait qu’il est pauvre ? » Une histoire pour les nuls, d’un pays si proche qu’on ne sait pas le voir, où l’oncle Sam tombe le masque.