jeudi 5 mars 2020

François 1er et Fontainebleau. Benoit Dusart.

Grâce au conférencier intervenant devant les Amis du musée de Grenoble, nous avons été invités à faire un tour au Palais Fontainebleau. Ce lieu de pouvoir est à distinguer d’autres châteaux qui en Ile de France affirment aussi le rang du royaume en 1526, au retour de la captivité de François 1er, dont les parisiens ont payé la rançon. Clouet a effectué le portrait de « François premier» , aîné de la maison de Valois,

dans le style de celui de « Charles VI » peint par Fouquet. Derrière ses bouillonnés soyeux, la stature de François, fils de Louise de Savoie est affirmée. Elle l’appelait « mon César »: 1, 98 m.
Le roi se piquait d’architecture et dessina pour être édifié dans le bois de Boulogne « Le château de Madrid »  aujourd’hui démoli.
Le « Plan du château de Fontainebleau » ne respecte pas les canons de la symétrie monumentale et ses extensions variables rendent complexe le cheminement en ses murs. L’ancien domaine capétien réaménagé au milieu d’une forêt giboyeuse offrant étang et jardins, va permettre de constituer la plus grande collection d’Europe d’art décoratif de l’époque.
« Le donjon » moyenâgeux accosté à la cour ovale est conservé. La chambre du roi est située entre les appartements de la favorite Anne de Pisseleu, duchesse d'Étampes et ceux de la reine Éléonore d'Autriche, sœur de Charles Quint, qu’il épousa en secondes noces.
Inspirée par le Castel nuovo de Naples. « La porte dorée » garde une silhouette médiévale avec un grés local ne permettant pas les sculptures, mais reprend les codes de l’Antiquité annonçant la Renaissance italienne.
Longue de plus de 60 mètres, « La galerie François 1er » permettait d’accéder à l’ancien couvent des Trinitaires. 
Bien qu’elle ait perdu sa double exposition, sa décoration par Rosso le florentin  « Bacchus, Vénus et Cupidon »
et Le Primatice « Danaé » recommandé par le sulfureux L’Arétin est le lieu emblématique de l’école de Fontainebleau au début de son rayonnement.
La beauté des stucs  en arrive à devancer la complexité des fresques peintes et repeintes, disparues et revenues. Autour du « Naufrage, ou la Vengeance de Nauplius » le décor en relief couvre tout le mur, varie volumes et échelles et garde son autonomie d’ornement avec des « cuirs » comme découpés dans des matériaux souples : du grand art maniériste en hommage à Michel Ange.
« L'éléphant fleurdelisé », tout en force et sagesse, rassemble les symboles, salamandre au front et  « F » sur le caparaçon ; la cigogne représente l'amour filial.
Dans  « L'incendie », deux jeunes hommes portent leurs pères sur les épaules comme les fils du roi qui ont remplacé leur géniteur prisonnier à Madrid après la défaite de Pavie.
Benvenuto Cellini, exfiltré des prisons romaines grâce à Hippolyte II d'Este, était davantage orfèvre, sa salière représentant « Neptune et Cybèle » est remarquable, plutôt que sculpteur : 
« La Nymphe de Fontainebleau »  est étendue à coté du chien nommé Bliaud qui a découvert une source, d’où la dénomination « Fontainebleau ».
La salière appartient aux collections d’art des Habsbourg depuis qu’elle a été offerte par Charles IX à  Ferdinand de Tyrol pour l’avoir représenté à son mariage avec Élisabeth d’Autriche. Des nymphes mettent en évidence le cadre représentant « Alexandre Le Grand et Roxane » sa promise, bien en avant de la paroi de l’ancienne chambre à coucher de la favorite du roi.
L’histoire s’écrit : François Demoulins, l’ancien précepteur lorsqu’il était duc d'Angoulême, fait rencontrer son élève avec Jules César dans les « Commentaires de la guerre gallique », enluminés par Godefroy le Batave au moment où le roi de France perd la compétition pour devenir empereur du Saint Empire Romain Germanique face à Charles Quint. La Bibliothèque Royale est confiée à  Guillaume Budé qui proposera la création du Collège de France pour l’étude des langues anciennes.
Des copies de l’antique depuis le Vatican : « Le Laocoon », « Le tireur d’épine »
« l’ Apollon du Belvédère », « Hercule » ou  « Vénus » figurent maintenant dans « La galerie des cerfs » construite par Henri IV. Celui-ci avait fait transférer en des lieux moins humides « La Joconde » et « La Vierge au rocher » de Léonard de Vinci , « La belle jardinière » de Raphaël qui occupaient une des sept pièces consacrées aux bains du roi.
La « Double Tête de Junon », se trouve chez  Paul Getty après la vente Yves Saint Laurent-Pierre Bergé.
Les bossages rustiques de « La grotte des pins » ouvrent sur un intérieur qui sera fini sous Henri II ;
le croissant de lune remplace la salamandre.
Si d’après l’inventeur de l’architecture à la  française, Jacques Androuet Du Cerceau, François 1er avait fait de Fontainebleau « son chez lui », son projet de « nouvelle Rome » avait pris belles formes.

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