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mardi 19 mars 2024

Un général, des généraux. Boucq & Juncker.

En 1958, la quatrième République n'arrivait pas régler la crise algérienne, alors advint la cinquième avec le général De Gaulle en recours.
L’ajout d’un historien au bout des 138 pages illustrées n’est pas de trop pour comprendre les enjeux pour une révision utile de ces moments où la démocratie est bousculée.
Le choix de la caricature bien dans l’air du temps railleur réjouit sûrement des lecteurs, avec des scènes grotesques tout à fait crédibles et quelques dialogues sans filtre.
De Gaulle : « Alors Massu, toujours aussi con ? »
« Toujours gaulliste, mon général ! » 
Mais quel besoin d’accentuer les traits de personnages essentiellement ridicules, alors qu’ils ont joué un rôle majeur dans l’histoire ? Le général de Gaulle en robe de chambre ou promenant son chien se soulageant sur la pelouse tourne au vaudeville de mauvais goût même pas potache, mais plutôt digne de l’école primaire quand la maîtresse se retrouvait en maillot de bain.
« De Gaulle à la plage » carrément plus drôle, ne laissait pas cette impression troublante.
Les bouffons gouverneraient ou auraient gouverné, alors les comiques font la leçon : le tragique devenu saugrenu a disparu sous les sarcasmes.

mardi 12 mars 2024

Océan noir. Martin Quenehen Bastien Vives. Hugo Pratt.

Je ne sais si j’ai bien fait d’aller vers le dernier Corto Maltese par l’intermédiaire d’un scénariste qui situe cette fois les aventures du mythique personnage au XXI° siècle et d’un dessinateur original aussi à l’aise avec les noirs et blancs et gris que son maître disparu en 1995. 
Le marin énigmatique, hiératique, m’avait toujours tenu à distance et je n’ai pas cru davantage à ses amours dans cette livraison où son rapport aux autres est toujours aussi lointain.
Forcément fuyant, mystérieux, le « lonesome » pirate est toujours en voyage, cette fois du Japon aux Andes.  
Cette reprise d’un auteur phare de la BD ne vaut pas celle du « Lonesome cow-boy »
ni celle de gaulois irréductibles
ni même celle d’un fainéant génial indestructible vu par un dépressif notoire. 

mardi 5 mars 2024

Chair à canon. Aroha Travé.

Pour me rassurer après avoir lu cet album violent, je suis revenu à d’autres productions à propos de l’enfance confrontée à des conditions difficiles,
mais les bidonvilles de Rio sont moins désespérants :
et dans le même milieu catalan, des moments de tendresse peuvent subsister :
Il y avait de de l'innovation danst « Affreux sales et méchants » tenus pour être du cinéma, 
mais  ici les junkies ne sont pas aussi drôles que les Freak brothers de Shelton.
Pourtant amateur d’humour noir, je ne comprends pas les lecteurs qui ont trouvé matière à rire dans cette chronique sans espoir.
Les mômes sont livrés à eux mêmes: 
« Vous restez assis là jusqu’à ce que je rentre, vous arrêtez de vous donner des coups de pied dans tous les sens, ça perturbe le José alors qu’il est tout tranquille. Vous regardez les dessins animés ou toutes les conneries que vous voulez, mais vous ne faites pas les zoulous ou ça va chier, OK?? Allez, un bisou à maman?! Alala, qu’est-ce que je vous aime, bordel de merde?! »

mardi 27 février 2024

Le secret de la force surhumaine. Alison Bechdel.

Les remerciements au bout des 230 pages quelque peu bavardes permettent de situer le propos 
« Hélas, j’étalonne toujours, et à un degré inquiétant, ma valeur sur ma force physique. » 
Tant d'intenses reconnaissances, avec une pointe d’humour, deviennent sagesse :
« Merci aux professeurs qui m’ont démontré le lien entre l’esprit et le corps… » 
« Ma gratitude envers Sophie, pour son aide incroyablement compétente dans la mise en forme de ce livre, va réellement au-delà de ma capacité à l’exprimer avec des mots, son calme prodigieux face à mes diverses paniques a également forcé mon respect. » 
A pied, en vélo, à ski, à franchir des parois, dans les salles de fitness pendant 50 ans, au karaté et au yoga, visant toujours les limites, l’auteure n’est jamais tranquille bien que connaissant le succès, dans le confort de maisons en pleine nature avec des compagnes toujours nouvelles et bien disposées. 
Nourrie de littérature et de méditations, l’exemple de ses auteurs de référence (Coleridge, Thoreau ou Kerouac…) n’apaise pas ses dépressions.
L’écriture et le dessin ont adouci une recherche personnelle que les années n’ont pas totalement calmée.

mardi 20 février 2024

Les illuminés. Dytar Bollée.

L’image de Rimbaud est peut être plus célèbre que ses écrits qui ont marqué pourtant durablement l’histoire de la littérature. 
La bande dessinée naturellement a souvent narré sa relation avec Verlaine.
Cette fois il s’agit des aléas de la publication des « Illuminations » recueil d’une cinquantaine de poèmes en prose et quatre poèmes en vers non rimés où entre en jeu Germain Nouveau.
Verlaine polit les mots, Rimbaud est traversé par eux, Nouveau les recopie, chacun est torturé. 
« Consolons-nous de l'absent par l'absinthe ! » 
L’absent c’est le jeune homme dont les deux autres ont reconnu le génie que ces 150 pages donnent envie de relire en étant sûr de le découvrir encore. 
« Éternité
Elle est retrouvée.
Quoi ? 
L'éternité.
C'est la mer allée
Avec le soleil. » 
La présentation originale en bande horizontale de vibrantes peintures sépias, mettant en présence les protagonistes dans leurs existences particulières, se croisant parfois, rend passionnant cet épisode de la vie bohème de la fin du XIX° siècle.
Cézanne, chercheur de vérité, apparaît dans les relations tumultueuses de ces trois poètes tourmentés, avides de liberté. 
« Enfin, je crois que la liberté, c'est comme l'horizon. 
Ce n'est qu'un mot. Sans réalité tangible. »

mardi 13 février 2024

Loire. Etienne Davodeau.

Mon fils m’a offert le dernier Davodeau et je lui avais prévu le même : nous faisons confiance au chroniqueur de l’Ouest (de la France).
Cette fois, j’ai été déçu par l’histoire d’un rassemblement des anciens amants d’une certaine Agathe qui habitait en bord de Loire, mais ne se montre pas à la hauteur des mots de Bruno Latour mis en évidence au début des 100 pages de cet album aux douces couleurs. 
« Nous avons vécu dans la fiction d’un roman moderne de la séparation qui a mis la culture d’un côté et la nature de l’autre. Mais les choses - et la Loire parmi elles - n’ont jamais cessé de parler, n’ont jamais cessé d’être des causes, des âmes si vous voulez, des principes agissants, animés, qui font que le système Terre dans son ensemble vit, que la Loire parle et agit. » 
Les cases panoramiques de paysages aquarellés sont agréables sans être exceptionnelles, et lorsqu’en format gaufrier les personnages se juxtaposent nous n’arrivons pas à les suivre tant ce moment de rencontre apparaît surtout comme celui de la dispersion, des solitudes. Quelques péripéties violentes nous laissent indifférents, tant l’absente reste mystérieuse, sa fille bien peu sympathique et les vieillards plutôt pathétiques.  

mardi 6 février 2024

Ce qui se conçoit bien. Manu Larcenet.

Comment j’ai pu ignorer que le second album de la série « Thérapie de groupe » était paru ?https://blog-de-guy.blogspot.com/2020/06/therapie-de-groupe-manu-larcenet.html 
Mais qui mieux que lui pour le situer depuis « la Clinique des Petits Oiseaux Joyeux »?
« Jean-Eudes de Cageon-Goujon, alias Manu Larcenet, n'est plus... L'ex-star de la bédé mondiale, celui que tout le monde s'arrachait et adulait, a chu... interminablement. Comme une merde. » 
Sa crise de créativité est très créative : 
« Visiblement incapable de trouver une idée du siècle digne de ce nom, je passai directement de la case "incomparable génie de l'art séquentiel international"... ( selon le "Washington review of fancy comics") à celle d'"artiste fini"... (selon "le courrier communal de Brouilly-les-Ragondins"). »
Bien fourni en drogues, il s’éclate à l’atelier de dessins de l’hôpital psychiatrique, et autour de « L’ Albatros » de Baudelaire, rencontre Bosch et Bruegel, présente un débat entre Boileau 
« Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire viennent aisément. »  
et Nietzsche :« Il faut du chaos en soi pour enfanter une étoile qui danse ». 
Les dialogues fournis sont hilarants, et dans le foisonnement des dessins aux styles variés, les questionnements de l’artiste tourmenté vont au-delà des problématiques de l’histoire de l’art en nous faisant retrouver un auteur attachant.

mardi 30 janvier 2024

Sapiens. Harari. Vandermeulen. Casanave.

Ce premier volume de 245 pages parmi trois productions en BD d’après « Une brève histoire de l’humanité » vendu à plus de 21 millions d’exemplaires traduit dans plus de 65 langues est passionnant.
Grâce à l’habileté du scénario, son humour, la modestie et la diversité des personnages intervenants, cette information sur la naissance de l’humanité devient accessible.
« Les humains sont des animaux, et tout ce qui s’est passé dans l’histoire est soumis aux lois de la physique, de la chimie et de la biologie ».
Les dessins un peu secs laissent la place aux dialogues essentiels agrémentés de trouvailles.
L’historien, passeur principal auprès de sa nièce, fait appel à un spécialiste de la communication, à une anthropologue, à une biologiste généticienne, un archéologue.
Lors du dernier chapitre, une policière les convoque en tant que profileurs avant le procès intenté à un couple de sapiens où un avocat relativise toutes les charges pesant sur eux, sur nous. 
« Nos sociétés humaines actuelles en savent beaucoup plus que les bandes de l'âge de pierre. Mais sur un plan individuel, en revanche, les fourrageurs de l'âge de pierre en savaient beaucoup plus que nous. » 
Sapiens aurait supplanté les autres espèces par ses capacités à coopérer et à sa faculté à croire en des choses imaginaires. 
« Les théories des chercheurs qui prétendent savoir ce qu’éprouvaient les fourrageurs en disent plus long sur leurs propres préjugés que sur les religions de l’âge de pierre. »
Cet ouvrage apporte un éclairage intéressant, qui m’a semblé nouveau, en présentant une évolution de l’humanité loin d’être linéaire, tout en faisant part souvent de plusieurs interprétations possibles quant aux découvertes toujours nouvelles sur notre passé. 
« L’absence de preuve n’est pas preuve de l’absence. »

mardi 23 janvier 2024

La faim de l’histoire. Jul. Aïtor Alfonso.

Dans « 40 000 ans d’histoire du monde racontées par le menu » sous des titres aux jeux de mots bienvenus, nous nous amusons en nous instruisant.
Depuis « la guerre du pot-au-feu » 20 000 ans av J-C. jusqu’aux « Etoilés » des vols spatiaux en passant par « Le chevalier à la triste friture », nous suivons l’ordre chronologique rencontrant les grandes civilisations avec les somptueux marchés mexicains qui impressionnèrent Cortès lui-même ou les 108 plats à la table de l’empereur de Chine.
Le gavage des oies date des pharaons et l’autorisation de la consommation de toute viande  n’est pas pour rien dans la « promotion de l’ambition universaliste » de la religion catholique. Les témoignages de banquets les plus somptueux du temps des romains ou au « siècle des légumières » sont contés avec une certaine distance critique. 
La pénurie a pu toucher « les mieux portants de tous les mortels », les Egyptiens, alors que Cléopâtre qui avala d’après la légende une perle dissoute dans le vinaigre pour montrer sa richesse pouvait être jugée excessive et d’une légèreté coupable.
Cette centaine de pages documentées agréablement écrites, illustrées par Jul que l’on  retrouve avec plaisir, nous régalent.

mardi 16 janvier 2024

Céleste. Chloé Cruchaudet.

Céleste Albaret venue de la campagne a travaillé au service de Marcel Proust. 
« Il passe son temps dans son lit, à travailler et à respirer les fumigations pour son asthme...En-dehors de la cuisine, ne fais surtout aucun bruit. Il ne supporte rien... Il a fait tapisser les murs de sa chambre avec des panneaux de liège. »
Les milieux sociaux sont aux antipodes, mais ces 115 pages sveltes bien documentées témoignent que des personnes qui se respectent peuvent faire mieux que cohabiter.
Le sous-titre : « Bien sûr monsieur Proust » pourrait laisser croire à une contrainte aliénante alors qu’avec légèreté est contée l’évolution de leur relation dans un rapport maître- servante décrit avec subtilité. 
La jeune fille tellement dépaysée en milieu parisien « reste à sa place » mais joue un rôle essentiel pour satisfaire les manies de l’écrivain tellement fragile qu’elle admire sans s’oublier. 
« Être avec lui, l'écouter, lui parler, le regarder travailler, l'aider dans la mesure de mes moyens... C'était comme de se promener dans une campagne où il y a partout de nouvelles sources qui jaillissent... » 
Le scénario habile met en scène deux antiquaires venus chez « la gouvernante » maintenant âgée auprès de son mari ancien chauffeur qui l’avait fait entrer au service de l’auteur d’ « A la recherche ». 
Les dessins simples et aériens décrivent l’époque avec ce qu’il faut de personnalité rêveuse, alliant originalité et fidélité pour évoquer un autre siècle. 

mardi 9 janvier 2024

Les week-ends de Ruppert & Mulot.

La publication de ces dessins dans les colonnes du journal « Le Monde » en 2014 au format de 36 cm de haut sur 55 mm de large a poussé à l’inventivité Florent Ruppert et Jérôme Mulot aux patronymes très BD.
Les dialogues égrenés de haut en bas sont teintés d’humour noir et absurde allant vers un politiquement incorrect encore plus réjouissant en 2024. 
« Il y a moins d'étoiles filantes quand on se rapproche de la rentrée. T'as remarqué ?
- Attends, commence pas à foutre la mauvaise ambiance avec ta rentrée, laisse-nous profiter des vacances jusqu'au bout, on va en voir des étoiles filantes, faut attendre un peu c'est tout.
- Zéro étoile filante, c'est con, j'aurais pu faire un vœu par rapport aux bouchons demain. »
 
Rassemblées en album les scènes souvent situées en des lieux de loisir, perdent un peu en surprise. Les moments de poésie s’effacent sous les vomissements d’une choriste ou la répétition de moments angoissants. Lorsque le format se remet parfois à la pleine page et que les dessins perdent leurs couleurs, les personnages qui ne sont plus forcément perdus dans le paysage, semblent bien raides et maladroits.
Étroit et un peu court.

mardi 2 janvier 2024

Le jour où la nuit s’est levée. Beka Marko Maéla.

Je me suis laissé séduire par le titre discrètement poétique et par les douces couleurs des dessins mais j’ai retrouvé un scénario très sommaire pour faire vivre de gentillettes psychologies quelque peu courtes. 
Hormis la dernière citation de Winnie l’ourson, les autres sont nunuches. 
« - Winnie quel jour sommes-nous ?
-  On est aujourd’hui !
-  Ah, tant mieux, c’est mon jour préféré ! »
Un groupe de jeunes est bloqué par la neige dans une librairie, chacun raconte son histoire familiale : parents trop parfaits ou immatures, père intrusif ou mère dénigrante, couple se déchirant ou trop réservé…
Le panel est varié et malgré l’hérédité qui a pesé sur chacun des protagonistes, un couple apprend qu’il attend un enfant qui saura grandir avec des parents se sachant imparfaits.

mardi 19 décembre 2023

L’université des chèvres. Christian Lax.

Merci pour le cadeau en hommage à l’ancien instit’ que je fus, bon public dès qu’il s’agit de voir vanter l’école, même si cet album rassemble d'une façon un peu artificielle les partageux de savoirs.
« L'éducation est l'arme la plus puissante pour changer le monde ». 
La formule de Nelson Mandela, écrite sur un tableau noir bientôt fracassé de Sanjar instituteur afghan qui ne peut exercer son métier à cause des talibans, aurait pu accompagner Fortuné, le colporteur en écriture se heurtant aux curés du côté de la vallée de l’Ubaye à l'époque de la monarchie de juillet
Mais depuis la loi Guizot, comme il fallait un brevet pour enseigner, ce seront les enfants de la tribu Hopi qui bénéficieront du savoir faire de l’émigré des Alpes de Haute Provence. 
Sa petite fille, journaliste dans les États-Unis de Donald Trump, où les massacres dans les écoles se succèdent, aura justement comme fixeur l’instituteur afghan empêché dont elle tombera amoureuse lors d’un reportage là bas. Devenu réfugié, il terminera tragiquement sa vie au pays de la NRA (National Rifle Association of America).
L'enseignement est difficile ou impossible dans ces lieux pas si éloignés dans le temps et l’espace, quand les écoles brûlent chez nous et que la terre devient plate pour certains.
Mais cette accumulation oblige le scénariste à des raccourcis qui m’ont rendu moins laudateur que dans sa postface, Pascal Ory, que j'apprécie comme historien, 
comme le dessinateur qui s’était déjà penché sur le sujet de la tradition affrontée au progrès.

mardi 12 décembre 2023

Loup. Renaud Dillies.

Un loup amnésique se retrouve en jouant de la guitare.  
Les 60 pages aux couleurs sucrées s’avalent comme un donuts aux couleurs chimiques, alléchant mais sans saveur. 
L’animal va porter un masque appelé loup et au bout de son errance une audition lui procure un emploi de musicien qu’il mène sans  grande conviction. 
Graphiquement un poisson qui traverse les cases fait figure de trouvaille dans un morne ensemble qualifié de poétique par certains alors qu’un arc-en ciel ne suffit pas à mon goût pour conclure une histoire d’amour sans orage et sans soleil : vide.

mardi 5 décembre 2023

Le retour de Lagaffe. Delaf.

Pour contrarier les puristes  qui nous puristent la vie en ne voulant pas de successeur à Franquin, j’avais un à priori favorable envers ce nouveau 
Lagaffe  très bien saisi par Delaf.
«  Remettez moi tout ça en place !… Bam ! » 
Le lunaire débonnaire est plus que jamais indispensable, sa gentille fantaisie, son inventivité renouvelée nous manquaient depuis l’enfance. 
« Rogntudju ! »
L’indolent ne manquant pas d’énergie était parti en vacances, il retrouve sa boite de petit chimiste, sa mouette, son chat et mademoiselle Jeanne, dont ma petite fille regrette que ses sentiments ne soient pas reconnus par le propriétaire du Gaffophone. 
« M’enfin ! » 
Gaston désormais va en salle de sport et utilise un Aïe-Phone, Longtarin s’habille en civil et un psychanalyste peut s’avérer utile.
Bien que fidèle à l’univers du paresseux, des innovations scénaristiques surviennent bien naturellement chez l’inventeur hyperactif d’un purificateur d’air à essence. 
« ZZZZZ Rôôôô »
Il peut bien se reposer de temps en temps. 
« Wouaa Hahââ »

mardi 28 novembre 2023

Les trompettes de la mort. Simon Bournel-Bosson.

Un enfant déposé par son père chez ses grands-parents va grandir.
Les couleurs tranchées conviennent bien à la description d’une maison froide voire inquiétante mais le grand-père tellement hostile en arrive à être peu crédible.
La rigidité des traits ne s’accorde pas au glissement onirique du récit et ce titre qui promet des saveurs rares n’est représentatif du récit courant sur 240 pages que par le mot « mort » qui évoque l’atmosphère angoissante et « trompette » pour le ton tonitruant de cet album.
« Tu sais, les poissons rouges sont petits parce qu’on les enferme dans un bocal. » 
Des commentateurs évoquent le conflit de générations, encore faudrait-il qu’elles se parlent : chacune campe dans sa solitude armée.

mardi 21 novembre 2023

Les dames de Kimoto. Cyril Bonin.

Les traits délicats du dessinateur né en Saône-et-Loire et même une certaine raideur, ses couleurs douces, conviennent parfaitement au récit du destin de quatre générations de femmes au Japon.
Leur lente émancipation ne suit pas une progression linéaire, mais la confrontation de la tradition et de la modernité tout au long du XX° siècle est paisible. 
Le pays du soleil levant exotique à bien des égards peut paraître comme un exemple de retenue.
Les 106 pages de la BD sont inspirées par le roman à succès de Sawako Ariyoshi. 
« Le mont Kudo était encore voilé par les brumes matinales de ce début de printemps. La main serrée dans celle de sa grand-mère, Hana franchissait les dernières marches de pierre menant au temple Jison. L’étreinte de la main autour de la sienne lui rappelait que, maintenant qu’elle allait être admise comme bru dans une nouvelle famille, elle cesserait d’appartenir à celle où elle avait vécu les vingt années de son existence. »

mardi 14 novembre 2023

Cool parano. Benoit Carbonnel.

Ce « testament graffiti » c’est trop de la bombe !
Le volume de 140 pages dit tout sur les pratiques, le vocabulaire des « gueurstas » sans ignorer les oppositions qu’ils suscitent et rappelle en avant propos le montant des amendes : 3750 €.
Les motivations des vandales : égo, adrénaline, appropriation de la ville, sont exposées à travers une présentation pédagogique illustrée par des récits personnels teintés d’autodérision au moment où l’auteur est en âge de dresser un bilan de son parcours par la BD, idéale pour informer sur ce genre d’expression envahissante.
A travers leur jargon initiatique marquant la jouissance d’appartenir à un ensemble clandestin fermé, tous les mots viennent de l’empire U.S. : « writer », « wild style », « hall of fame » …s’effaçant au moment du « buff » (nettoyage), nous assistons à la concurrence féroce des « crews » (groupes).
L’auteur qui sévissait sous le pseudo de « Coin-coin » se représente en canard au milieu de troupes aux têtes d’animaux dans une caricature enfantine du monde, totalement dans la mode régressive actuelle quand l’affirmation de soi tonitruante et persistante, méprise le passé tout en l’utilisant comme support.
Ces signatures agrémentaient la face cachée des villes le long des voies ferrées, mais depuis les friches le domaine de la souillure s'est étendu jusqu’à être emblématique des entrées de Grenoble, barbouillant même des fresques officielles de « Street  Art », histoire de ne pas confondre tags et fresques, les récupérés, des irrécupérables.

mardi 7 novembre 2023

Ada. Barbara Baldi.

Cet album de 120 pages est un carnet d’aquarelles où contempler l’hiver de 1917 depuis les forêts autrichiennes. 
Une jeune fille échappe à l’emprise d’un père caricaturalement tyrannique grâce à son chien et ses pinceaux. 
Les bulles de dialogues sont rares, seules les images importent. 
La fille des bois croise quand même Klimt ; elle avait étudié avec Egon, (Schiele ?)
L’histoire est réduite mais la beauté des illustrations vaut le détour.