vendredi 5 octobre 2012

Le racisme anti blanc ‘ xiste pas.



Copé, coureur derrière FN, venant de débuter, semble-t-il, une conversion anti raciste, nous pourrions lui suggérer d’élargir sa palette de couleurs.
Du même ordre, mais avec d’autres nuances, le conseil pourrait valoir pour certains camarades de gauche parce que lorsqu’il est question de racisme, les jaunes et les blancs sont  bien souvent hors champ de la fraternité.
Fustiger la bien pensance chez les autres est devenu d’une telle banalité que l’on se retrouve
jouant à domicile systématiquement avec ceux qui sont d’accord avec nous, où pourtant l’expression : « je ne dirai pas ça ailleurs » est devenue courante.
Le mépris des « petits blancs », au cœur de la fracture culturelle, avec à la clef les défections électorales et militantes des ouvriers, est plus nourri d’images venues d’Afrique du sud  du temps de l’apartheid que de conversations autour d’un Picon bière avec un supporter du Racing club de Lens.
Quand  le petit Lucien  doit quitter son équipe de football sous les moqueries de ses coéquipiers parce qu’il est un des rares à pouvoir être sponsorisé par Justin Bridou, c’est  bien dommage. Il n’avait qu'à aller au ski comme ceux de sa classe !
Mémère qui a la pétoche quand elle pénètre dans le hall de son immeuble n’est pas vraiment du côté des dominants.
La mère d’une des victimes de Mohamed Merah a été effarée des réactions de jeunes d’un quartier  de Toulouse qu’elle est allée rencontrer, et il y a de quoi partager sa peur  quand le tueur est l’idole de jeunes!
Ah oui, prononcer le mot  peur ce n’est pas bien; depuis les bureaux des pros de la politique on va dire  encore que ce n’est pas le moment, de parler, comme pour le non cumul des mandats !
C’est jamais le moment.
« Quoi qu'a dit ?
 - A dit rin.
Quoi qu'a fait ?
- A fait rin.
A quoi qu'a pense ?
- A pense à rin.
Pourquoi qu'a dit rin ?
Pourquoi qu'a fait rin ?
Pourquoi qu'a pense à rin ?
- A' xiste pas. »
Jean Tardieu
Pauvre fuite, des pétochards permanents.
Ce n’est pas parce que l’instrumentalisation des peurs est devenue une pratique automatique de l’asservissement des masses que l’on va s’interdire de penser, même si Copé attend avec gourmandise nos réactions niant le réel.
Breivick était un barbare, ceux qui ont tué Kevin et Sofiane sont sortis du même tonneau.
Et mon incompréhension s’accroit quand je lis une des réactions à cet article posté il y a deux jours chez Médiapart, qui considère les assassins comme des victimes. Les victimes ce sont ceux qui sont muets pour toujours.
La mère de Kévin est apparue sur nos télés : quel courage, quelle dignité ! Quelle couleur ?
…….
Dans Charlie de la semaine dernière :

jeudi 4 octobre 2012

Robert Combas au MAC de Lyon.



600 œuvres étaient présentées au musée d’art contemporain qui borde le parc de La Tête d’or à Lyon : foisonnantes, monumentales,  rythmées, variées et en même temps fidèles à la modestie du rockeur sétois, à son humour.
Il n’est pas le genre à laisser la mention « sans titre » à côté de ses tableaux, ses cartels  doivent plutôt s’écarteler pour suivre les dingueries de l’auteur prolifique :
Extrait : « Yellow sunshine, l’arbre à trip, c’est la vision d’une chaleur sans sueurs, sèche et remplie de petits trucs,  bidules et modules. Dans le ciel des personnages déformés rigolent aux éclats, apparaissent et disparaissent. »
Comme d’habitude quand un musée se consacre à un seul artiste, celui-ci prend une stature supérieure. Les productions sont  déjà nombreuses, amples, et la dimension musicale qui court tout au long de la déambulation donne sa plénitude au troisième étage quand  éclatent les couleurs dans une diversité des genres roborative.
Si les postures rock étincellent, Brassens lui va très bien et une des rares chansons que ma mémoire a conservé,  Hécatombe, vue par Combas vaut son pesant d’oignons. Un des papes de la figuration libre aime raconter.
J’ai retrouvé ses crucifix vus à Arles et découvert des paysages de Sète où comme ailleurs il reprend des stéréotypes et nous les redonne embellis. 
Il est allé revisiter des batailles parmi les tableaux patrimoniaux, et apporte sa patte vigoureuse à des travaux d’autres artistes. Bien des toiles témoignent d’une vigueur juvénile et s’il a recherché du côté de la spiritualité, il a conservé de joyeuses manières qui nous font du bien.  
Il était promis aux vitraux avec sa marque de fabrique faite d’un trait  noir qui cerne ses personnages tout en révélant au deuxième plan un foisonnement ludique, souvent lubrique.  
Au bout du parcours chronologique et thématique, j’ai perçu dans sa série de chutes, comme un coup de mou dans l’énergie qui a conduit toute sa vie et qui continue à nous éclabousser.

mercredi 3 octobre 2012

Blade runner. Ridley Scott.



Nous arrivons bientôt en 2019, au moment où se déroule l’histoire  imaginée par Philip K Dick  dans son roman « Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques? ».
Le film dont le titre se traduit par « Celui qui court sur le fil du rasoir »a trente ans d’âge et il a bien vieilli
L’extrapolation à partir de découvertes en génétique sur fond de planète dévastée est convaincante jusqu’à la durée de vie limitée des « réplicants » avec aussi les hypocrisies sémantiques bien contemporaines : quand il s’agit de tuer, on dit « retirer ».
Les  images noires et  humides sont belles, avec policier à la retraite en imperméable contraint à reprendre du service, femmes fatales, voitures volantes se posant dans les bas fonds de zones urbaines hostiles. Le whisky est toujours en usage et les immeubles gothiques désertés sont des décors sublimes pour l’inévitable duel décisif où sont convoqués à la pelle les symboles religieux.

mardi 2 octobre 2012

Le retour de l’éléphant. Paul Hornschemeier.



Dans ce recueil d’histoires originales en B.D. paru chez Actes Sud différents styles de narration et de dessin s’expérimentent. L’art contemporain version ligne claire est dans la case.
Des situations du quotidien, de science fiction,  surréalistes, des nounours,  de l’humour froid, des déserts. Mais les scènes les plus angoissantes ne sont pas forcément celles où des pistolets sont sortis.
Seule la lumière de la télévision éclaire les solitudes encore plus criantes dans un monde près de la fin où l’existence est vaine.
Ce pessimisme radical suit des récits efficaces, il ne nous accable pas, il nous divertit.
Le sable s’insinue dans les genoux d’un robot marchant dans un désert « au rythme de seize à trente deux grains par minute selon la vitesse du vent. Huit à dix grains sont expulsés par ce qui fonctionne encore de ses défenses internes. »

lundi 1 octobre 2012

Drive. Nicolas Winfing Refn



En sortant de ce film de voitures, j’ai bien respecté les limitations de vitesse, c’est que l’argument vendeur pourtant travaillé m’a laissé aussi indifférent que l’acteur principal qui tient le volant mais subit sa vie.  Alors, il fait le malin et va sombrer dans une violence qu’il ignorait auparavant.
Nous sommes à Los Angeles. Certes la musique est électrique. Mais à relire les commentaires majoritairement élogieux je n’arrive pas à voir ce qu’il y a de vraiment nouveau dans cette histoire en milieu urbain, où les mots sont en voie de disparition, où  la gazoline ne s’économise pas.
Pas plus que les westerns ne se sont démodés  parce que désormais les chevaux ne tournent plus que dans les manèges, la présence forte des véhicules à moteur ne présage de l’avenir de certains films, celui-ci deviendra peut être culte quand les engins électriques ne feront plus crisser les pneus.

dimanche 30 septembre 2012

Tout est bien. Robert Charlebois.



A la première écoute du dernier CD du québécois qui nous fit passer de Félix Leclerc au rock, je n’avais pas été accroché.
Puis j’ai lu les paroles du fidèle  David Mc Neil :
« Les poètes ont souvent raison »,
 l’inusable Dabadie :
«  je chante donc je suis »,
 avec Mozart aux paroles :
«  Le garnement brûle encore plus
 Il ne se console plus
 Et ne souhaite rien d’autre
 Que posséder ton très joli cul »
Il y a  du Saint Augustin aussi dont quelques mots donnent le titre à l’album qui sonne comme une conclusion, avec aussi « Satisfaction » résumé d’une vie.
La musique est de Charlebois dont je préfère les percussions aux violons ; il agence aussi quelques paroles :
« Autour du monde, on refaisait l’amour
Elle l’a défait, sans espoir de retour
Son dernier tour m’a laissé un grand trou
Juste à côté du cœur »
Il regarde toujours les Jumbo jet, tricote avec  des « moi », voyage de Winipeg à Calgary, rappelle l’amour, croise un joli nez, toujours « drette dans ses bottes » surtout quand la country s’invite, ou quand il va s’asseoir devant l’ivoire d’un piano.

samedi 29 septembre 2012

Zone. Mathias Enard.



Voilà un livre, le livre de mon année qui assouvit mon goût de littérature, porté par une forme inhabituelle où seulement quelques points se posent lors d’un court roman enchâssé dans ce récit flamboyant de 500 pages, d’un trait.
Au cours de ces divagations intimes au bord de l’apocalypse, je n’ai jamais pensé à un procédé moi qui redoute par ailleurs les livres épais.
« nous chantions trois jeunes tambours en buvant, maintenant j’ai bu seul et ri et ran, rantanplan, maintenant je suis seul dans la nuit enfermé dans ce réduit »
Un souffle épique traverse ces lignes inexorables, poétiques et documentées.
Une énergie communicative brasse la mythologie, les villes, des hommes, quelques femmes fatales, l’histoire du bassin méditerranéen,  et une histoire d’identité qui se cherche au rythme d’un train entre Milan et Rome.
« attachés par les liens indissolubles du sang héroïque, par les intrigues de nos dieux jaloux ».
Tragédie où les cadavres s’empilent, bourreaux et victimes, « guerriers brillant d’une lumière noire », de guerres espagnoles ou bosniaques, en Palestine et de Birkenau à Beyrouth.
Des silhouettes d’écrivains  traversent les rues et les canaux, l’alcool nous abrutit.
Je pensais qu’il aurait été parfait de lire ce livre dans un train, mais une maman n’arrivait pas à se rendre maître de ses bambins malgré sa bonne volonté, un corse téléphonait abondamment, alors que de jolies pépettes tenaient des conversations de charretier à propos des échos d’un match de football qui parvenaient sur leurs Smartphones.
Pour ajouter un plan supplémentaire à ceux qui se superposaient déjà dans ce livre profus, je me souvins alors de l’accueil favorable qu’avait reçu une Union pour la Méditerranée du conducteur de quad et qui disparut  dans la comédie tunisienne tragique et le revirement Libyen où un écrivain tourna un film.  
J’ai avancé dans ce livre ferroviaire au cours de la période où à l’occasion du film « Sur la route » on reparlait du livre de Kerouac. J’ai trouvé le film fade mais je me suis imaginé le beat de l’écrivain américain comme celui qui me transportait : intense.